« Marches des salopes »

La « marche des salopes » atteint l’Islande

Elles en avaient assez d’entendre blâmer la victime et excuser le violeur. Leur message est simple : « Peu importe la robe ou la mini-jupe, le viol n’est jamais excusable. » La « SlutWalk » (« marche des salopes ») a atteint Reykjavik, samedi 23 juillet, et connu un succès inespéré : 2000 participants environ, ce qui, ramené à la population de l’Islande (320’000 habitants) n’est pas rien.

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C’est à Toronto, au Canada, que le mouvement a démarré, en avril. Lors d’un exposé sur la sécurité, un officier de police déclare aux étudiants d’une école de droit : « Les femmes ne doivent pas s’habiller comme des salopes si elles veulent éviter de subir des violences. » Des propos qui provoquent aussitôt un tollé un peu partout dans le monde. Du Canada à l’Inde, en passant par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie, des groupes de « salopes » ripostent en organisant des marches de protestation et de sensibilisation.

À Reykjavik, la SlutWalk a eu lieu sous le soleil, drainant de très jeunes femmes pour la plupart, parfois un landau dans une main, une pancarte dans l’autre. En mini-jupes et soutien-gorge, ou collants à résilles et hauts talons, elles ont défilé dans les rues, avant de se rassembler sur une place du centre ville pour des allocutions et un concert. « Look, don’t touch ! This is a dress, not a yes », (« Regarde mais ne touche pas. Ceci est une robe, pas un oui ») pouvait-on lire sur les pancartes, en islandais ou en anglais. Ou encore : « Ne me dis pas comment m’habiller. Dis aux hommes de ne pas violer. »

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En mini-jupes et soutien-gorge, ou collants à résilles et hauts talons, elles ont défilé dans les rues, avant de se rassembler sur une place du centre ville pour des allocutions et un concert.

« NON, C’EST NON »

« Une femme victime d’un viol est toujours blâmée. Soit elle s’est habillée de façon trop sexy, soit elle avait bu, soit elle est rentrée seule le soir chez elle. C’est cette mentalité qu’il faut changer », dénonce Anna Jona, étudiante, qui s’est affublée pour l’occasion d’un décolleté vertigineux, manière de glisser que « ceci n’est pas une invite ». Asjeir, la trentaine, est venu soutenir ses amies féministes. Lui aussi s’est habillé de façon provocante : jambes nues, en short cycliste violet fluo, un nœud papillon autour du cou. « Les femmes doivent-elles se couvrir de pied en cap pour jouer au ping-pong ou au volley ball ? s’interroge-t-il. Il n’y a qu’un slogan à marteler et il s’adresse aux hommes : “ne violez pas ! Et non, c’est non”. »

Steninuun Gydu-Og Gudsons, s’insurge, quant à elle, contre la « culture du viol » qui imprègne la société islandaise, « comme partout ailleurs ». « Plaisanter sur le harcèlement sexuel ou le viol, ou le relativiser, c’est empêcher l’évolution des mentalités, dit cette jeune conseillère à l’association Stiganot, qui s’occupe des victimes de violences à Reykjavik. D’un homme qui viole sa femme, la presse dira comme une excuse qu’il avait des problèmes de communication… »

Avec son pantalon de cuir, sa chevelure rousse et sa silhouette de mannequin, Marie Lilja Prastardottir ne passe pas inaperçue. Cette jeune étudiante est l’une des principales organisatrices de la marche des salopes islandaise. « Cessons d’entretenir l’illusion d’un lien entre viol et mini-jupe. Un violeur ne pense pas à ça quand il agresse. Il ne se souvient d’ailleurs même pas ensuite pas de la façon dont sa victime était vêtue », soupire-t-elle. Des années durant, Maria s’est tue. Elle se croyait coupable du viol qu’elle avait subi. « Maintenant, je parle. Me débarrasser de cette honte, c’est ma façon à moi de mener le combat. De faire bouger les mentalités surtout », dit-elle d’une voix paisible.

Leur presse (Florence Beaugé, Le Monde.fr), 24 juillet 2011.

 

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Matagalpa (Nicaragua)

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Denver, 2 juillet 2011

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Toronto, 3 avril 2011
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Mexico, 12 juin 2011

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Houston, 9 juillet 2011

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St. Louis, 16 juillet 2011

 

Des dizaines de manifestants pour une « marche des salopes » à Séoul

Des dizaines de Sud-Coréennes, portant des tenues volontairement provocantes, ont manifesté samedi dans les rues de Séoul lors d’une « marche des salopes » pour revendiquer le droit de s’habiller comme elles l’entendent et protester contre les violences sexuelles.

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Environ 70 personnes, en majorité des femmes, ont dansé sous la pluie dans le centre de Séoul en talons aiguilles et légèrement vêtues.

« Ne touche pas à mon corps », prévenait un slogan écrit sur des rubans noués autour du corps d’une participante de ce « slut walk », littéralement une « marche des salopes ».

« Nous avons le droit de porter ce que nous aimons », indique le mouvement local SlutWalk Korea dans un communiqué.

