La police travaille à Créteil

Une station Autolib’ incendiée

Pour la première fois, une station Autolib’ a été la cible d’un incendie. Six véhicules ont été détruits dans la nuit de jeudi à vendredi, à Créteil (Val-de-Marne).

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Des traces noires au sol, des lambeaux de pneus, des bris de vitres et des bornes désespérément vides. Triste décor hier matin à la station Autolib’ située rue Maurice-Déménitroux, à Créteil. Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers minuit, les six voitures électriques en libre-service sont parties en fumée. Les bornes de charge ont également été dégradées.

Cinq personnes ont été aperçues par les riverains mettant le feu aux environs de minuit, derrière le quartier Petit-Pré – Sablières. Les pompiers sont intervenus jusqu’à 2 heures du matin. « J’ai senti l’odeur du brûlé, raconte Marc, qui habite dans la barre, juste en face la station. J’ai cru que c’était à l’intérieur de l’appartement. De ma fenêtre, j’ai vu des flammes très hautes. »

C’est la première fois que pareil incident touche le parc Autolib’. « Jusqu’alors, nous avions été plutôt épargnés. Nous avions plutôt affaire à du vandalisme, fait-on savoir chez Bolloré, l’entreprise qui a mis sur le marché ce système de voiture en location. Évidemment, on se serait passés de cet incident. Mais tous les jours, il y a des véhicules qui brûlent en France. » Le montant du préjudice reste confidentiel. La note devrait être des plus élevées : trois véhicules sont totalement détruits et les trois autres ont été sérieusement endommagés. Les batteries ont cependant pu être sauvées.

Hier matin, les agents de la propreté urbaine s’affairaient à faire disparaître les restes d’Autolib’. Mi-surpris, mi-fatalistes, les riverains regardaient la scène. « C’est désolant », se lamente le facteur juché sur son vélo. « De toute façon, personne ne s’en servait », lance cet habitant. « Ça fera plus de place pour se garer. Ils ont rajouté six voitures comme s’il n’y en avait pas assez comme ça dans la cité », ajoute cette mamie. L’enquête se poursuit pour interpeller les incendiaires. Autolib’ ne serait pas directement visé. « C’est simplement une coïncidence liée apparemment à des contrôles de police dans le quartier », indique-t-on chez Bolloré. Le déploiement de ces petites Bluecar sur Créteil va se poursuivre.

Au total, 19 stations seront aménagées. Les voitures de la rue Déménitroux seront remplacées d’ici à une semaine.


La cité voisine sous tension

Depuis plusieurs jours, le quartier Petits-Prés – Sablières à Créteil vit sous tension. Selon certains habitants, ce climat pourrait expliquer l’incendie de la station Autolib’, voisine de la cité. Régulièrement, la police patrouille et intervient pour démanteler des trafics. Du « harcèlement », aux dires des jeunes de la cité.

Mais depuis mercredi, la tension est montée d’un cran après une interpellation musclée. Vers 15h30, une patrouille de police aperçoit une voiture, avec quatre jeunes gens à bord. Les fonctionnaires s’approchent et l’un des passagers quitte précipitamment la voiture en jetant deux petits objets sur le siège de la voiture. Des objets qui s’avéreront être des sachets d’herbe de cannabis. Un autre sac contenant une quinzaine d’autres sachets d’herbe sera également retrouvé dans la voiture. Mais lors des interpellations, des heurts vont éclater entre policiers et jeunes, appuyés par les mères de famille du quartier.

Deux policiers seront blessés, l’un par un violent coup de poing, qui lui vaudra sept jours d’arrêt, et l’autre par un objet lourd, dissimulé dans un sac de sport, qui lui occasionnera des points de suture à la tête et un arrêt de dix jours. Pour se dégager, les policiers useront de gaz lacrymogène. Dans la bagarre générale, la maman d’un des jeunes, interpellé « pour rien » selon elle, va être blessée. « Un policier m’a donné des coups dans le ventre alors que je suis enceinte de 6 mois. » Tombée à terre, elle s’évanouit et sera transportée à l’hôpital. Hier, la famille entendait déposer plainte pour « violences policières ».

Pour les animateurs du centre socioculturel, « l’exaspération est à son comble dans le quartier. Le travail de la police est compliqué. Mais les dérapages ne sont pas acceptables. » Selon un policier : « Cette opération a été particulièrement difficile. Les mères n’ont pas été en reste pour s’opposer aux policiers. » Trois jeunes gens ont été déférés hier devant le parquet de Créteil pour « violences en réunion » sur les policiers. Une information judiciaire a été ouverte.

Leur presse (LeParisien.fr, 7 avril 2012)

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