[Partout] Beau comme une église qui brûle

[Wattrelos / Beaulieu] Notre Dame du Bon Conseil démolie prochainement

C’est une question de jours… Après avoir posé les barrières de sécurité, la société Ferreira, chargée de démolir l’église de Beaulieu, va mettre ses engins en action.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1324905264.jpgConstruite en 1909, l’église de Beaulieu sans clocher va disparaître du paysage wattrelosien prochainement. Plus aucune messe n’y était célébrée depuis plusieurs années et le bâtiment désaffecté a fait l’objet d’actes de vandalisme. Faute d’avoir pu trouver pour l’édifice une vocation, le diocèse a décidé de procéder à sa démolition. Les nostalgiques se consoleront en apprenant que Marie-Angélique, la cloche, a été sauvegardée et confiée au cercle Saint-Marcel.

De même, un des vitraux est désormais exposé à l’entrée de l’ancienne chapelle Saint-Pierre, récemment transformée en espace de rencontre pour les paroissiens. Une partie de ces travaux sera financée par la vente du terrain de l’église Notre Dame du Bon Conseil ainsi démolie.

L’entreprise Ferreira va procéder au désamiantage du bâtiment dont de nombreuses parties ont une couverture Eternit. La démolition proprement dite suivra.

Une page se tourne pour les paroissiens de Beaulieu, et pour tous les habitants du quartier aussi, habitués à la présence de l’édifice religieux. On ne sait pas si des acquéreurs se sont déjà fait connaître, mais on imagine qu’un projet immobiliser pourrait voir le jour sur ce terrain. À suivre…

Leur presse (Nord Éclair), 21 décembre 2011.


La préoccupante dégradation des églises parisiennes

Il pleut dans l’église St-Philippe-du-Roule, des morceaux de pierre menacent de tomber à St-Augustin, St-Germain-de-Charonne a fermé : malgré les fêtes de Noël, les églises parisiennes font grise mine, de plus en plus abîmées par manque d’entretien ou de budgets suffisants.

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En vertu de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, la mairie de Paris est propriétaire de 96 édifices cultuels dans la capitale, dont 85 églises ou chapelles dédiées au culte catholique.

« La ville est propriétaire de 75% des églises de Paris », explique Philippe de Cuverville, l’Économe (directeur général des affaires économiques, ndlr) du diocèse de Paris.

Il suffit de se promener dans Paris pour constater l’état plus ou moins mauvais des édifices religieux. « Je peux vous faire une litanie de noms d’églises dégradées, c’est un problème qui ne va pas en s’améliorant », souligne l’Économe.

Rien que pour l’église Saint-Augustin, dans le VIIIe arrondissement, il faudrait réaliser 20 millions d’euros de travaux « pour éviter que les pierres tombent sur la tête des paroissiens », précise ce responsable. Quand, dans d’autres églises, « il pleut sur le missel le dimanche, les fidèles ne trouvent pas cela drôle ! »

Il regrette que l’« entretien des édifices publics ne soit pas la priorité », alors que les églises de la capitale accueillent aussi bien des fidèles que de nombreux touristes ou des férus d’histoire.

« La question de la dégradation des églises n’est pas l’apanage de la couleur politique », souligne M. de Cuverville. Même refrain chez le prêtre de l’église Saint-Augustin, le père Denis Branchu, selon qui « il y a 100 ans que la ville ne s’occupe pas de ses églises ! »

Ainsi, au sommet du fronton de l’édifice — construit par Baltard, architecte des Halles — les statues de Saint-Jean et de Marie sont emmaillotées dans un grillage car « la pierre se ronge », explique le père Branchu.

Le dôme intérieur est lui aussi grillagé pour éviter que les pierres ne tombent : « Notre église est dans un état préoccupant », se désole le prêtre.

À Saint-Philippe-du-Roule, le père Jean-Marie Dubois doit sortir les seaux à chaque fois qu’il pleut : « Parfois ils se remplissent en quelques minutes ! » La mairie de Paris a pris la mesure du problème et décidé une enveloppe de 800.000 euros pour recouvrir cette église d’un grand parapluie, en attendant mieux.

« Dans les autres villes, les maires mettent tout leur orgueil à ce que leurs églises ne soient pas dégradées ! Quand on voit l’argent mis dans des projets comme Paris Plages ou les 250 millions d’euros pour le seul toit des Halles, tout ceci est une question de choix politique », relève le père Dubois.

Pour Danièle Pourtaud, adjointe chargée du patrimoine, « c’est un crève-cœur de ne pas pouvoir tout de suite rendre leur magnificence à tous ces édifices ».

