Le déroulement de la manifestation du 31 mai au Carré d’art à Nîmes appelle quelques commentaires :
Nous avions lancé le dimanche 29 un appel à manifester ce jour-là, reprenant la proposition lancée par une personne d’un collectif ardéchois.
Cet appel se terminait par les mots « C’est pourquoi nous n’irons pas participer à leur table ronde, mais irons manifester notre refus au Carré d’art de Nîmes en faisant un maximum de bruit. QUE LE VACARME COUVRE LEURS MENSONGES ! »
Lorsque nous sommes arrivés devant le Carré d’art, l’entrée en était barrée par une immense banderole des Verts, et une cinquantaine de personnes se trouvaient là. Nous avons alors proposé à différentes personnes de faire ce à quoi nous avions appelé : descendre au sous-sol où se tenait la table ronde pour que « le vacarme couvre leurs mensonges ».
Il nous a été répondu que ça n’était pas possible, qu’il fallait des « badges », qu’il y avait la sécurité du musée et « les forces de l’ordre », qu’il fallait rester où nous étions, ne pas entrer dans le hall, et que de toute façon, faire du bruit ne servait à rien, puisque la table ronde se tenait au sous-sol… Toutes choses dites à tous les militants qui se trouvaient là. Il nous a été dit aussi qu’une « délégation » (déléguée par qui ?) de la coordination gardoise se trouvait à la table ronde, et qu’on allait « attendre qu’ils sortent ». Encore attendre.
Un des petits chefs qui nous a raconté ces bobards a également tenu ces propos hallucinants : « De toute façon, vous nous emmerdez avec les Cévennes, c’est pas dans les Cévennes qu’ils vont forer, c’est à Nîmes ». Traduction : rentrez chez vous, et laissez nous faire notre business ici. Chasse gardée.
Ces gens-là ne sont là que pour faire leur beurre électoral sur le dos de ceux qui ont envie de faire quelque chose. Ils « surfent » sur les GdS comme ils voudraient « surfer » sur Fukushima, faisant leurs choux gras du désastre ambiant. Et ils nous plombent et nous épuisent, parce qu’avec eux rien n’est jamais possible, qu’aller voter et rédiger de respectueuses missives à « nos » élus.
Nous n’avons pas tenu compte de ce qu’ils nous ont dit, et nous sommes descendus au sous-sol faire ce que nous avions dit que nous ferions : un maximum de bruit pour que cette table ronde ne se déroule pas paisiblement. Nous sommes d’abord descendus à trois ou quatre, et nous avons été vite rejoints par une trentaine de personnes, qui ont réussi à échapper à la glu des compliqueurs de luttes. Et on a fait beaucoup de bruit, jusqu’à ce que les flics arrivent.
Des employés du Carré d’art ont essayé de discuter, nous n’avons pas discuté. Les personnes de la coordination 30 présentes à l’intérieur ont désigné deux « délégués » supplémentaires pour aller avec elles autour de cette table ronde, nous avons refusé cette proposition. Nous avons simplement mis, dans la mesure de nos moyens, un joyeux foutoir dans leur réunion. Nous avons exprimé notre refus et notre colère. Et ça fait du bien.
À la sortie, nous avons été interpellés par des mécontents, qui aiment la lutte tranquille entre gens de bonne compagnie. Nous les avons envoyés se faire foutre, parce qu’ils nous fatiguent, avec leurs gueules de rentrée des classes. Entre-temps, les Verts avaient replié leur banderole pour retourner pousser leurs caddies bio-éthico-équitable dans les couloirs de la consommation durable. Nous sommes devenus un peu infréquentables. Tant mieux. Il y a des gens qu’on n’a pas envie de fréquenter.
Personne n’était obligé de se conformer à ce que nous avions proposé. Mais personne non plus n’a le droit de nous reprocher d’avoir fait ce que nous avons dit que nous ferions.
La scission entre ceux qui ont envie de faire quelque chose et ceux qui se considèrent comme propriétaires de cette lutte devient chaque jour plus apparente.
Des gens en Cévennes – 1er juin 2011.