Retourne ton campus !
Le collectif de soutien au Jardins d’Utopies t’invite toi, tes potes et tous les autres à la grande journée festive RETOURNE TON CAMPUS le 14 décembre 2011.
Suite à la tonte malveillante et cynique d’un des potagers du campus pendant les vacances de la Toussaint sur ordre de la direction de l’Université Pierre Mendès-France, réaffirmons notre volonté de nous approprier l’espace public !
Parce que le campus appartient à ceux qui l’occupent et le font vivre.
Parce que nous refusons que nos lieux de vie soient modelés par des élites technocrates autoproclamées légitimes.
Parce que nous revendiquons tout simplement le droit à la terre et au jardin, et que nous refusons de mendier la possibilité de planter des légumes auprès d’intellectuels ignorant tout des joies de la boue, des lombrics et des jeunes pousses !
Contre l’uniformité des pelouses bien tondues et vertes fluo toute l’année, contre les mornes haies toutes droites et les bouquets d’arbres dont rien ne dépasse, déclarons tous ensemble une révolte joyeuse et potagère !
Programme de la journée :
9h30 : Rendez-vous devant la BU Droit et Lettres pour la préparation du repas collectif.
12h : Repas collectif.
14h-18h : Retourne la terre de ton campus, préparation du potager pour l’hiver, ramassage de feuilles mortes pour le paillage, épandage de compost, tout ça sur fond de bal folk convivial et de carriole sound système (du gros son à vélo !) pour swinguer du popotin et du reste !
À partir de 18h : ApéroPunch devant EVE
Concert : Pink It Black, Les Marmottes pas Cuites, The Livingdead Caveman (homme orchestre), Les Terranautes (rock world ) et percussions antillaises toute la nuit.
Jonglage de feu.
L’un des deux jardins d’utopie a été rasé
Depuis le mouvement anti CPE il y a cinq ans et l’occupation de la galerie des amphis, les membres de Jardins d’Utopie cultivent deux potagers sur les terres du campus, un devant la BU droit-lettres, l’autres devant les amphis de l’UPMF. Ces terres aujourd’hui colonisées par un gazon vert et uniforme pourraient avoir une toute autre utilité : elles sont très fertiles, avec une forte concentration de vers de terre.
Pendant les vacances de la Toussaint Spalanzani, le président de l’UPMF, a ordonné la destruction du jardin proche de la galerie des amphis. Pour ne pas se salir les mains ils ont envoyé un prestataire extérieur (la multinationale ISS) qui n’a laissé qu’un terrain vide là oÙ l’on trouvait des blettes et des plantes qui ont mis de trois à cinq ans à grandir : des framboisiers donnant en abondance, des cassissiers, des fraisiers, de la consoude etc., et sept pommiers qu’on s’apprêtait à replanter dans plusieurs lieux publics. Nous nous apprêtions à y planter des fèves…
L’utopie n’est pas nulle part, elle est partout. Partout ou l’on veut bien la voir, partout où l’on s’active pour la faire vivre.
Ici avec ces jardins publics, nous voulons montrer qu’un autre rapport à l’alimentation est possible. Par notre production potagère, on s’assure une certaine autosubsistance en même temps que l’on se rencontre et apprend le jardinage. Avec peu de travail, les plantes cultivées peuvent fournir une abondance de nourriture. Lorsque l’on sème une graine, elle nous en rend jusqu’à mille. Ces plantes se rendent gratuitement des services : entre elles (fertilisation des sols, protection contre des insectes, limaces, maladies, etc.), à l’écosystème (abeilles, papillons, etc.), et à nous lorsque l’on en récupère le fruit. Ce modèle de diversité féconde et de gratuité, c’est ce que nous voulons reproduire. Nous venons de divers horizons, étudions diverses disciplines, sommes animé.e.s par diverses passions ; et hors tout circuit commercial nous partageons les récoltes, parfois à l’occasion de repas gratuits sur l’espace public du campus.
Lors de nos séances de jardinage nous avons reçu de nombreux compliments de personnels administratifs, de professeur.e.s, d’étudiant.e.s qui nous mettent du baume au cœur. « Vous êtes une bouffée d’air frais sur le campus », a-t-on entendu.
Les Jardins d’utopie n’ont pas seulement donné des légumes aux étudiant.e.s investi.e.s, ils rendent aussi des services à l’écosystème humain. L’association est à l’origine de la création de l’AMAP du campus, ayant accompagné l’installation d’un agriculteur non-conventionnel, c’est-à-dire pas seulement « bio ». Elle participe à la vie du campus en organisant à EVE des conférences, des projections, des débats, des animations.
Par nos pratiques nous espérons atténuer le fossé qui sépare le travail intellectuel (inhérent à la fac) et le travail manuel (ici le jardinage), trop souvent délaissé. Mais surtout, nous souhaitons développer des actions concrètes porteuses d’utopies politiques et sociales : jardiner sans autorisation une terre publique est un acte politique !! Nous affirmons ainsi être des citoyen.nes acteurs.trices de nos lieux de vie plutôt que des administré.e.s laissant les élites dirigeantes décider de nos intérêts. Si le campus est un lieu de vie à part entière et non seulement un espace de consommation de savoirs, alors il serait temps de faire entendre nos voix sur les choix qui y sont effectués.
Au-delà de la question des jardins, c’est aussi EVE qui échappe à la gestion des étudiants, c’est le CROUS qui du fait du désinvestissement de l’État fait baisser les bourses, augmenter les prix des repas et des loyers tout en précarisant le personnel. Et ce ne sont là que certains des ravages du plan « fac d’avenir » [Pour plus d’information concernant la lutte du collectif des Jardins d’Utopie, mais aussi toutes les luttes au et autour du campus, vous pouvez vous référer aux sites suivants : Crous en lutte, Les Jardins d’utopie, Indymedia Grenoble]. Lorsque les élites méprisent à ce point ceux et celles pour qui elles sont censées travailler, la riposte est nécessaire !
Le Collectif des Jardins d’Utopie