[Burkina Faso] Défense et illustration du vandalisme

Manifestations au Burkina Faso : Arrêtons les actes de vandalisme !

Le 12 janvier 2012, le maire de Boussouma, Issaka Isidore Ouédraogo, a passé de mauvais moments, après que de jeunes manifestants aient attaqué et incendié son domicile, suite à une affaire de disparition de vivres dans des écoles. Pis, ils ont agressé et blessé huit éléments des forces de l’ordre qui voulaient tout simplement ramener la quiétude dans la cité, comme leur confèrent leurs missions. Agissant à la solde des « ennemis » du maire, dit-on, les agresseurs ont succombé à la violence, l’arme des petits esprits. Ils se sont laissés aller au vandalisme, sans pour autant mesurer les conséquences de leur acte. Remontés à bloc, les manifestants se sont défoulés certes, mais c’est à se demander quel profit ils ont pu réellement tirer de leur action ?

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Si ce n’est une « fausse » satisfaction morale. Ils ont mis à feu et à tort, la demeure du maire à qui l’Etat n’a rien à reprocher, si l’on s’en tient au rapport d’inspection de la gestion de sa commune. Cette situation n’est pas la première du genre au Burkina Faso, même si parfois, l’on est d’avis que des victimes ne sont pas toujours blanches comme neige. Les actes de vandalisme sont monnaie courante dans notre pays, pour peu que les esprits se chauffent ! L’histoire récente de notre chère patrie témoigne de cette triste réalité. Pour ne citer que ces cas de figure, les étudiants, les élèves et même les militaires ont usé de vandalisme, quand il s’est agi de demander des comptes à l’Etat, respectivement dans l’affaire Justin Zongo et par rapport aux revendications pécuniaires au sein de l’armée. Des édifices publics et privés ont été saccagés, des biens emportés et des personnes blessées.

Conséquences ? : l’État qui est déjà confronté à mille priorités avec peu de moyens financiers, s’est retrouvé à récolter les pots cassés, condamné qu’il est à réparer les préjudices subis çà et là. Pourtant, il aurait fallu juste un peu de patience de la part des mécontents, pour voir la résolution de ces écueils, comme l’État en a donné la preuve. Peut-on continuer à agir de la sorte dans un pays aux ressources très limitées comme le Burkina Faso ? La réponse, c’est évidemment non. Nous sommes dans un État de droit, avec une justice bien organisée, même si elle n’est pas toujours bien vue par certains citoyens.

Ce qui est tout à fait normal, aucun corps de métier n’est parfait à l’image de l’Homme. Quoiqu’il en soit, le Burkina Faso n’est pas une jungle et c’est en cela que nous devons savoir poser nos revendications quelles que soient leurs pertinences et vitalité. Défendre une cause dans la violence, enlève à cette cause sa sérénité, son bien-fondé. Il faut savoir poser son problème pour se faire écouter, disent les sages. À quoi ça sert de casser, piller, saccager et d’incendier au nom d’une revendication, fut-elle juste ?

La nécessité d’une telle démarche parait irraisonnable et loin d’honorer une lutte. Bien au contraire, réclamer dans la violence, c’est révéler son côté inhumain et son sens peu élevé de la morale, du bien public et de celui d’autrui. Revendiquer ce qui nous revient de droit, ne veut pas dire aliéner la liberté des autres, leur compromettre l’existence. Vandaliser le bien public ou privé, au nom d’une cause, n’apporte pas de solution à nos préoccupations. Cela en rajoute, en ce sens qu’on crée un autre souci. L’on va se retrouver à résoudre deux problèmes au lieu d’un, ce qui va demander plus de temps et de moyens humains, logistiques et financiers. Et personne ne sort satisfait d’une telle situation.

Manifestons notre colère ou mécontentement, de façon pacifique, car tout le monde y gagne. Il ne sert à rien de détruire le peu de richesses que le Burkina Faso ou ses fils ont acquis, au prix de mille sacrifices et de hautes luttes. Bannissons à jamais les revendications dans la violence, afin de redorer l’image du Burkinabè, cet homme intègre connu de tous !

Leur presse (Kader Patrick Karantao, LeFaso.net), 23 janvier 2012.


