[Royaume-Uni] Expulsions et privatisation des homicides

La mort de Jimmy Mubenga (46 ans) durant son renvoi sur le vol London Heathrow-Luanda (Ouganda), des suites des violences exercées par trois employés de la compagnie de sécurité privée britannico-danoise, G4S, chargée du renvoi (sous contrat avec le ministère de l’Intérieur), met en lumière ce que Trevor Hemmings, Statewatch, appelle les « homicides privatisés ».

M. Mubenga est mort le 12 octobre 2010, après avoir été menotté et mis dans l’avion où il a perdu connaissance. De nombreux témoins rapportent un usage excessif de la force à l’encontre de M. Mubenga. Son décès fut prononcé à l’hôpital d’Hillingdon où il fut transféré après son évanouissement. L’autopsie n’ayant rien révélé de tangible quant au lien entre le décès et les mauvais traitements imposés à M. Mubenga, la famille de ce dernier a demandé au ministère de l’Intérieur à ce qu’une enquete soit conduite. Un rapport de la police londonienne (Metropolitan Police) sur les circonstances du décès fait d’ailleurs mention du transport d’un homme dans un état faible («unwell ») à bord de l’avion.

Les trois employés de G4S ont été arrêtés puis relâchés sous caution sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Des sources internes de G4S rapportent que la police londonienne pourrait lancer une procédure contre la compagnie pour « homicide de la part d’une compagnie » (« corporate manslaughter », d’après la loi britannique qui prévoit la possibilité de poursuivre des agents privés pour ce genre de cas : The Corporate Manslaughter and Corporate Homicide Act 2007).

Ces arrestations n’ont néanmoins pas été sans conséquence sur G4S qui a perdu un contrat d’organisation du renvoi des étrangers, d’une valeur de plusieurs millions de livres sterling. C’est la compagnie Reliance Security Group qui a récupéré le contrat, et qui a d’ailleurs proposé d’embaucher les membres de G4S en charge des expulsions d’étrangers.

En février 2011, des sources confidentielles rapportent au ministère de l’Intérieur que la direction de G4S a été maintes fois prévenue des accès de violence et des mauvais traitements de la part de ses agents.

À l’heure actuelle, G4S gère 4 prisons et 3 centres de rétention. Le montant de leurs activités est évalué à 600 millions de livres sterling (680 millions €). Le coût des expulsions depuis le Royaume-Uni, entre 2005 et 2010 est estimé à 110 millions £ (125 millions €).

D’après les quatre agents de G4S, témoins dans l’enquete menée par un comité du ministère de l’Intérieur, ces mauvais traitements sont fréquents et communément appelés le « Carpet Karaoke » (la personne est menottée dans le dos, assise sur le siège, la tête baissée entre les jambes). Cette posture est strictement prohibée car elle peut conduire à une asphyxie positionnelle.

Les mauvais traitements durant les renvois de migrants sont nombreux et ont fait l’objet de plusieurs rapports de la part d’associations reconnues comme Inquest et Medical Justice. Un rapport de 2008, intitulé « Externalisation des mauvais traitements » (Outsourcing Abuse) dénone cet état de fait.

La criminalisation des personnes qui s’opposent à ce type d’agissements va quant à elle croissante.

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Liste Migreurop, 25 juillet 2011.

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Une réponse à [Royaume-Uni] Expulsions et privatisation des homicides

  1. Qu’elles soient privées ou publiques, les compagnies de « sécurité » (flics ou vigiles) assassinent en toute impunité et ce avec la complaisance médiatique, cela va de soi!
    Vigiles, flics, hors de nos vies !

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