Sous la mandature de Jean Tiberi, avant 2001, « seulement 23 millions d’euros » avaient été alloués à la restauration des églises, rappelle-t-elle, tandis que « pour la première mandature de Bertrand Delanoë, on a dépensé 90 millions » et que pour la mandature 2008-2014, « nous bénéficions d’une enveloppe entre 66 et 67 millions ».

« Nous sommes obligés de prendre les chantiers par ordre d’urgence, ce sont des travaux très gros qui demandent une main-d’œuvre très spécialisée », explique Mme Pourtaud. Par exemple, le chantier de l’église Saint-Sulpice et la réfection de sa tour nord a nécessité 10 ans et 30 millions d’euros, dit-elle.

Catherine Dumas, élue UMP mobilisée sur la question, dépose chaque année en vain un amendement pour doubler l’enveloppe annuelle des travaux pour les églises (10 à 20 millions). « On sacrifie le budget du patrimoine pour de nouvelles opérations comme les Halles qui vont coûter un milliard d’euros », déplore Mme Dumas.

Leur presse (Agence Faut Payer), 22 décembre 2011.


[Montauban et sa région] Des églises aux portes condamnées pour Noël

Les voies du Seigneur sont paraît-il impénétrables. Il n’en va pas tout à fait de même pour les toits de ses églises [On dénombre actuellement 314 églises et chapelles dans le département du Tarn-et-Garonne]. En effet, à l’occasion des fêtes de fin d’année plusieurs d’entre elles ne pourront accueillir les différentes messes programmées lors de cette période de fin d’année. Ce en raison de conditions précaires mettant en danger l’intégrité physique des habituels paroissiens.

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C’est le cas notamment de l’église Saint-Étienne de Sapiac, à Montauban, qui est fermée au public depuis plusieurs mois maintenant. Le père Jean-Michel Poirier, affectataire de l’église a tôt fait de définir la nature profonde du mal. « Avant que l’on ferme les lieux au public, relève l’homme d’église, des lattis et des morceaux de plâtre qui tombaient du plafond s’écrasaient sur le sol au milieux des bancs notamment. Quelqu’un aurait pu être sérieusement blessé. » Alors on a placardé des arrêtés municipaux et des communiqués du diocèse sur la porte du bâtiment et on a fermé le lieu de culte à triple tour. Des techniciens sont venus ausculter l’imposant édifice et le mal a été identifié. Les poutres-maîtresses qui soutiennent le plafond de l’église Saint-Étienne présentent d’importantes lacunes qui vont entraîner des travaux d’importance. Qui condamneront l’accès des lieux de culte au moins jusqu’au printemps prochain, si ce n’est plus… En attendant, les paroissiens se sont repliés sur la cathédrale voisine ou encore l’église Saint-Jacques qui, elle aussi, est appelée à connaître d’importants travaux d’entretien, lors du dernier conseil municipal une somme de 24’359,65 € ayant été budgétée en ce sens.

À Lafrançaise aussi

À une poignée de vapeur d’encens de Montauban, l’église paroissiale et centrale Saint-Georges de Lafrançaise est aussi interdite au public. De très importantes fissures (sècheresse et enfoncement du sol combinés ?) ont conduit, il y a quelques mois de cela aussi, les autorités compétentes à prendre les arrêtés nécessaires quand il y a péril en la demeure du Seigneur. Dans les deux cas de figure, on attend avec impatience le chant des artisans sur les tréteaux de réparation pour redonner un nouveau souffle de vie à ces deux églises aujourd’hui désertées.

Leur presse (J.-Ph. Laulan, LaDepeche.fr), 22 décembre 2011.


[Landes] Les vierges gardent leur secret

À Buglose ou Pontonx, les statues de la Vierge sont toujours constellées de peinture noire ou rouge. L’enquête piétine.

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Dans l'église de Pontonx, la Vierge sculptée par Léon Laulhé est toujours maculée de rouge.

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À Buglose, la Vierge et le Christ ont reçu des giclées d'encre ou de peinture noire.

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À Buglose, les colonnes avaient été taguées.

À quelques jours de Noël et un mois après la série de dégradations commises sur plusieurs représentations de la Vierge et du Christ dans le département, l’enquête est au point mort. « Nous manquons cruellement d’éléments », constate-t-on à la gendarmerie de Dax, où la brigade de recherches est chargée des investigations.

« Il a été établi dès le départ que c’était la même peinture rouge qui a été utilisée à Pontonx, Buglose et Rion. Mais ce n’est pas suffisant pour établir des rapprochements formels, notamment avec les faits antérieurs. »

Stoppé net le 18 novembre

Pour mémoire, le 10 novembre, dans l’église de Pontonx, la Vierge apparaissant à Bernadette Soubirou avait été retrouvée aspergée de rouge, des pieds à son auréole. Les 13 et 17 novembre, les colonnes du kiosque de Buglose, entre la basilique et la chapelle des miracles, étaient taguées de deux traits rouges, la Pieta et le Christ aspergés d’encre noire, et les jambes et les bras de ce dernier brisés. Le 17 également, le visage de la Vierge au carrefour d’Arzet à Saugnac-et-Cambran était repeint en rouge. Le lendemain à Rion-des-Landes, c’est un Christ en bois et en croix qui était maculé de rouge derrière le maître-autel de l’église.

