[Tour de France] Mise au point suite à la propagande de la municipalité de Lavaur

Tous n’ont pas succombé à la contagion de la folie

En 2001 un regroupement d’habitants de Lavaur s’étaient élevés contre le déferlement de la caravane du Tour de France dans leur ville. Ils avaient à l’occasion fait circuler un tract précisant leurs positions. Celles-ci n’ont guère changé, elles se sont même affirmées : à l’ère de la falsification généralisée, et dans une ville vouée à la consommation, à l’enfermement et au meurtre, la caravane du Tour de France n’est que l’écœurante et dispendieuse distraction servant de paravent à la déraison de la gouvernance.

Nous ne voulons toujours pas de ce Tour-là, nous ne voulons pas de ce monde-là !

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Le Tour de France est une partie du paysage national et de son folklore. Un des points du règlement valable pendant les 30 premières années de cette épreuve, avait largement façonné sa légende : les coureurs n’avaient droit à aucune aide extérieure, en cas d’incident, ils devaient réparer eux-mêmes leur bicyclette.

Les temps ont changé mais la ferveur populaire d’années en années en apparence ne faiblit pas. Ce qui entretient cet engouement n’a plus guère à voir avec l’attrait d’une authentique épreuve sportive mais se rapproche de la fascination pour un spectacle dans lequel le coureur est devenu composante anecdotique, un spectacle qui opère d’autant plus à son aise qu’il emplit le vide laissé par le désœuvrement généralisé.

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L’entreprise privée dispose d’un budget de 100 millions d’euros financé par la publicité, les sponsors et les droits de retransmission télévisuelle, l’apport des communes et des pouvoirs publics qui en espèrent des retombées économiques d’autant plus importantes que comme bien souvent les coûts réels ne sont que partiellement considérés. Elle est disputée par des hommes, coureurs, médecins, préparateurs, directeurs sportifs qui doivent pour être compétitifs transgresser les règles sportives, ses codes moraux, la loi. La compétition est devenue technologique, médicale, financière et juridique. Il s’agit d’améliorer régulièrement ou irrégulièrement les performances, d’échapper au contrôle, de s’entourer de complicités, de les acheter au besoin. Chaque victoire a son prix et se négocie. La télévision publique assure sans scrupule depuis des années la promotion de ce spectacle trafiqué. Il ne s’agit plus de rendre compte de ce qui se passe mais de le dissimuler. Il faut à tout prix produire et négocier de l’audience, du sensationnel, de l’image sans bavure quitte à abattre les arbres qui s’opposent à la vue d’hélicoptère, défaire et refaire les ronds-points, reniveler le bitume au millimètre, faire démonter les échafaudages qui gâchent la vue aérienne impeccable. Une des moindres nuisances engendrées n’est pas l’amoncellement de détritus déversés sur le parcours : 20 tonnes de déchets sont parfois ramassées sur les bas-côtés parcourus lors d’une étape de ce monstrueux défilé.

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Si nous citoyens continuions à nous masser au bord des routes pour acclamer sans discernement cette caravane nauséabonde comme s’il ne nous importait guère dans le fond que les coureurs soient dopés, que les lois soient bafouées, que les victoires soient achetées, que l’argent public régule cette comédie médiatique, et si nous continuions à prétendre que le plus important est que le spectacle se poursuive, alors nous serions les complices d’une époque défaite et sans valeur. Et quand les médias continueront de nous tromper, nous nous tromperons nous-mêmes. Ce sera pour nous et par nous que tout ceci continuera. C’est pourquoi il convient de dire non à un spectacle sans éthique sportive, sans éthique médiatique, sans éthique commerciale, sans éthique politique, sans éthique tout court. Nous ne voulons pas de ce Tour-là, nous ne voulons pas de ce monde-là.

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Citoyens de Lavaur, ville sur-endettée qui a malheureusement accueilli le Tour de France le 24 juillet 2001 (et le 13 juillet 2011).

Indymedia Toulouse, 10 juillet 2011.

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