[Ain] La police travaille à Berck-en-Brousse

Après les incidents de mardi soir : prison avec sursis pour les caillasseurs

Bourg. Interpellés lors des événements de mardi [11 octobre], à la Reyssouze, quatre émeutiers présumés étaient poursuivis hier [13 octobre] pour « participation avec arme à un attroupement », ces armes étant des pierres. Ils sont repartis libres.

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Ils avaient été repérés, mardi soir, formellement identifiés par les policiers en civil du commissariat de Bourg-en-Bresse, puis interpellés deux par deux, direction la cellule de garde à vue. Ils sont ressortis libres du tribunal hier après-midi, un sursis en guise d’épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Quatre garçons dans le vent de la tempête, quasiment sans antécédents, entraînés par l’effet de groupe dans les incidents ayant agité la Reyssouze, après la mort d’un homme de 37 ans, lors d’une interpellation dans le quartier. Pas des profils de multi-récidivistes repris de justice, des émeutiers ordinaires en somme, condamnés comme tels hier après-midi, en comparution immédiate, par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse.

Poursuivis non pas pour des caillassages qui auraient été peut-être difficiles à démontrer, mais pour une « participation avec arme à un attroupement », ces armes étant des pierres, les quatre prévenus, âgés de 21 à 30 ans, ont tous été condamnés à une peine de deux mois de prison avec sursis, assortie pour l’un d’entre eux d’une mise à l’épreuve de dix-huit mois. L’occasion pour le vice-procureur, Bertrand Guérin, de stigmatiser, au nom du parquet, ces événements fondés sur « l’effet de mode », la rumeur et l’irrationnel : « Si la police ne peut plus faire son travail, qui est de faire des enquêtes et d’interpeller des suspects, alors il faut la dissoudre, revenir à la loi de la jungle, et à la préhistoire. »

Pas de revendication anarchiste, dans la bouche des mis en cause, aux systèmes de défense distincts. Profil bas pour celui-là, 25 ans, futur paysagiste : « J’étais chez moi, j’ai vu de la fumée, je suis descendu voir ce qui se passait, il y avait du monde, et puis ces gendarmes mobiles avec leurs boucliers. Il y avait cette rumeur qui circulait, j’ai suivi le mouvement, par bêtise, comme un imbécile. »

Version plus nuancée, même suivisme pour ces deux cousins, âgés de 21 et 22 ans, tous deux en recherche d’emploi, reconnaissant avoir ramassé des cailloux, sans les avoir jetés.

Plus incongru, le témoignage de ce trentenaire qui n’était « au courant de rien », étant juste « venu voir le match de l’équipe de France » chez son ex-copine : « Je ne connais pas ce quartier, je ne comprenais pas ce qui se passait, et je ne connais pas ces gens. On est juste venu me prévenir que ma voiture était en train de cramer. » Identifié par les policiers comme un « meneur », lui a continué d’affirmer, hier, qu’il était intervenu, « avec deux-trois riverains, pour tenter de calmer les jeunes ». Ces grands gestes des bras auraient-ils pu être mal interprétés par les policiers ? Le tribunal n’est pas allé jusqu’à lui laisser le bénéfice du doute.

Leur presse (Vincent Lanier, On n’arrête pas le Progrès), 14 octobre 2011.

 

Le quartier de la Reyssouze entre colère et exaspération

Bourg-en-Bresse. Plusieurs incendies volontaires dans la soirée de mardi. Le matin même, un homme âgé de 37 ans, qui devait être interpellé dans le cadre d’une vaste opération policière, était décédé des suites d’une chute du deuxième étage d’un immeuble. La tension était encore palpable hier soir.

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La mort de « Majhoub » a laissé des traces à Bourg-en-Bresse. Le quartier de la Reyssouze portait, hier matin, les stigmates discrets d’une nuit émaillée d’incidents sporadiques, provoqués par des petits groupes dispersés, issus de la cité, et au-delà.

Autour du centre commercial, au bout de la rue Jean-Moulin, toutes les discussions tournaient autour du décès de la veille, et des « événements » de la nuit, pour la plupart concentrés dans ce secteur central du quartier.