Centre-Nord : Jeudi noir à Boussouma

Des jeunes mécontents de Boussouma, commune rurale de la province du Sanmatenga, qui exigent depuis plusieurs mois le départ du maire, Isidore Issiaka Ouédraogo, ont violemment manifesté le jeudi 12 janvier 2012 pour empêcher la tenue de la session budgétaire du conseil municipal de la localité. Des blessés et de nombreux dégâts matériels ont été enregistrés lors de cette chaude journée, dont l’incendie de la résidence de l’édile. La volonté affichée par le conseil municipal de tenir la session budgétaire le jeudi 12 janvier 2012 semble être la cause de la montée du mercure à Boussouma, commune rurale située à une quinzaine de kilomètres de Kaya, chef-lieu de la province du Sanmatenga et de la région du Centre-Nord.

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En effet, depuis décembre 2011, des jeunes, qui accusent le maire Isidore Issiaka Ouédraogo de mauvaise gestion des affaires locales, avaient empêché à plusieurs reprises la tenue de la session budgétaire et exigé le départ pur et simple du bourgmestre, mais alors à travers des manifestations pacifiques.

Pour faire la lumière sur les différents points de revendications des croquants, une mission de contrôle avait été commanditée par le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité en son temps. Selon des témoignages, les manifestants avaient promis, il y a quelques jours, de s’opposer à la tenue de la session budgétaire pour exiger du maire la publication du rapport de ladite mission.

Toujours selon les mêmes sources, les agents des forces de sécurité avaient investi la veille, c’est-à-dire le mercredi 11 janvier, la ville pour garantir la sécurité des conseillers municipaux au cours des travaux. Au moment où ces derniers, sous haute surveillance, s’apprêtaient à entrer dans la salle de réunion, un groupe de jeunes manifestants s’y opposa ; les forces de sécurité s’interposèrent et ripostèrent aux jets de pierres par des lancers de gaz lacrymogènes.

Après les courses-poursuites, les agents décidèrent de se retirer pour éviter le pire lorsque les frondeurs se mirent à vider les élèves du lycée départemental de leurs salles de classe pour grossir les rangs des manifestants. Prenant alors le contrôle des lieux, les croquants se rendirent au domicile du maire.

Après avoir défoncé les portails et fait tomber les murs, ils incendient et saccagent deux voitures, quatre motocyclettes, trois bicyclettes… Outre les dégâts matériels causés par les flammes, plusieurs personnes ont été blessées au cours de cette violente manifestation, dont six agents de sécurité, deux conseillères municipales et un manifestant.

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À noter que le passage sur la route nationale n° 3 Ouagadougou – Dori a été bloqué ce jour pendant plusieurs heures par les mécontents à l’aide de barrières de pierres et de pneus enflammés. Si le retrait des forces de sécurité a permis d’éviter des pertes en vie humaine, en témoigne le nombre de blessés dans leurs rangs (6). Certains proches du maire estiment avoir été laissés à eux pendant le manif.

Quelles solutions les autorités administratives, politiques, religieuses et coutumières trouveront-elles pour une résolution des crises récurrentes dans les mairies au Sanmatenga ? Signalons enfin que les cours ont été suspendus au lycée départemental de Boussouma depuis le vendredi 13 janvier dernier.

Leur presse (L’Observateur Paalga), 17 janvier 2012.

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2 réponses à [Burkina Faso] Défense et illustration du vandalisme

  1. b dit :

    ressenti d’un collègue sur place : http://pavillonnoir.forumactif.org/t2003-burkina-faso#25340 (le post de flyppi)

  2. A.D. dit :

    « Ce qui est tout à fait normal, aucun corps de métier n’est parfait à l’image de l’Homme. » »
    Ce n’est pas la question, cette « imperfection humaine », ces « brebis galeuses », ces »corrompus », et…
    Ce qui est la question c’est que : police, justice, armée sont des instruments de l’état, des outils de classe. C’est cela la question.
    L’état, pareil, corrompu ou intègre, l’affaire n’est pas là : l’état de classe pour faire marcher les prolos, les paysans, au pas de l’exploitation.

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