Grèce : coup de balai contre les sans-papiers du centre d’Athènes
Les autorités ont entrepris jeudi des contrôles policiers des sans-papiers, entassés dans des immeubles délabrés dans des quartiers défavorisés du centre d’Athènes, à presque 40 jours des élections législatives dans le pays, a-t-on appris de source policière.
Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un plan annoncé récemment par le ministère de la Protection du citoyen en coopération avec la mairie d’Athènes, la préfecture d’Attique (agglomération d’Athènes) et d’autres préfectures du pays en vue de faire face au nombre accru des sans-papiers dans le centre-ville et au manque de centres d’accueil.
L’objectif est de regrouper les migrants irréguliers dans des centres d’hospitalité fermée, a expliqué le ministre, Michalis Chryssohoidis, interrogé par la radio privée Skaï.
S’il a reconnu que dans l’immédiat, ces installations n’existaient pas, ce qui risque de surcharger les postes de police déjà débordés où vont s’entasser les migrants arrêtés, il a relevé que le pays devait agir sans perdre une minute contre l’immigration irrégulière, menacé sinon par ses partenaires, dont la France, d’être exclu de l’espace européen Schengen.
Nous serons évalués en juin, si nous sortions de Schengen, ce serait un grand retour en arrière, a-t-il mis en garde, alors que le pays est confronté, du fait de son voisinage avec la Turquie aux frontières extérieures de l’UE à un afflux incessant de migrants asiatiques et africains, la plupart en route vers l’ouest.
L’immigration illégale est un problème énorme, on le vit tous les jours dans le centre d’Athènes qui est devenu un creuset d’illégalité et de contravention (…), on ne peut plus fermer les yeux, a pour sa part affirmé aux médias le préfet d’Athènes Yannis Sgouros.
Sur Skaï, M. Chryssohoidis a par ailleurs jugé raisonnable le chiffre d’un million de migrants sans-papiers pour la seule capitale grecque. Jugé au contraire gonflé par les experts pour une capitale comptant 4 millions d’habitants, ce chiffre était jusque-là brandi par l’extrême droite mais pour tout le pays.
Mais les projets de M. Chryssohoïdis de convertir des casernes militaires à travers le pays en centres de rétention a déjà provoqué des réactions de certains préfets qui ne souhaitent pas transférer le problème d’Athènes dans leur région.
La Thessalie (centre) n’a pas beaucoup de sans-papiers et elle n’a pas besoin de créer de centres d’accueil. Nous ne voulons pas transférer le problème d’Athènes dans notre région, a indiqué le préfet local, Kostas Agorastos, cité dans le quotidien Ethnos.
De leur côté, les organisations de défense des droits des immigrés ont dénoncé le plan de gouvernement qui n’est qu’une mesure préélectorale pour faire face à la dégradation du centre d’Athènes en vue des élections législatives anticipées prévues début mai.
Cette mobilisation des autorités pour nettoyer le centre d’Athènes n’est effectuée que pour des raisons préélectorales, il n’y a aucun espoir que le problème soit résolu, a indiqué à l’AFP Dimitris Levantis, responsable de la section grecque de Sos-Racisme.
En raison de la récession que traverse le pays pour la cinquième année consécutive, plusieurs magasins du centre ont fermé, ce qui a favorisé la criminalité et la concentration des sans-papiers dans ces lieux souvent privés de lumière et peu nettoyés, ajoute-t-il.
Leur presse (Agence Faut Payer, 29 mars 2012)