À Athènes, les « Je ne paie pas » gagnent du terrain

 

En Grèce, public et privé ont fait, mercredi, le plein pour la cinquième grève nationale de l’année. Le gouvernement a présenté son plan d’austérité dans un Parlement encerclé. De violents heurts ont éclaté à Athènes.

« Jamais je n’ai fait de folies. Je compte chaque euro. Je n’en peux plus… » En quelques mois, Eleni, une employée municipale de 56 ans, a vu ses revenus fondre de 1100 à 600 €.

Des situations comme celle-ci se multiplient dans la société grecque. Alors, plutôt que de s’épuiser à manifester devant le parlement à Athènes, ils sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir payer les taxes que la crise empile. Tout simplement !

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Ce mouvement de « résistance » s’appelle « Je ne paie pas ». Il est né, voici quelques années, pour forcer les péages que des sociétés privées faisaient fleurir sur les autoroutes en construction (certaines ne sont toujours pas terminées).

« Un racket », gronde Kostas Fotakis. Cet ouvrier athénien d’une quarantaine d’années est un des fers de lance du mouvement. Intarissable sur les scandales financiers qui plombent la Grèce, singulièrement depuis les Jeux olympiques de 2004.

Ces dernières semaines, « Je ne paie pas » a redoublé de vigueur après la décision du gouvernement de taxer chaque mètre carré immobilier à hauteur de 4 €. Perspectives a priori juteuses dans un pays où l’on compte 70 % de propriétaires. Aussitôt, les syndicalistes de la compagnie Électricité de Grèce (DEI), qui doit collecter cette taxe via les factures d’électricité, ont refusé de prêter main-forte au gouvernement.

Des patrouilles de chômeurs

D’autres n’ont pas manqué de pester contre les propriétaires dont les terrains portent une chapelle. Considérées comme lieux cultuels, ces propriétés — assez nombreuses — sont exonérées d’impôts. Comme du reste tous les biens de la puissante église orthodoxe.

« La situation devient délicate, soupire Kostas Fotakis. Alors, on essaie de s’organiser par quartier. » Ici et là, des citoyens énervés se mobilisent « pour empêcher les mises sous scellés, la saisie de biens que les banques pratiquent contre les “mauvais” payeurs ».

Ils se coalisent avec le syndicat de la compagnie d’électricité pour éviter les coupures. Dans certains quartiers d’Athènes, l’idée de créer des « patrouilles de chômeurs et de retraités » fait son chemin. Elles seraient rapidement mobilisables pour contrer les huissiers.

Les activistes de « Je ne paie pas » hantent également les abords des centres des impôts. Ils renseignent sur la non-imposition, la façon de se déclarer en faillite privée, d’échapper aux saisies sur salaire.

« Le pouvoir nous hait ? C’est réciproque, s’échauffe Kostas. On est désormais dans la survie, on essaie de régler nos problèmes au jour le jour. Au-delà des œillères idéologiques. » Plutôt de gauche à l’origine, cette nébuleuse de citoyens annonce la couleur : « Faire tomber tout gouvernement qui appauvrit son peuple. »

Leur presse (Marc Pennec, Ouest-France), 20 octobre 2011.

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