Russie : émergence de nouveaux cas de tortures policières
De nouvelles affaires de violences policières ont éclaté jeudi en Russie, notamment à Novokouznetsk (Sibérie), à Oufa (Oural) et à Kazan (centre de la Russie), ville où le premier scandale de tortures a éclaté début mars, selon des enquêteurs.
À Novokouznetsk, dans la région de Kemerovo (Sibérie occidentale), le Comité d’enquête a annoncé que quatre policiers avaient été inculpés pour avoir eu recours à la force contre des détenus.
Selon un communiqué du comité d’enquête local, en septembre, les policiers ont mis un masque à gaz sur la tête d’un homme de 31 ans et l’ont frappé afin de lui arracher des aveux.
L’homme est mort, et afin de dissimuler ce crime, les accusés se sont mis d’accord pour mettre en avant la thèse d’un suicide, est-il écrit dans le communiqué.
À Oufa, dans la république du Bachkortostan (Oural), une enquête a été ouverte après qu’un adolescent de 16 ans et son ami de 22 ans ont révélé avoir été roués de coups par des policiers les 15 et 16 mars.
Toujours dans cette région, l’ONG Comité contre la torture a indiqué avoir reçu les témoignages de deux personnes torturées en décembre 2011 et février 2012 respectivement par des enquêteurs du Comité d’enquête de Russie.
Ils ont été notamment battus, électrocutés, étouffés et l’un d’entre eux, qui a dû être hospitalisé pendant 32 jours, a été sodomisé à l’aide d’une barre de fer. L’un des tortionnaires se faisait appeler Gestapo et SS.
Dans la région d’Orenbourg (Oural), trois policiers ont été inculpés pour avoir frappé le 18 mars une habitante de 20 ans à son domicile.
À Kazan, au Tatarstan, où un détenu est mort début mars des suites d’un viol par des policiers avec une bouteille de champagne, deux nouvelles enquêtes ont été ouvertes à l’encontre d’un des policiers de ce même commissariat, Almaz Vassilov, 24 ans.
Entre le 22 et le 24 février 2011, M. Vassilov et d’autres policiers dont l’identité reste inconnue ont frappé un habitant de 20 ans pour lui faire avouer un vol.
Ils ont ensuite essayé de lui enfoncer un crayon dans l’anus, mais le détenu a réussi à s’échapper et à sortir dans le couloir, est-il écrit dans un communiqué du Comité d’enquête.
M. Vassilov est aussi soupçonné d’avoir roué de coups un homme de 31 ans en mars 2011 dans le commissariat pour lui faire avouer un vol de téléphone.
Le policier est actuellement en détention dans le cadre de l’affaire de la mort de Sergueï Nazarov, 52 ans, des suites du viol avec une bouteille.
Enfin, deux membres du Service fédéral russe de protection (FSO), chargé d’assurer la sécurité des personnalités dont le président, Dmitri Medvedev, et le Premier ministre, Vladimir Poutine, vont être limogés pour avoir passé à tabac un conducteur sur une route à Saint-Pétersbourg le 24 mars, a annoncé Sergueï Deviatov, un représentant de ce service, à l’agence de presse RIA Novosti.
Les autorités russes, qui ont longtemps assuré que de tels abus étaient des cas isolés, ont depuis reconnu que ces pratiques étaient courantes.
Selon les ONG, le recours aux violences est très répandu dans la police, les agents devant atteindre des objectifs fixés par leurs chefs sur le nombre de crimes et délits à élucider chaque année. Les policiers obtiennent sur cette base des primes et promotions.
Leur presse (Agence Faut Payer, 29 mars 2012)