Un scénario qui était pressenti par les autorités, ayant positionné deux pelotons de gendarmes mobiles en retrait, prêts à intervenir. Sans véritable surprise, il était un peu moins de 21 heures, lorsqu’un premier véhicule a été incendié, dans le haut de la rue Jean-Moulin, devant un abri-bus. Sous les yeux des habitants assistant depuis leurs fenêtres au spectacle désolant d’un irrationnel épisode de violences urbaines.

Le décor : l’intervention subite des forces de gendarmerie mobile, usant des gaz lacrymogènes pour éloigner les caillasseurs, et protéger d’un cordon de sécurité les pompiers venus éteindre un container à poubelles en feu, poussé sur la route.

Sans excuser les fauteurs de troubles, certains riverains trouvaient des raisons de les comprendre : « Il y a beaucoup de colère, parce que tout le monde sait comment ça va se terminer : ils vont classer l’affaire et basta » !

Bien qu’atténuée à ce moment-là, après que les vitres d’un abri-bus aient également volé en éclats, une certaine tension était encore perceptible, à 22h30, lorsque le préfet Philippe Galli, accompagné du commissaire Dunand, est apparu au pied des immeubles, à proximité raisonnable des forces de l’ordre. Lorsque le représentant de l’État s’est approché d’un petit groupe de personnes observant de loin les mouvements de troupes, un dialogue surréaliste et un peu vain s’est engagé. Mais c’était toujours un début de dialogue.

Au fil des minutes, un silence précaire a semblé s’installer pour de bon sur le quartier. « À deux heures du matin, c’était hyper calme. On aurait pu penser que rien ne s’était passé s’il n’y avait pas eu les fourgons des gendarmes mobiles stationnés à proximité », racontait un témoin au sommeil léger, réveillé une heure plus tard, comme bien d’autres, par un gros bruit d’explosion. Cette fois, c’est le camion-frigo du boulanger, stationné sur le côté du centre commercial, qui était en flammes, juste à côté du foyer-résidence municipal de personnes âgées.

Un acte plus isolé, probablement, mais aussi très mal intentionné, s’attaquant à un commerçant n’ayant strictement rien à voir avec toute cette affaire. Hier matin, à la colère des uns, écœurés d’avoir perdu précipitamment un ami, répondaient la lassitude et l’exaspération pessimiste des autres.

Dans l’attente des premières conclusions de l’enquête sur les circonstances de la mort de son frère, Abdel Gmili, au nom des proches, continuait hier à appeler au calme : « J’ai été pourtant très clair, je ne voulais pas qu’il y ait encore de la casse, ça ne m’intéresse pas, et ça ne ramènera pas mon frère ».

Chute mortelle au cours d’une interpellation
El Majhoub Gmili, 37 ans, est décédé mardi 11 octobre, au matin, après une chute d’environ six-sept mètres, depuis son appartement situé au deuxième étage du 1, rue Hélène-Boucher, dans le quartier de la Reyssouze à Bourg-en-Bresse. Déjà connu des services de police, condamné en 2002 à dix ans de prison pour trafic de stupéfiants, l’homme devait être arrêté par les policiers du GIPN, intervenus à son domicile.

La police des polices saisie
Une enquête de l’IGS est en cours afin de déterminer les circonstances de la chute. Il s’agit notamment de vérifier les déclarations des onze policiers intervenus dans l’appartement lors de l’interpellation. Ces derniers excluent « tout contact physique » avec le défunt avant la chute.

Trafic de stupéfiants : dix-huit gardes à vue
L’opération policière de mardi matin entrait dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafic de stupéfiants relevant de la criminalité organisée. Au total, dix-huit personnes interpellées sont actuellement en garde à vue, sur l’ensemble des deux régions Rhône-Alpes et Auvergne.

Incidents : dix arrestations
Six majeurs et quatre mineurs avaient été interpellés hier, à la suite des caillassages, dégradations et incendies volontaires survenus dans la nuit à la Reyssouze. Plusieurs de ces suspects seront présentés dès cet après-midi au tribunal.

Leur presse (Vincent Lanier, On n’arrête pas le Progrès), 13 octobre 2011.

 

Incidents de la Reyssouze à Bourg : prison avec sursis pour les émeutiers

Après la mort d’un suspect au cours d’une interpellation et les émeutes qui ont suivi dans le quartier de la Reyssouze à Bourg-en-Bresse, une douzaine d’individus ont été interpellés et quatre d’entre eux condamnés cet après-midi [13 octobre].

