Rappel [de la banalité] des faits : Il est deux heures du matin, nous sommes le 17 mai 2008.
Comme de coutume à Montpellier, plusieurs groupes de personnes se sont installés, pendant la soirée, dans le parc du Peyrou ; ils échangent, boivent, chantent, jouent de la musique, tuent le temps, meurent d’ennui ou encore fuient la monotonie du monde extérieur et de ses journées-rituelles métro/boulot/dodo. Ils n’ont pas forcément l’argent, ni l’envie d’aller dans des bars ou en boîtes de nuit ; alors ils viennent ici, comme avant ils allaient notamment sur la place Candolle ; ce n’est pas la panacée, mais c’est gratuit et il y a souvent du monde même si cela reste un endroit vidéo-surveillé, ancien lieu de parade de la noblesse puis de la bourgeoisie, et qui fait l’apologie de la monarchie absolu avec sa statue de Louis XIV.
Comme de coutume à Montpellier, plusieurs groupes de keufs se ramènent, armés de matraques, gazeuses, et autre flash-balls ; il s’agit de la municipale, de la nationale, de la BAC, parfois même de la brigade canine. Eux aussi meurent d’ennui, et, comme de bons chiens enragés, cognent sur tout ce qui passe pour pimenter leur quotidien.
Comme de coutume à Montpellier, c’est le moment où la fête débute : expulsion violente de la place, coups de pieds, et de matraque, gazages, courses-poursuites, insultes…
Mais ce soir-là a été quelque peu différent des autres soirs : une volonté de ne pas se laisser malmener et de ne pas se laisser renvoyer chez soi, comme un malpropre, tout seul, déprimant. Alors, départ lent et collectif du parc, quelques insultes et jets de canettes vers la police, quelques incendies et casses de mobiliers urbains en guise de protestation
Ce soir-là, les prévenus dans les paniers à salade ont eu une haie d’honneur faite de poubelles enflammées avenue Foch et rue de la Loge. Cela n’a pas empêché l’un des arrêtés de se faire défoncer par trois baqueux dans le gymnase du commissariat à Rives du Lez, avant son audition.
Cela n’a pas empêché non plus les (pour)suites judiciaires ; pour la personne savatée : trois cent euros multipliés par trois flics de dommages et intérêts (???) ; et un procès le 23 mai 2012 pour un autre individu, pour agression sur personne dépositaire de l’autorité publique — alors qu’on se demande bien qui agresse qui dans cette histoire.
En effet, la justice vient étayer les positions commerciales et sécuritaires de la mairie…
Oui nous parlons bien de cette mairie socialo qui ne veut voir personne le soir dans la rue et tout le monde dans des commerces, qui expulse les mendiants et SDF du centre-ville (surtout l’été), ainsi que les collectifs qui investissent les nombreux bâtiments vides (parmi les 16’000 logements vacants recensés en 2007 à Montpellier) lui appartenant par le biais de la SERM (Société d’Équipement de Montpellier, mi-privée, mi-publique).
Nous sommes à présent en mai 2012, le parc du Peyrou est définitivement fermé la nuit, la place Candolle n’est plus fréquentable, la lutte acharnée médiatico-politico-judico-policière contre la vie nocturne alternative montpelliéraine a donc réussi. Mais ce n’est pas tout : les caméras et la présence sécuritaire ont continué de fleurir dans le centre et ailleurs, les quartiers populaires tels que Figuerolles se font gentrifier, les pauvres des cités-HLM se font reloger dans d’autres villes (jusqu’à Ganges parfois), la boboïsation de la ville est largement avancée, les laboratoires spécialisés en recherche mortifère continuent de se développer…
Le contrôle de nos vies quotidiennes par ceux qui nous gouvernent est un processus en cours depuis bien longtemps ; que ce soit au travail, dans la rue, à la maison, ou encore à l’école, le but est d’être un bon citoyen qui consomme abondamment, qui travaille beaucoup et surtout qui ne se rebelle pas.
Dans la perspective de l’orchestration étatique et négative de nos vies, la répression policière est une des formes les plus violentes, les plus fréquentes et les plus visibles qui s’abat sur notre quotidien.
Elle est mise en place par l’administration politicarde, et soutenue par la justice bourgeoise.
S’organiser contre elle et se soutenir face à elle est une nécessité.
RASSEMBLEMENT DEVANT LE TGI LE 23 MAI 2012 À PARTIR DE 8H30
Et puisque qu’il n’y a pas que la vie festive nocturne qui subi la répression, le rassemblement sera suivi d’une discussion sur la répression en général, et sur les procès antiterroristes qui auront lieu du 15 au 22 mai prochain.