[Maroc] « Première flamme d’une insurrection »

Tout a commencé par l’arrestation d’un militant berbère
Le Rif s’embrase

Le Rif du Maroc s’embrase de jour en jour. Aux manifestations pacifiques des citoyens réclamant un meilleur cadre de vie et plus de libertés, la police royale répond par des représailles et des intimidations.

Des échos font état de plusieurs blessés de part et d’autre. Tout a commencé le 2 mars dernier, lorsqu’un dirigeant de la section locale du Mouvement pro démocratie du 20 février, Bachir Benchaïb que le pouvoir décrit comme « un membre d’un gang local, violent et impliqué dans des vols et d’autres activités criminelles » a été arrêté par la police civile. Des manifestations ont ainsi éclaté pour réclamer sa libération. Pendant les jours qui ont suivi, les manifestants, jeunes et moins jeunes sont sortis dans la rue, bloquant la route de la ville portuaire d’Al Hoceima (450 kilomètres au nord est de Rabat) et ont observé des sit-in devant le poste de police et les bâtiments gouvernementaux. Au début, la protesta se limitait à la seule localité At Bouayache, dans la province d’El Hoceima, avant de gagner du terrain et s’étendre vers les localités limitrophes. Ayant sûrement mesuré la gravité de la situation, la monarchie a vite fait de riposter à cette vague de protestation. Afin de tenter de stopper l’hémorragie, le pouvoir a déployé ses forces à travers cette région constituée dans sa majorité d’une population berbérophone. D’ailleurs, en plus du drapeau quadricolore amazigh, celui de la République du Rif a été également déployé lors des différentes manifestations. C’est là, d’ailleurs, une chose qui a fait sortir de ses gonds la monarchie, usant de tous ses moyens policiers pour essayer d’étouffer la protestation. Une protestation qui ne date pas d’aujourd’hui au Maroc. La région du Rif est, pour rappel, connue pour être la région la plus réfractaire du royaume. En 1958 déjà, la population locale s’était soulevée contre le gouvernement en place. Les Rifains récidivent en 1984 en initiant des actions de rue pour réclamer plus de libertés et surtout l’amélioration de leur cadre de vie. Il faut dire, en effet, que cette contrée du nord du Maroc a toujours été marginalisée par la monarchie chérifienne. Certains observateurs considèrent cette mise à l’écart comme une sanction contre cette région pour des considérations politiques. Sous le règne de Hassan ll, le Rif n’a bénéficié que de quelques bribes de projets de développement. Il fallut attendre la venue au pouvoir de l’actuel monarque, succédant à son père décédé en 1999, pour que la région voie venir quelques projets. Mais des projets jugés insuffisants. Résultats, le Rif avec ses différentes provinces continue à vivoter dans une misère sans pareille. C’est d’ailleurs pour cela que la population n’a pas hésité un instant à adhérer au mouvement du 20 février 2011. Depuis, les mouvements de protestation n’ont pas cessé dans cette région montagneuse. Seulement, si au départ la contestation s’était limitée à des revendications sociales, depuis début mars de l’année en cours, elle a plutôt tendance à se politiser, d’où les craintes grandissantes de la monarchie qui essaye à tout prix de réprimer la manifestation. Aujourd’hui, on parle de « l’indépendance du Rif », comme l’une des revendications des manifestants. Ainsi, un fort déploiement de la police et des différents services de sécurité ont été envoyés en renfort sur place. Ces derniers n’hésitent d’ailleurs pas afin de réussir leur mission, d’utiliser « la manière forte ». On parle, en effet, de véritables scènes de guerre dans la région. Certains titres de presse, citant des sources locales, rapportent le saccage et les comportements brutaux des « agents de l’ordre ».

Des pratiques qui ne semblent pas dissuader les manifestants qui continuent à investir la rue même si hier, la protestation a baissé d’intensité, contrairement aux quelques derniers jours. Mais rien ne dit que les Rifains baisseront les bras. En somme, certains observateurs vont jusqu’à dire qu’il s’agit là d’une « première flamme d’une insurrection ».

La Dépêche de Kabylie, 21 mars 2012.

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Une réponse à [Maroc] « Première flamme d’une insurrection »

  1. A.D. dit :

    El Maghzen dégage !

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