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Encore une voiture brûlée et des feux de poubelles hier soir, dans le quartier de la Reyssouze, qui a progressivement retrouvé un calme précaire, après les événements plus importants de la veille.

Une douzaine d’interpellations au total ont eu lieu depuis le début des incidents, consécutifs à la mort d’un homme de 37 ans, tombé du deuxième étage au cours d’une interpellation mardi matin.

Outre trois mineurs, relâchés, qui devront répondre ultérieurement de dégradations et caillassages, quatre de ces émeutiers, âgés de 21 à 30 ans, ont été condamnés cet après-midi à des peines de prison avec sursis.

Leur presse (On n’arrête pas le Progrès), 13 octobre 2011.

 

Pas de « trace de violence » sur l’homme mort en échappant à la police

L’autopsie pratiquée sur un homme de 37 ans, mort en sautant du 2e étage de son appartement de Bourg-en-Bresse, mardi matin, pour échapper aux policiers venus l’interpeller, ne révèle « aucune trace de violence sur le corps », attestant d’une lutte, a déclaré hier, le parquet.

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« Les conclusions du médecin légiste ayant réalisé l’autopsie font état d’un traumatisme très important » avec une « hémorragie massive et une rupture du foie et de la rate compatible avec une chute », a déclaré à le procureur de la République à Bourg-en-Bresse, Marie-Christine Tarrare.

Ouverture d’enquête « en recherche des causes de la mort »

Mais « selon le légiste, il n’y a pas de traces de violence et d’ecchymoses sur le corps » accréditant la thèse d’une bagarre entre les forces de l’ordre et la victime, interpellée dans le cadre d’un trafic de stupéfiants, a souligné la magistrate, qui a ouvert une enquête en « recherche des causes de la mort ». « Des examens biologiques complémentaires sont en cours, dont les résultats ne seront pas connus avant plusieurs semaines, » a-t-elle ajouté.

Mardi à l’aube, une quinzaine de policiers du GIPN et de gendarmes avaient fait irruption « par force » dans l’appartement de Majhoub Gmili, un homme d’origine marocaine, déjà condamné à de lourdes peines pour trafic de stupéfiants. Ils agissaient sur commission rogatoire d’un juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon dans le cadre d’une affaire de trafic de stupéfiants.

Selon les premiers éléments de l’enquête, « dès leur entrée », l’homme avait alors « chuté par la fenêtre » et était « décédé des suites de ses blessures ».

L’enquête confiée à l’antenne lyonnaise de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) « est en cours » et « tout le monde n’a pas encore été entendu », a ajouté Mme Tarrare, qui a reçu mercredi après-midi le frère de la victime, Abdel Gmili.

« Il faut avoir le droit de se défendre et pas mourir comme ça » témoigne le frère de la victime

Dans la matinée, cet homme âgé de 45 ans avait fait part de son incrédulité face à ce drame. « Aujourd’hui, on a du mal à comprendre ; on est choqué ; il y a quelque chose qui s’est passé ; je suis convaincu qu’il n’est pas mort en sautant par la fenêtre, en caleçon. On se pose des questions », a-t-il dit.

Selon lui, son frère, qui avait déjà « purgé 7 ans de prison pour “trafic de stupéfiants”, a toujours payé ses dettes ».

« Mon sentiment, c’est que mon frère a été tué dans l’appartement et jeté par la fenêtre ; on n’accuse personne mais on veut que la police fasse son travail ; s’il a fait des bêtises, il doit payer, c’est normal ; mais il faut avoir le droit de se défendre, et pas mourir comme ça », a-t-il dit.

Mardi soir, deux poubelles et une voiture ont été incendiées dans le quartier de la Reyssouze, ce qui est « inhabituel dans cette zone où la tranquillité règne habituellement la nuit », selon la police de Bourg-en-Bresse.

Des « patrouilles dynamiques et statiques » avaient été mises en place pour la nuit afin de faire face à d’éventuelles tensions liées à cet événement.

La famille de la victime était intervenue mardi soir dans le quartier pour appeler au calme, a précisé le commissaire Dunand.

Leur presse (On n’arrête pas le Progrès), 13 octobre 2011.

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