[Dijon] Des militants convoqués au commissariat pour une action contre la réforme des retraites

Communiqué de la caisse de solidarité dijonnaise : Des militants convoqués au commissariat pour une action contre la réforme des retraites

Pendant plusieurs semaines en novembre 2010, des actions de blocage économique autour de zones industrielles, dépôts de bus, dépôts pétroliers, raffineries, gares… sont venus renforcer dans toute la France le mouvement contre la réformes des retraites et les diverses autres formes de manifestations et de grèves existantes. À Dijon, un comité de lutte composé de syndicats, collectifs et individus a initié avec un certain succès une série d’actions de ce type.

Plus d’un an après la fin du mouvement contre la réforme des retraites, plusieurs personnes (au moins une dizaine) ont reçu une convocation place Suquet sur la base de leur participation supposée à l’action de blocage économique de la zone Cap Nord du 17 novembre 2010. La plaque d’immatriculation de leur véhicule avait en effet été relevée sur place. Si la convocation mentionne une histoire d’ »infraction routière », c’est pourtant bien comme témoins que les personnes sont entendues, puisqu’officiellement la police est à la recherche de deux personnes qui aurait utilisé les caddies du supermarché Leclerc tout proche pour bloquer la circulation. Le directeur du magasin, sur place et passablement excité ce matin là, a porté plainte, pour un préjudice de 1500 €.

Au-delà de l’importance des moyens mis en œuvre (fichage a priori des immatriculations, plus d’un an d’enquête et un nombre de témoins entendus impressionnant) pour un délit somme toute dérisoire (combien de caddies de supermarché ont disparu depuis ce 17 novembre 2010 ?), ce qui interpelle dans cette histoire, ce sont les pratiques policières. En effet, les questions posées portaient autant sur les faits incriminés que sur les relations des personnes entendues entre elles. Demander à des participants à une action syndicale et politique d’en dénoncer d’autres qui auraient commis une infraction, c’est déjà une insulte à la solidarité, mais ça rentre dans les attributions des agents de police. En profiter pour se renseigner insidieusement sur qui connaît qui, qui a organisé quoi, et mettre un coup de pression sur des militants en laissant entendre que s’ils ne coopèrent pas ils pourraient se retrouver accusés, ce sont des méthodes de police politique.

Les policiers dijonnais sont même allé plus loin, en « arrêtant » dans la rue un militant qu’ils avaient attendu à la sortie d’un bureau de Poste, annonçant qu’il était recherché toujours au prétexte d’une « infraction routière ». Devant l’étonnement de celui-ci qui n’a ni permis ni véhicule, il faudra une demi-heure aux policiers en civil, qui avaient entre temps appelé en renfort leurs collègues de la brigade anti-criminalité, pour finir par déclarer, sans en dire plus sur l’affaire en question, que finalement tout était réglé et qu’il pouvait repartir. Ce n’est qu’en apprenant que d’autres avaient été convoqués qu’il a compris le fond de cette histoire.

La caisse de solidarité dijonnaise dénonce ces agissements, et conseille de ne pas céder à ces mises sous pression policière : de la même façon que les actions de blocage à l’origine de l’affaire étaient pensées et assumées ensemble par les participants, il est important de ne pas se rendre individuellement à ce genre de convocation. Pour rappel, rien n’oblige à s’y rendre de soi-même et il faut plusieurs relances avant que les forces de l’ordre ne viennent chercher quelqu’un chez lui pour l’obliger à témoigner. Le laps de temps gagné permet de se mettre d’accord sur une position commune de refus de se soumettre à ce genre d’inquisitions.

Ce genre d’enquête, qui participe de la répression policière, fait peser une menace sur les actions possibles au cours des mouvements sociaux. Ces moments ne conserveront leur force que s’ils s’appuient sur une solidarité et une réactivité qui se construisent à l’échelle d’une ville. Il ne faut pas laisser croire à l’action policière qu’elle peut être plus efficace hors des périodes de mouvements. L’acharnement dont ils font preuve aujourd’hui nous poussera sans doute à être mieux organisés dans le futur. Ceci doit nous encourager dès maintenant à trouver des réponses collectives en dehors de ces moments de cristallisation des luttes. La Caisse de solidarité est un outil et une plateforme qui permet d’élaborer ce genre de réponses. Servons-nous en !

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Brassicanigra, 13 mars 2012.

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