Pas de justice, pas de paix : abattons le capitalisme avant qu’il nous abatte lui-même !

Une banque qui brûle est le soleil du pauvre.

Face à un système qui s’effondre de lui-même, de sa propre absurdité et de sa propre horreur, face à ceux qui s’en inquiètent et se réfugient dans les rangs des nouveaux sociaux-fascistes qui prévoient le chaos pour mieux s’en « protéger », face aux chiens de garde de l’État qui deviennent des milices politiques d’un ordre en ruine qui fait loi de mort sur le vivant, face aux soc-dem et petits-bourgeois apeurés de voir leurs repères s’écrouler et qui vont se retrouver sur la ligne de front entre deux feux sans pouvoir prendre parti, l’heure est à la multiplication et au pullulement des actes de guerre.

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Les « évènements » s’enchaînent avec une formidable « vitesse » aux yeux de la temporalité du Pouvoir et du spectacle marchand, alors que c’est juste la réalité sociale qui devient réalité de guerre mise à nue, où par les insurrections qui fleurissent et se juxtaposent se créent une nouvelle temporalité de la vie, une nouvelle spatialité de la subversion, une nouvelle linéarité des luttes, sur un plan de cohérence qui émerge et submerge la réalité de leur monde mortifère : face à la temporalité et au compte-à-rebours du désastre de leur monde, se substitue l’impérieuse réalité et nécessité vivante de la guerre civile qui pose et impose ses propres critères, rigueurs et exigences.

Les éclats de rire incendiaires qui font trembler les repères spectaculaires-marchands en Angleterre, ne font que mettre à nu ce qui existait déjà, ne font que dévoiler la gueule du loup enragé sous le masque de mouton-citoyen. À chacun à présent de se réapproprier la cagoule pirate qui se cache sous chaque faux-visage modelé et normé de citoyen. Les émeutes grecques, comme celle anglaises, comme celles tunisiennes ou égyptiennes, et partout à travers le monde qui se redécouvre monde, ne sont plus des émeutes « grecques », « anglaises », « tunisiennes » ou « égyptiennes », mais l’irrépressible élan du vivant vers lui-même, dans la nouvelle communauté des joyeux enragés qui ont pris ou repris le seul langage qu’on peut avoir avec le Pouvoir étatiste et leur société dégueulasse, celui des armes et des cocktails Molotov.

À partir du nouveau rapport entre les corps, se désintègrent les rapports sociaux dominants et se dessinent de nouveaux rapports solidaires et égalitaires, par des rapports de corps en guerre devenue situation, sur le terrain, qui ne revendiquent rien sinon leur propre désir d’émanciper leurs désirs, de détruire ce qui nous détruit, d’abattre ce qui finit d’achever la planète. C’est quand intervient le moment de poser des revendications qu’il faut s’inquiéter, car tout est à créer sur les ruines de l’ancien monde en berne de lui-même, là où il n’y a à poser que des communiqués qui se transmettent entre les réseaux pour consolider la ligne de front où leurs fusils font face aux nôtres.

Nous te le clamons, société totalitaire-marchande qui s’auto-détruit en entraînant avec elle dans sa propre perte l’humanité et la planète : tu peux nous arrêter, nous matraquer, nous incarcérer, nous expulser, mais non nous offenser. Nous descendrons dans la rue, l’occuperons, la ferons vivre et nous vivrons par elle, prêts à affronter tes chiens de garde, non plus avec des pierres, mais avec des engins incendiaires et des bombes à l’aluminium, avec des boucliers, et tu n’auras plus en inéluctable peau de chagrin qu’à écrire des lois qui vont décréter hors-la-loi tout un peuple. Peuple qui va te submerger.

Aux trotz et autres cadavres staliniens, nous les savons tout autant et virulement ennemis, car prendre le pouvoir ou le vouloir est être pris par le pouvoir et le savoir. Il n’y aura pas de paix possible, parce qu’il n’y a pas de paix souhaitable et souhaitée : nous sommes en guerre, pas pour la paix mais la victoire.

À leurs élections en 2012, nous envahirons et incendierons leurs palais préfectoraux s’ils n’ont pas brûlé avant.

L’émeute est une étreinte avec l’histoire, l’insurrection un orgasme avec le monde.

Toute lutte, quelque puisse être, est honorable en tant que lutte. Car toute lutte locale participe de la lutte globale. Honneur aux combattants, toujours. À ceux qui révèlent, par la lutte, au premier plan et sur une réalité pratique de terrain devenue la chair politique de la situation le rapport de force entre le Pouvoir et ses ennemis. L’« Histoire » telle qu’on nous l’inculque dans leurs écoles, qui n’enseignent que la soumission à l’autorité et la désautonomisation individuelle dans le corporatisme hiérarchique face à une organisation sociale verticale dont nous ne saisissons ni le fonctionnement ni les aboutissants ni les enjeux, n’est pas « notre » histoire, à nous en tant qu’individus, en tant qu’hommes et femmes qui ne sommes et restons que des hommes et femmes. Cette « Histoire »-là est celle du Pouvoir, des chefs, des représentations, de la pensée séparée, des institutions, de la constitution et la fausse pérennité des pouvoirs d’État. Histoire du Pouvoir, qui s’est toujours davantage complexifié, éloigné, désincarné, déshumanisé, dématérialisé, par tous les rouages de mort qui se sont consolidés et ramifiés tels l’Institution, la Religion hiérarchique, la Culture, le Spectacle, la Nation, la Finance, l’Économie, le Politique, etc.

