Émeutes à Illizi – Affrontements entre jeunes et policiers
Depuis le début de l’année, il ne se passe pas une semaine sans que l’actualité ne se fasse l’écho d’affrontements ou de soulèvements dans les différentes régions du Sud du pays. Plus que des protestations ordinaires, les manifestations du Sahara témoignent déjà d’un mal-être, notamment dans la frange juvénile, et d’une perturbation sociale qui s’installent dans la durée.
Crise de chômage, de logement, marginalisation, piston, oubli, sont autant de calvaires contestés haut et fort par les populations du Sud algérien. Cette mal-vie ayant gardé le silence pendant longtemps est sortie enfin de sa coquille et plaide pour ses droits à une existence digne de ce nom. Pour la fin de semaine, c’était le tour des jeunes de la wilaya d’Illizi d’exprimer leur colère.
Plusieurs quartiers de la ville d’Illizi ont vécu depuis la nuit de mercredi des échauffourées entre des éléments de la police et des groupes de jeunes, à la suite d’une altercation entre un jeune et un agent de la sûreté. À cet effet, la ville a été paralysée dans ses différentes structures administratives et éducatives en raison des troubles. Des édifices publics, à l’instar de la Direction de la réglementation et des affaires générales de la wilaya ont subi des dégâts causés par des jets de pierres.
Nos tentatives de joindre, hier, des représentants de jeunes dans cette ville ont été vaines. Les autorités locales d’Illizi ont annoncé par ailleurs l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ces événements. C’est ce qui ressort des propos du chef de l’exécutif de la wilaya d’Illizi, Ali Madoui : « une enquête approfondie sera enclenchée pour déterminer les circonstances de ces évènements et l’affaire prendra son cours légal, à la suite des évènements qu’a connus la ville d’Illizi », a souligné le wali d’Illizi, lors d’une rencontre extraordinaire, en présence de notables de la région, des représentants de la sûreté de wilaya et des jeunes. Et d’ajouter que « la situation est jusque-là maîtrisée ». « Les services de la wilaya s’emploient à rétablir la sécurité et le calme », a signalé le wali d’Illizi appelant, à l’occasion, les jeunes à « faire prévaloir la sagesse pour pouvoir dégager des solutions fiables par la voie du dialogue, et laisser la justice faire son travail concernant cette affaire ».
Ne faisant aucune exception par rapport aux autres régions, la crise du chômage figure en tête des préoccupations des jeunes. Pour absorber la colère et apaiser la tension, plusieurs mesures et projets ont été annoncés par les autorités locales comme par les hautes autorités de l’État. Selon la direction locale de l’emploi, « au moins 189 contrats d’insertion ont été établis durant le premier trimestre de l’année en cours à Illizi au titre du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle ». La même source fait état du taux de chômage dans la wilaya en 2011 et 2012, autour de 8,61 % à la fin de l’année dernière. Déconnecté vraisemblablement de la vraie réalité du chômage, ce taux s’avère en contradiction avec le nombre des émeutiers et des manifestations soulevées contre le chômage. Avec une économie qui jusque-là impuissante et faible pour prendre en charge le poids réel du chômage, certains « économistes » se sont mêlés pour répondre aux protestataires. Exemple : la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) s’« implique » désormais dans la lutte contre le chômage dans le Sud du pays. Selon la Dgsn, « le général Hamel annoncera à Ouargla le recrutement de 1000 agents civils assimilés dans les rangs de la police. Il va également annoncer des opérations de recrutement dans les huit autres wilayas du Sud ». Reste à savoir si ces wilayas manquent effectivement de forces de l’ordre et pourquoi l’Algérie ne prend pas les voies appropriées pour commencer à travailler sa politique d’emploi ?
Leur presse (Yasmine Ayadi, Le Jour d’Algérie via Kabyle.com, 20 avril 2013)