Salut à toutes et à tous,
Dans ce mail, je voulais vous faire un « petit » compte-rendu du début de la mobilisation contre les forages effectués du 6 au 9 juin sur la ZAD. […]
On (X et moi) y était de dimanche à lundi en début d’après-midi. Et on peut déjà vous dire que la lutte prend un nouveau tournant. Et un tournant bien plus radical, ce qui nous plaît pas mal 🙂
Les réformistes de l’ACIPA et de la coordination des opposant(e)s à l’aéroport n’ont mobilisés qu’une vingtaine de militant(e)s (dont une dizaine seulement dans le feu de l’action).
Tandis qu’on était un peu moins d’une centaine de militant(e)s de la ZAD, du collectif de lutte contre NDDL et d’autres militant(e)s radicaux(ales) venus d’un peu partout, et prêts à tout faire pour que les forages ne passent, ou tout du moins qu’on les fasse bien chier :).
Cinq barricades (de ferraille soudée ou de bois), avec deux tripodes ancrés à chacune, ont été installées du dimanche soir au lundi matin (de bonne heure) autour des accès au champ touché par les forages. Des arbres ont aussi été abattus sur les différents accès au champ.
Quand les gendarmes mobiles et gendarmes « classiques » (armés de flingues !) sont arrivés avec leurs quinze camions militaires et une pelleteuse pour dégager un accès au champ, deux barricades enflammées ont été installées sur la route principale d’accès, afin de les ralentir.
Ayant réussi, avec peine :), à rentrer dans un champ voisin au champ des forages, les gendarmes ont appelé la pelleteuse en rescousse afin de détruire une portion de haie.
Une militant(e) « armée » de son cheval les a pendant ce temps désorganisés à elle seule 🙂 (mais frayeur pour elle puisque deux chiens d’attaque étaient prêts à être lâchés sur son cheval, quel courage de leur part !)
Puis arrivée massive des gendarmes dans le champ avec lacrymos en tous sens (plus d’une centaine de lancées durant la matinée en tout !) On résiste tant bien que mal en leur lançant des lances en bois, des projectiles inoffensifs (sic :), et surtout en jouant au chat et à la souris.
Cela durera plus d’une heure. Sans compter sur la charge d’une soixantaine de vaches sur les gendarmes complètement déboussolés, ce qui nous a fait bien rire (il a bien fallu les guider un peu 🙂
Puis on nous repousse sur un champ de maïs voisin. Et là surprise, des pierres y sont, qui n’attendent que de voler vers les gendarmes :), leurs jeeps et surtout vers la pelleteuse, les camions de forages et les foreuses.
Les pierres volent dans tous les sens auxquelles répliquent de méchantes lacrymos :), parfois offensives (une est passée furieusement à 20 cm de la tête d’un militant).
On tient une demi-heure puis repli à la lisière la forêt de 35 hectares (magnifique d’ailleurs 🙂 qui borde le champ de maïs.
Petit calme pendant lequel des militant(e)s font un grand tour pour reprendre les flics à revers. Pendant ce temps, un militant se fait interpeller pour avoir voulu déloger le conducteur de la pelleteuse en train de détruire une de nos structures d’accueil. Effusion d’une demi-heure puis provocation des gendarmes subie par l’interpellé (agenouillé de force sur le rebord d’un camion militaire avec la tête plaquée sur le camion ! et ce devant tout le monde !)
Retour des militant(e)s qui avaient contourné le peloton (d’exécution ? 🙂
Lacrymos de retour pour la plus grande joie des militant(e)s (si, si 🙂 et des supérieurs des gendarmes (puisqu’ils ne font qu’hurler : « stop », « arrêtez ça ne sert à rien » … tandis que leurs petits toutous continuent 🙂 complétement déboussolés je vous dis 🙂
Après ce sera statu quo, les militant(e)s fatigué(e)s par une longue journée/nuit dînent, font une sieste, avant la réunion de 13 heures pour faire le point et préparer la suite.
À l’heure de ce mail [mardi 7 juin, 13h39], les forages continuent sur le champ (et ont encore une fois été perturbés par des militant(e)s). Travail sur la ferme oblige, contraint de quitter les camarades jusqu’à la fin de la mobilisation (fait c… :).
Bilan personnel : de la joie de vivre et de la rage mêlées, pas mal de fatigue mais que de bonnes émotions, une soif d’en redémordre et de bouter ces colons urbanisateurs et leurs sbires, de ce territoire agricole et bocager qui ne vaut pas un pesant d’or mais plutôt qui vaut le prix d’y résister et d’y créer pas mal de choses ! 🙂
Petit bilan personnel sur la stratégie : manque pas mal de monde (à 200-300 on les aurait sûrement boutés) et de multiplicité de stratégies, mais on compte sur les militant(e)s qui viendront au village pour combler ce manque 🙂 (bien qu’il est illusoire de croire que tous les militant(e)s s’impliqueront dans la lutte locale, mais bon la lutte ne peut que faire rêver/créer 🙂
La lutte continue !
Un membre du collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL
Mailing, 7 juin 2011.
Un face-à-face viril contre l’aéroport
À coup de bombes lacrymogènes, les gendarmes ont délogé, hier, des opposants, qui voulaient empêcher des forages.
Bataille rangée, hier matin, dans ce champ de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). C’est ici que doit s’élever la tour de contrôle du futur aéroport. En attendant de voir des avions, ce sont des bombes lacrymogènes, des cailloux et des œufs qui volent.