Dès l’avènement et l’implantation de ladite Civilisation qui n’a toujours été qu’occidentale et européenne à travers le développement des sociétés hiérarchisées par les pouvoirs d’État, et ce qui leur sont inhérents, à savoir la propriété, la police et l’armée, la prison, la morale, les classes et castes sociales, dans ce qui est devenu l’« Histoire » officielle et dominante, donc l’Histoire du Pouvoir, a commencé parallèlement et simultanément l’autre « Histoire », la nôtre, la réelle, l’universelle, celle des hommes et femmes qui n’ont pas pactisé, qui ont résisté, qui ont combattu, dans l’histoire des luttes qui est l’histoire de l’humanité libre et consciente d’elle-même : celle qui s’inscrit localement dans un contexte global, celle qui déjoue les mesquineries des petites gens assoiffées de richesse et de propriété, de profit et de puissance. De Spartacus aux émeutes insurrectionnelles « anglaises » et « grecques » actuelles, cette histoire des luttes s’est cherchée et trouvée, a créé son langage, sa linéarité, sa culture, ses réseaux, son héritage, sa cohérence, son présent et ses perspectives.

En ce début de XXIe siècle où l’ère de la représentation touche à sa fin, où les pouvoirs d’État chancellent et vacillent, se reconstruisant de manière toujours plus lente et instable sous des insurrections populaires toujours plus rapides et radicales, comme conséquence inéluctable de ladite « mondialisation », Pouvoir et Vivant sont dans les prémisses des aboutissements d’une ère de l’humanité passée et déchue, où les guerres sociales de haute intensité explosent littéralement par-delà le monde dans une conscience internationale inédite jusqu’alors.  Inéluctable et nécessaire, car le Pouvoir dans sa propre course exclusive et effrénée pour l’accroissement de sa propre puissance virtuelle séparée, menace de façon toujours plus irréversible l’équilibre de la planète et la survie de l’homme dans l’extermination stricte du vivant, qui n’est que la finalité logique du Pouvoir.

De Tchernobyl à Fukushima, les catastrophes nucléaro-capitalistes sont au bord de détruire toute vie sur terre ; des révolutions du monde arabe aux insurrections « occidentales » comme celle en Grèce, il n’y aura plus de Semaine Sanglante qui ne soit connue de tous dans la minute au niveau international par la puissance subversive de l’internet ; des contre-sommets anticapitalistes aux mouvements sociaux, il n’est plus de lutte où les « franges » autonomes ne cessent de s’élargir et se coordonner ; d’un continent à l’autre, il n’est plus un pays où une révolte radicale et autonome, par son écho international, ne fait trembler un pouvoir d’Etat ; En ce début de XXIe siècle où la peur change de camp, véritablement, généralement, et à tous les niveaux, nous assistons à un durcissement de la guerre sociale comme guerre totale entre le pouvoir et ses chiens et le vivant et ses graines de liberté. Une guerre sociale universelle, qui a parcouru les siècles, de tout lieu et de toute époque, qui a sa
cohérence locale et globale, et qui voit ses réseaux se resserrer dans sa transition à un stade de haute intensité international.

Des « instabilités » qui fleurissent partout et qui provoquent ce durcissement répressif du pouvoir, la question commence désormais à se poser À TOUS : qui est ami, qui est ennemi ? Quel sens dois-je donner à ces instabilités qui se répandent et se généralisent ? Dois-je en avoir peur, dois-je en sourire d’espoir ?

Cette guerre sociale mondiale qui éclate de plus en plus au grand jour est un point de départ pour nous. Mais un point d’arrivée pour beaucoup. La prise de position pour chacun commence à se faire nécessité, car la guerre sociale de haute intensité s’imposera progressivement à tous. Pour ceux qui commencent à la percevoir, à l’admettre, voire à l’assumer et y prendre position, les phases peuvent être douloureuses et d’angoisse idéologique, mais à chacun de s’éclairer lui-même, sans avant-garde d’aucune sorte.

— C’est quoi être anar aujourd’hui ?, demande le vieil homme au camarade masqué qui tient une des banderoles du Bloc.
— C’est faire de sa joie de vivre et sa volonté de joie universelle une arme et un acte de guerre contre l’État qui brise l’humanité, et tout ce qui va avec, lui répond le camarade.
– je ne laisserais pas les larmes de joie et de rage sécher, tant qu’elles n’auront pas inonder et noyer toute la merde qui nous entoure, et fait fleurir en grand dans l’insurrection tout l’amour que nous contenons en chacun de nous, renchérit une autre camarade.
Le vieil homme sourit : alors vive l’anarchie, conclut-il, et s’en va.

Un nouveau vivre-ensemble qui dérègle le flux spatial et temporel du pouvoir, une perte totale de repères dans une réconciliation avec la non-linéarité. La subversion de l’amour, l’amour de la subversion. Totalité éclatée. Créer collectivement ma vie individuelle. Être.

Dans le « jusqu’à la victoire, toujours », qu’est-ce que la victoire sinon le « jusqu’à, toujours  ? Autant la peur crée du pouvoir et le Pouvoir, autant la joie armée et partagée crée de la subversion et de l’insurrection.

Ensuite ? Nous verrons ensuite.

Groupe Mary Read – 11 août 2011.

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