Haut les cœurs compagnons ! Un p’tit coup de gueule pour réaffirmer la volonté de combattre et la solidarité contre la répression…
On le sait, la répression, ça n’est pas « juste » les arrestations, les tabassages, les procès et le fantôme sordide de la taule. Qui parfois devient l’insoutenable réalité.
C’est aussi, au quotidien, cette pression tortueuse, cette angoisse constante qui nous fait guetter les coins de rue au sortir de chez nous, « au cas où », cette paranoïa qui enfle et nous rend méfiant de chaque nouvelle rencontre, de chaque nouvelle personne, qui pour son malheur aurait l’air trop sympathique, trop curieux, trop chaleureux… Cette folie dans l’air, qui durcit nos mâchoires, assombrit nos regards et glace le son de nos voix.
Insidieusement, le vent mauvais s’infiltre un peu partout. Et pour cause : on songe à cette caméra découverte, une certes, mais pour combien d’autres mieux dissimulées… à ces compagnons qui se sont vu proposer de donner des informations à la police contre chantage ou services, et à d’autres qui, peut-être, l’auraient gardé pour eux… À ces coups de pression sur certains lieux, qui affichent publiquement leur lutte contre ce monde carcéviscéral, ses taules, ses chiens de garde, ses assassinats à petits feux que sont l’esclavage salarial, l’urbanisation, l’éducation scolaire…
Tous ces murs qui se dressent entre nous et nos désirs, nous et nos joies, entre nous et nous.
Face à ça, une seule réponse possible : surtout, ne pas baisser la tête. Le filet se resserre, mais c’est contre cette peur de vivre que nous nous battons constamment. On voudrait nous voir reculer, pâlir, rentrer dans les rangs et redevenir les petits êtres ternes et sans force que l’Ordre façonne dès le berceau. C’est le moment de rire à gorge déployée, compagnons, encore plus fort, et d’affirmer envers et contre tout que nous sommes vivants !
On voudrait briser nos luttes. On nous flique, on nous espionne, on nous range dans des cases, on veut savoir qui sont nos amis, et jusqu’à découvrir avec qui nous aimons dormir. On veut nous empêcher de nous rencontrer, de nous retrouver, en nous coupant des espaces où nos combats se tissent et se déploient, où nos corps peuvent trouver le calme, où nous trouvons notre force.
Tout ça, pour que l’on ait peur de se voir encore, de clamer à haute voix notre rage, pour isoler chacun de nous dans sa bulle d’autoprotection. Avec, en plus, pour conséquence non négligeable, celle de réaffirmer l’emprise de la peur sur tous ceux qui étaient sur le point de faire des choix.
Dresser des murs, encore. Dans nos vies et dans nos têtes.
Ne courbons pas l’échine. Il n’est pas aisé de regarder les monstres droit dans les yeux, ceux qui affirment le contraire sont des fanfarons ou des menteurs. La rage au ventre et l’écume aux lèvres, intensifions nos luttes, hurlons à la lune !
« Nous avons le choix de ne pas vivre… »
Indymedia Bruxelles, 22 juillet 2011.