Des faits commis dans la journée et de façon très rapide, ce qui peut accréditer la thèse d’un repérage préalable. L’évêché avait aussi rapproché de ces événements le vol d’une Vierge en bois et le tag de deux autres statues dans l’église de Saint-Pierre-du-Mont en octobre, le bris d’une statue de Notre Dame de Lourdes à l’abbatiale de Saint-Sever, et la dégradation d’une pieta à Ygos-Saint-Saturnin. La liste des « événements » établie par la préfecture signale aussi des dégradations dans l’église de Villeneuve-de-Marsan le 31 octobre. Via un communiqué, le préfet s’était ému de ces « actes de vandalisme » et un dispositif de surveillance renforcée avait été mis en place aux abords des lieux de culte du département.

Mais depuis le 18 novembre donc, plus rien. Ni fait nouveau, ni piste sérieuse. Individu isolé, déséquilibré, bande organisée ? Le ou les vandales seraient en tout cas à l’écoute des médias. Depuis que la procureur de Dax a communiqué les peines encourues dans les colonnes et sur les ondes, la série s’est en effet stoppée net. Le ou les amateurs de Vierges customisées en rouge risquent sept ans de prison et 100’000 euros d’amende pour « destruction, dégradation ou détérioration d’un lieu de culte exposé, conservé ou déposé dans un édifice affecté au culte ». De quoi faire réfléchir.

Sectes et exorciste

À son retour de Terre Sainte, l’évêque a, à son tour, porté plainte, comme y ont été invités les curés des paroisses concernées. Pour Mgr Philippe Breton, les faits « donnent l’impression que c’est quelque chose d’organisé. Je ne suis pas détective, mais à titre personnel, je ne pense pas qu’il s’agisse de jeunes qui se seraient amusés. Je dis cela avec beaucoup de prudence mais cela peut avoir été fait par une secte. Ce que je remarque en tout cas, c’est que ce sont les personnages de la Sainte Famille qui sont visés, Marie et le Christ. » Sollicité par les enquêteurs pour faire un lien avec d’éventuelles pratiques sataniques, l’exorciste diocésain n’a pas pu amener beaucoup plus d’eau au moulin des gendarmes.

Reste l’indignation, elle, bien tangible. Et ce, alors que les dégradations sont toujours visibles en attendant le feu vert et les moyens pour y remédier : « Nous étudions la question. Il faudra sabler la Vierge ou la repeindre », explique Vincent Degos, un des responsables de l’église de Pontonx-sur-l’Adour. « Pour la communauté, cela a représenté une souillure importante, un non-respect des valeurs et des choses sacrées. Cela n’était jamais arrivé, mais cela n’a pas remis en question l’ouverture de l’église. Nous la fermons seulement plus tôt et les jours fériés. »

Plus de fidèles à Noël ?

Un haut-le-cœur qui dépasse le cercle restreint des fidèles selon l’évêque : « Dans les paroisses, les gens sont offusqués, mais j’ai aussi reçu beaucoup de témoignages de personnes qui ne sont pas forcément proches de l’Église mais qui ont été profondément scandalisées. Des personnes qui ont le respect des signes et ne comprennent pas que l’on puisse s’attaquer à des symboles religieux. En d’autres temps, on profanait les tabernacles et on répandait les hosties consacrées par terre. Mais on ne peut pas blinder les églises ni les fermer du matin au soir ! Je souhaite en tout cas que la justice aille jusqu’au bout pour sanctionner ces dommages graves. »

Ces « agressions », selon le terme employé par Mgr Breton, n’ont ni provoqué un recul de la pratique le dimanche suivant dans des églises déjà clairsemées, ni provoqué un reflux massif vers les offices dominicaux d’une communauté chrétienne se sentant soudain prise pour cible. « Mais peut-être que pour Noël, cela va insuffler un regain de ferveur pour la Sainte Famille et que les gens vont venir plus nombreux aux messes ? »

Autour de la fête de l’Immaculée Conception le 8 décembre, une semaine de prière a déjà été organisée à Buglose en hommage à la figure de la Vierge malmenée. Si elle pouvait faire un signe aux enquêteurs pour les éclairer sur les dessous de son voile rouge, ils se risqueraient peut-être à leur tour à lui chanter un Magnificat ou un bel Estele de la Ma !

Leur presse (Emma Saint-Genez, SudOuest.fr), 22 décembre 2011.

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