Pendant plus de trois heures, à force de charges répétées, environ 200 gendarmes casqués, bouclier au poing, ont repoussé une centaine d’opposants. Ils tentaient d’empêcher l’accès aux deux foreuses et aux techniciens des Ponts et Chaussées. Le face-à-face est viril, musclé… et parfois cocasse. Par exemple quand les opposants lancent un troupeau de vaches contre les forces de l’ordre.
Ce « camp de la résistance » a été installé dès dimanche soir. Deux arbres ont été abattus pour barrer la route. Les anti-aéroport ont dormi sur place, barricadés et éparpillés dans la parcelle. Certains perchés à trois mètres du sol. D’autres en embuscade dans les haies bocagères. « On résiste comme on peut. On se bat pour défendre la nature », justifie un militant anti-aéroport. Les gendarmes mobiles, eux, obéissent aux ordres sans états d’âme.
Ce mardi, et peut-être demain, les forages se poursuivent. Toujours sous bonne escorte. Gendarmes et anti-aéroport vont à nouveau jouer au chat et la souris.
Une société vandalisée à Orvault. « Fais une pose, pas l’aéroport ». C’est en découvrant ce tag, hier, que le directeur a compris que sa société avait été visitée au cours du week-end. Par des opposants visiblement. Dans les locaux de Fondasol, trois camions et trois engins de forage ont été vandalisés : serrures bouchées à la colle, manettes tordues, etc. Impossible, dans ces conditions, d’intervenir pour RTE. Le Réseau de transport d’électricité a mandaté Fondasol pour l’expertise des sols, à Notre-Dame-des-Landes, pour, à terme, adapter les installations électriques à l’arrivée du nouvel aéroport. Une enquête est en cours.
Leur presse (Christophe Jaunet, Ouest-France), 7 juin 2011.
Une guérilla champêtre contre l’aéroport
La gendarmerie est intervenue en force, lundi, pour déloger les opposants au futur aéroport, et permettre des forages dans un champ, à Notre-Dame-des-Landes.
6 heures. Le camp de la résistance se réveille à la Rolandière, entre Notre-Dame-des-Landes et Vigneux. Dès dimanche, les squatteurs, plutôt radicaux, et les membres de l’Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes), davantage pacifistes, ont occupé le champ où doit être construite la tour de contrôle du futur aéroport. Barricades improvisées, opposants perchés sur des « tripodes » à 3 mètres du sol, et surtout deux arbres abattus pour bloquer la route. « On résiste comme on peut. » Ils y mettent de la conviction. Mais ce comité d’accueil est dérisoire pour stopper les forces de l’ordre, chargées d’accompagner les deux foreuses du laboratoire régional des Ponts-et-Chaussées.
7h30. Les gendarmes mobiles prennent position. Ils sont environ 150, plus une trentaine de gendarmes locaux. Des agents du Conseil général tronçonnent le chêne qui barre l’accès. En face, une petite centaine d’opposants met le feu à du foin et des pneus. « On n’est pas méchants, mais déterminés. On n’ira pas au contact, vous êtes plus forts et armés. Alors ne tapez pas trop fort… », défie un opposant à l’adresse des militaires casqués. Les gendarmes repoussent les anti-aéroport avec leurs boucliers. Viril mais correct. Dans le ciel, l’hélicoptère de la gendarmerie tournoie inlassablement.
Des vaches contre les gendarmes
9 heures. Un tractopelle s’engage dans un champ pour ouvrir le passage aux foreuses. À coup de grenades lacrymogènes, les gendarmes mobiles chargent, délogent et font reculer les opposants encagoulés planqués dans les buissons. Ils répliquent par des jets de pierres. Des œufs volent également. Des scènes surréalistes. Comme ce troupeau de vaches paniquées lancé par « les résistants » contre les gendarmes.
10h30. Les gaz sont efficaces. Les forces de l’ordre grignotent du terrain et libèrent la parcelle ciblée pour les carottages. Propriété du Conseil général, elle est exploitée par un paysan opposé à l’aéroport. Les techniciens, éberlués par cette guérilla champêtre, commencent enfin à percer le sol. Les foreuses sont solidement gardées. Les gendarmes mobiles maintiennent les opposants à distance. Les noms d’oiseaux pleuvent. Deux interpellations pour attroupement non autorisé et tentative de dégradation d’un bien public, le tractopelle en l’occurrence, ont le don d’énerver les opposants. « Libérez nos camarades. » La tension est vive. Ces arrestations sont classées sans suite par le parquet.
Retrouvailles ce mardi
11h30. L’affrontement s’apaise. Le face-à-face est figé. Julien Durand, porte-parole des anti-aéroport, échappe au cordon de gendarmes mobiles. Peu avant, il s’est couché devant la voiture de la préfecture. « Vous n’êtes pas sortis de l’auberge », promet Julien Durand au commandant de la compagnie de Châteaubriant. « Vous n’avez que vos corps à nous opposer. Nous sommes vos adversaires du jour, mais pas vos ennemis », répond le gendarme. « Notre combat est aussi politique », assure l’opposant. La Présidentielle est en ligne de mire. Toujours bien protégées, les deux foreuses seront de retour ce mardi, sans doute mercredi également. Les opposants les attendent de pied ferme.
Leur presse (Christophe Jaunet, Ouest-France), 7 juin 2011.
Utilisez des animaux pour votre lutte, quoi de plus lamentable !
Ah, il sera joli votre monde de demain, aussi pourri que celui d’aujourd’hui !
Le monde n’est pas une marchandise, les animaux non plus !