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La « marche des salopes » est un mouvement né au Canada en réaction aux déclarations d’un policier de Toronto, Michael Sanguinetti, qui avait conseillé en janvier aux femmes d’« éviter de s’habiller comme des traînées si elles ne voulaient pas se faire agresser », lors d’une conférence devant des étudiants.

Dans la foulée, des marches similaires avaient été organisées notamment à Londres, Sydney et Boston.

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Londres

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Glasgow, 4 juin 2011
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Edmonton (Canada), 4 juin 2011

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Melbourne

Leur presse (Agence Faut Payer), 16 juillet 2011.

 

Une « marche des salopes » contre les violences faites aux femmes

En déclarant que les femmes devaient éviter de « s’habiller comme des salopes » pour ne pas se faire agresser sexuellement, Michael Sanguinetti, agent de police à Toronto, ne s’attendait certainement pas à la réaction en chaîne que sa remarque sexiste allait provoquer.

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Boston, 7 mai 2011

L’agent de police canadien a tenu ces propos alors qu’il s’adressait à des étudiants lors d’un forum sur la sécurité organisé à l’université de York. Le policier s’est excusé et a été sanctionné. Cependant, plusieurs femmes qui considèrent que cette remarque est révélatrice du traitement inapproprié des victimes de violences sexuelles par les personnes chargées de faire appliquer la loi ont décidé de faire entendre leur voix. Quand Heather Jarvis et Sonya JF Barnet ont organisé une marche devant le département de police de Toronto en avril, elles ne se doutaient certainement pas que ce serait la première d’une longue série.

Une fois de plus, ce sont Internet et les réseaux sociaux qui ont permis de rassembler autant de monde. Facebook et Twitter ont relayé l’appel à travers tout le Canada, mais aussi dans une dizaine d’États américains, au Royaume-Uni et en Australie. Plus d’une douzaine de marches ont déjà eu lieu. D’autres sont prévues tout au long de l’été. (Tous les rassemblements sont répertoriés ici et annoncés sur Twitter). Certaines personnes viennent en jean et en baskets, d’autres choisissent des tenues beaucoup plus sexy pour montrer que, aussi légèrement vêtue et provocante soit-elle, une femme a les mêmes droits que tous les autres citoyens.

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« Il n’y a aucune preuve du lien de cause à effet entre la tenue des victimes et les agressions sexuelles »

Holly Black vit à Boston où elle travaille au service des urgences d’un hôpital. Elle a participé à la « Marche des salopes » du 7 mai et a écrit un billet sur son blog.

« Si on considère que le terme “salope” désigne une personne (en général une femme) qui s’habille de façon sexy, qui est sexuellement provocante et/ou qui aime beaucoup le sexe, je ne vois aucun mal à cela et tout le monde a le droit d’être une salope. Notre objectif est de nous réapproprier le terme “salope”, d’en faire un mot que les femmes puissent assumer, et non plus une insulte. Quand une “salope” se fait maltraiter ou agresser, elle ne l’a ni souhaité, ni mérité et les gens qui l’ont malmenée sont au moins aussi coupables que s’ils avaient agressé une “non-salope”.

Le policier qui a conseillé aux filles de ne pas s’habiller comme des “salopes” pour ne “pas être maltraitées” a exprimé une idée aussi répandue qu’erronée, selon laquelle le viol est provoqué par une tenue ou par une attitude. Mais en réalité, il n’y a pas de lien de cause à effet entre eux, car le viol n’est pas la conséquence d’un désir sexuel, c’est un acte délibéré de violence et d’humiliation. Moi qui travaille aux urgences d’un hôpital, je vois régulièrement des victimes arriver. La plupart ne portent pas de minijupes, mais des jeans, des joggings, des pyjamas, et mêmes des voiles. Dire que les vêtements sont la cause des agressions, c’est une réponse hypocrite, car cela pose la question de savoir jusqu’où doit aller la pudeur… Si les femmes se couvrent chaque centimètre de peau, les critiques se focaliseront sur les pantalons les plus moulants ou sur les voiles aux couleurs les plus criardes, ou je ne sais quoi d’autre…

“La responsabilité doit revenir à l’agresseur”

Le vrai problème, c’est que les femmes perçues comme des “salopes” sont plus souvent considérées comme fautives et moins souvent protégées ou écoutées par la justice en cas d’agression. C’est ce préjudice que les “Marches des salopes” dénoncent et veulent changer. La responsabilité d’un tel acte doit revenir à l’agresseur. Aimer le sexe consensuel, même beaucoup, n’est pas un crime. À l’inverse du viol.

Dans la marche, il y avait essentiellement des jeunes et, parmi eux, beaucoup de femmes, mais aussi des hommes, des gays, des lesbiennes, des gens habillés de façon très provocante, d’autres plus classiques, des célibataires qui multiplient les expériences sexuelles, des couples, etc. Personne n’a demandé à celles qui étaient très court-vêtues d’avoir une attitude provocatrice. Notre objectif n’est pas de recruter des salopes mais de les défendre. Le nom du mouvement peut évidemment sembler provocateur mais, l’important, c’est que notre message soit à la fois fort et positif. »

Leur presse (Holly Black, France 24), 11 mai 2011.

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