Abus policiers en cascade : le cas de Michel D. à Marseille
Après l’affaire des faux témoignages Lyonel Alidor, et après l’affaire de la jeune Fanny P. de Tours jugée coupable de violences contre un policier et lourdement condamnée bien qu’une vidéo montrait que c’était au contraire le policier en question qui matraquait la jeune femme [Il s’agit de la fille en rouge à 1min50], c’est au tour de Michel D. à Marseille de subir les abus et faux-témoignages de policiers peu scrupuleux.
Il raconte :
« Je marchais à Marseille, quand, arrivé place Racati, j’ai assisté à une intervention policière inquiétante. De nombreux policiers plaquaient au mur deux adolescents, les traitant avec une certaine brutalité, en criant. J’entends alors distinctement la question, posée sèchement : C’est quoi ton origine ? Tu réponds ! C’est quoi ton origine ?
Inquiet pour les deux jeunes, j’ai donc décidé de filmer la scène avec mon appareil photo, pour les protéger autant que possible d’éventuelles violences policières, ce que je savais totalement légal. Et là ça a été très vite : les policiers m’ont crié d’arrêter, une policière s’est jetée sur moi, puis un autre policier, qui m’a violemment attrapé par les cheveux et plaqué contre le mur, m’arrachant l’appareil photo des mains. Est alors arrivé le chef de brigade. Il était haineux, cherchait à m’intimider en insinuant que je ne récupèrerais pas mon appareil photo, et en menaçant de faire porter plainte tous ses collègues contre moi “pour droit à l’image”. J’ai juste répondu que la jurisprudence avait rendu légal le fait de filmer une intervention policière, et qu’il serait donc inutile de porter plainte. Il a alors regardé sa collègue :
Lui : Mais au fait … il t’a bousculée, non ?
Elle : Euh… oui.
Lui : Ça, c’est violences sur ADAP. Tu portes plainte ?
Elle : Oui !
Lui : C’est bon ! Je vous annonce qu’à partir de maintenant vous êtes en garde à vue : vous allez passer vingt-quatre heures au poste ; ça vous apprendra ; à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ! [La récente affaire d’Alexandre D. est encore un exemple d’abus policiers visant à empêcher la prise d’images]
Et ils m’ont emmené, sans jamais me menotter ni-même me tenir, puisque je gardais mon calme.
Après avoir dû subir une séance d’engueulades, j’ai alors passé 21 heures en cellule, sans même une couverture pour dormir. Le droit de faire prévenir un proche m’a été refusé, de même que le droit de voir un médecin, alors que j’en avais fait explicitement la demande à l’Officier de police judiciaire. Mais il avait rédigé un document déclarant en mon nom que j’avais été bien informé de mes droits (médecin, avocat) et que je déclarais y renoncer, puis m’a demandé si je voulais le signer. Je voulais le lire d’abord, mais il ne m’a pas laissé cette possibilité. Je n’ai donc pas signé. Ni eu mes droits respectés.
La policière, obstinée de prouver son statut de victime, est allée chez le médecin et a obtenu une journée d’ITT (le médecin n’ayant évidemment pu déceler aucune trace de blessure, il n’a accordé qu’une seule journée d’ITT). »
C’est ainsi que Michel se retrouve accusé de « violences volontaires sur agent dépositaire de l’autorité publique ». Dur !
Mais ce n’est pas tout, à cette première accusation s’ajoute une seconde : Lors de sa garde à vue, Michel D. devait livrer son ADN, son visage (biométrisé pour la reconnaissance automatisée) et ses empreintes. Il a refusé, considérant que ces données pourraient permettre à un État totalitaire à venir d’identifier ses opposants politiques à leur insu, et même de les rechercher de façon automatisée par des logiciels de reconnaissance faciale (ça existe déjà !) couplés aux réseaux de caméras de vidéosurveillance. Mais pour ce refus, il risque encore (théoriquement) un an de prison et 15’000€ d’amende.
Toute cette affaire soulève une fois de plus les questions : Comment se protéger de policiers qui abusent ? Qu’est-ce qui nous protège en cas de fausses déclarations de la part de policiers ? Et aussi : Faut-il accepter de pouvoir se faire identifier à son insu ?
Nous appelons tous ceux qui se sentiraient concernés par ces questions à venir se rendre au jugement le jeudi 21 juin à 14 heures, au Tribunal de Grande Instance de Marseille, 11e chambre, section A.
Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 4 mai 2012