[Terrorisme international] Falloujah pacifiée par l’armée américaine

L’armée américaine laisse à Falloujah décombres et maladies

Les troupes américaines partiront bientôt de la ville irakienne de Falloujah en laissant derrière elles une ville détruite et polluée par les agents chimiques depuis deux batailles sanglantes en 2004.

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Amir Hussain et Aoufa Abdallah se sont mariés cette année-là. Leur premier bébé est né à Falloujah en 2006. Il souffrait d’une maladie du cerveau et est mort l’an dernier.

Leur deuxième enfant, une petite fille, est née en 2007. Sa peau arbore de larges plaques rougeâtres et elle a une jambe plus longue que l’autre.

« On a décidé d’arrêter d’avoir des bébés. Nous n’en voulons plus, car ça implique de nouvelles souffrances et un nouveau combat contre de nouvelles maladies », dit Amir Hussain. « On s’est sans doute mariés au mauvais endroit au mauvais moment. »

Falloujah, dans la province désertique d’Anbar, à l’ouest de Bagdad, avait les faveurs de Saddam Hussein et s’est imposée comme un bastion de la résistance à l’invasion américaine.

Le meurtre puis la pendaison de quatre contractuels de la société Blackwater, en 2004, ont converti Falloujah en cible prioritaire de l’armée américaine, qui en a fait le siège avec des moyens extraordinaires. Après la levée du siège, considérée comme une victoire par les insurgés, les Américains ont mené une nouvelle offensive en novembre et éliminé l’insurrection.

Samira al Ani, pédiatre à l’hôpital de la ville depuis 1997, est bien placée pour constater l’héritage de ces événements. Depuis 2005, le nombre de nouveau-nés difformes a grimpé en flèche. « Avant la guerre, on avait deux ou trois cas par semaine. Ce seul 11 octobre, nous avons eu 12 naissances anormales de différents types », raconte-t-elle.

Plusieurs maladies sont apparues après 2004, disent les habitants de Falloujah. L’armée américaine a admis l’utilisation de bombes au phosphore blanc, qui peut causer de graves brûlures mais n’est pas considérée comme une arme chimique.

« QUEL CRIME AVONS-NOUS COMMIS ? »

Les Américains ont quitté les centre-villes en 2009 et se sont redéployés dans des bases dont l’une est proche de Falloujah. Leur départ ne laisse aucun regret aux habitants.

« Enfin, ils partent », dit Thar Abdoulkhalek, professeur d’anglais de 39 ans. « Toutes ces années, je me suis posé la question : “Quel crime avons-nous commis à Falloujah pour subir une telle épreuve ?” »

Certains habitants demandent compensation. En avril, des députés irakiens ont estimé que la bataille de Falloujah devait être qualifiée de génocide mais les résolutions votées au Parlement sont restées sans suite.

« Quelle compensation pourrait-on bien offrir à ceux qui ont perdu des êtres chers ? Qu’on les laisse partir, nous ne voulons rien, simplement qu’ils s’en aillent », dit le professeur.

Abdoullah Mohammed estime à l’inverse que les Américains doivent des indemnités aux victimes. « On ne pourra jamais oublier ce que les soldats américains ont fait à Falloujah », tonne ce tailleur de 45 ans.

Fin 2004, les responsables américains et irakiens ont lancé une campagne d’indemnisation d’un montant d’un milliard de dollars (750 millions d’euros) pour les victimes de l’époque et la reconstruction.

Selon le vice-président de la commission de reconstruction, la moitié des 500 millions de dollars alloués aux propriétaires d’une maison détruite a été versée et seulement 100 des 500 millions de dollars consacrés aux infrastructures ont été dépensés. Sept ans après, le système d’égouts et de retraitement des eaux n’est toujours pas achevé, dit Faouzi Moudhen.

Si la plupart des habitants sont ravis de voir les Américains partir, certains craignent des représailles de la part des activistes d’Al Qaïda et d’autres groupes islamistes. « Tout est possible. Reviendront-ils ? Peut-être. Pourquoi pas ? », dit Ayman Ali, marchand de thé.

La milice progouvernementale Sahoua, qui a été décisive dans la prise de Falloujah par les Américains, est fréquemment visée par la rébellion sunnite. « C’est regrettable mais nos forces de sécurité ne peuvent pas les arrêter », concède Ali.

Leur presse (Reuters), 7 décembre 2011.

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