Pétition des prisonniers de Ducos (Martinique)

Les détenus du centre pénitentiaire de Ducos (136 signatures) / Transmis par l’OIP

Nous nous adressons à vous afin que vous puissiez savoir ce qui se passe à la prison de Ducos depuis trop longtemps, aujourd’hui la colère des détenus est à son sommet, et en voici les raisons.

Surpopulation carcérale ! En effet, je vous rappelle que nous sommes environ 1014 détenus dans un établissement prévu pour 574 détenus. Cela entraîne des conditions de vie déplorables, plus qu’insupportables. En témoignent les nombreuses bagarres et agressions, aussi bien côté détenus que surveillants.

Nombreux sont les détenus à dormir au sol faute de place. Une pression invivable pour des détenus enfermés 22 heures sur 24. Une fausse ouverture d’une heure durant laquelle une quarantaine de détenus doivent jouer des coudes dans une cour ne comptant que quatre douches.

Un cadre de vie indigne dans le pays des droits de l’homme, où les détenus couchant au sol côtoient les cafards et les souris plus qu’envahissants.

Un manque de suivi médical compétent dû à un effectif plus que minimum. Les détenus sont souvent guéris avant même d’avoir pu être consultés. Et pour les quelques élus ayant pu être auscultés, toujours le même médicament prescrit, quels que soient leurs maux. Vertu magique ou réellement guérissante ? Question pertinente…

Des repas très peu variés au goût plus que douteux qui, souvent, sont causes de rébellion. Date de péremption dépassée, colique après digestion, éruption cutanée due à l’alimentation.

Cantines alimentaires trop chères et nous citerons pour cela une boîte de cassoulet (420 g) à 4,73 euros, une boîte de thon (160 g) à 1,65 euro, et j’en passe… Des prix ayant pour conséquence quelques détenus sans solution devant leur faim. Des familles impuissantes devant leur impossibilité à subvenir aux besoins de leurs enfants incarcérés.

Des sanctions injustifiées ! Et nous entendons par cela, les confinements en courette à la suite d’un bonnet oublié, ou d’un retard sous les douches, sans présentation au prétoire, sans moyen de protestation ou de défense. Les confinements, en général sans motif avancé, décisions plus d’abusives à répétition.

Une équipe socio-éducative dépourvue de moyens et dépassée par le nombre de demandes d’inscriptions aux stages de formation ou aux demandes de scolarité.

Les rares activités proposées sont très vite saturées. Nous ne vous apprendrons rien en vous disant l’effet néfaste du manque d’activité sur tout individu enfermé 24 heures sur 24.

Nul ici ne peut contenir son calme devant cette situation qui ne fait que s’aggraver. Malgré nos appels de détresse, les autorités restent sans réponse. Pour preuve, des jugements qui cautionnent que des détenus condamnés à moins de six mois soient placés en détention, alors qu’il existe de nombreux aménagements de peine alternatifs à l’incarcération. À croire que nul à l’extérieur n’est conscient des risques à venir.

Pour toutes ces raisons, nous demandons que soient prises les décisions nécessaires afin que tout cela change dès aujourd’hui.

• Que les nouvelles décisions prises soient notifiées et rendues aux détenus afin qu’ils puissent en prendre connaissance.

• Que nous soyons détenus dans des conditions dignes.

• Que soit mandaté qui de droit afin de constater nos dires et nous représenter.

• Que tout harcèlement physique et moral cité précédemment cesse dès aujourd’hui.

• Qu’il soit trouvé une solution pour tous les détenus couchant au sol sans plus attendre.

• Que notre alimentation soit revue et plus variée.

• Que les cantines alimentaires soient plus accessibles au niveau des prix.

• Que les formations et autres disciplines socio-éducatives soient plus nombreuses et plus accessibles.

Nos droits ont suffisamment été bafoués, notre patience et notre compréhension assez éprouvées.

Nous souhaitons donc que cette pétition fasse office de plainte contre l’administration pénitentiaire. Nous sommes déterminés à faire valoir nos droits.

Publié par Le Journal du Pays basque, 4 mai 2012


Voir aussi Les détenus de Ducos se filment pour dénoncer leurs conditions « indignes » (franceantilles.fr, 5 mai 2012)

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