Figuerolles contre la SERM

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Un petit rappel des faits, tout d’abord.

Au début du mois de janvier, le squat montpelliérain le Très très grand cœur, ouvert depuis fin septembre, a été expulsé par le GIPN et fermé par des plaques en métal soudées. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, il a brûlé. Si on se fie au seul article de journal qui existe sur le sujet, l’incendie serait criminel. Suite à ça, beaucoup de rumeurs ont circulé dans le quartier véhiculant l’idée selon laquelle les anciens squatters seraient ceux qui ont mis le feu.

Voilà un tract qui fut distribué dans toutes les boîtes aux lettres du quartier et affiché sur les murs des maisons vides du coin.

La rage au ventre, le feu au cœur
Communiqué de voisinage suite à l’incendie du Très très grand cœur

À toi, voisin.e, ami.e, comparse, à toi avec qui quelques paroles furent échangées, quelques sourires, quelques idées, à toi qui n’est pas sans savoir qu’il y a quelques jours, dans la nuit du lundi 27 au mardi 28, un incendie a éclaté au Très très grand cœur, nous adressons ce court message.

Le Très très grand cœur fut un squat ouvert dans ton quartier aux alentours de la fin du mois de septembre. De nombreux textes ont été écrits sur le pourquoi du comment, et nous n’allons pas développer ce que tu peux d’ores et déjà trouver sur montpellier.squat.net. Quatre mois durant, ce squat a accueilli énormément de gens venus de la France entière, et même de bien au-delà. Avec ses soucis, ses froideurs, avec tout ce qu’on peut reprocher à une première expérience menée dans un certain flou, par des mains peu sûres d’elles sur les doigts desquelles de lourds marteaux d’airain vinrent s’écraser, mais aussi avec sa porte grande ouverte, sa chaleur, ses ateliers, son caractère disparate et désordonné.

Si l’on se fie à l’Agglorieuse, et nous disons bien « si », six points de mise à feu auraient été relevés et l’origine criminelle ne ferait aucun doute.
« Par qui ? », « Pourquoi ? » sont les questions qui viennent à l’esprit instantanément.
Avons-nous vraiment besoin de le savoir ? Laissons à la police ce travail peu reluisant, il leur sied si bien. N’entrons pas, par colère, préjugé ou vengeance dans le jeu des accusés et des innocents, dans ce cirque morbide qui détruit les vies, ne répare rien mais brise tout, qui transforme les rires des enfants en sueurs froides et les sourires des vivants en lamentations de morts. Que la justice mène sa danse, que les avocats fassent leur numéro, que les policiers fichent et frappent, voilà quelque chose que nous aurons bien du mal à empêcher, gardons-nous au moins d’y participer.

Figuerollien.ne, ouvre grand ton cœur ! N’oublie pas qui est ton véritable ennemi !
À toi qui galère à payer ton loyer, à toi qui te demande pourquoi en étant d’origine étrangère tu galères plus que les autres à obtenir un toit, à toi qui stresse quand tu sors de chez toi parce qu’un simple contrôle de flic pourrait t’expédier à des milliers de kilomètres de ta vie, à toi qui n’en peut plus de travailler plus qu’il n’en faut pour un résultat dont tu ne bénéficies même pas, à toi nous demandons de garder les yeux ouverts et les points fermés.

N’oublie pas que ce qui ravage ton quartier se nomme Grand Cœur et que ce n’est qu’une opération d’urbanisme de plus pilotée par une mairie arriviste, raciste et policière.
N’oublie pas que c’est la SERM qui achète tes immeubles à bas prix après t’avoir traîné.e au tribunal.
N’oublie pas que c’est la même SERM qui laisse des dizaines et des dizaines de bâtiments vides pendant des années quand au coin de ta rue un.e pauvre gars/fille tremble de froid.
N’oublie pas que ceux et celles qui te foutent des amendes, te parlent mal et embarquent tes ami.e.s, ils et elles sont de bleu vêtu.e.s et de matraques armé.e.s.

Mais ne te sens plus seul.e ami.e ! Organise ta résistance, vis ta révolte, ne mords pas la main qui vient te caresser mais déchiquète celle de ceux et celles qui ruinent ta vie et ton bonheur, qui de ton ciel font crever le soleil et de ton cœur encrassent les parois.

Lève-toi, Figuerollien.ne !
Lève-toi, marche, cours, puis vole !
Qu’il n’y ait plus jamais un seul de ces êtres tristes et mortifères qui ose venir chez toi sans avoir les jambes qui flagellent !

13 mars 2012.

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