Espagne : incidents entre police et jeunes manifestants à Madrid
Des incidents ont éclaté jeudi soir en plusieurs endroits du centre de Madrid lorsque les policiers, ripostant à des jets de projectiles, ont dispersé à coups de matraque des groupes de jeunes qui manifestaient pour réclamer la démission du gouvernement.
À la fin de cette manifestation qui avait rassemblé entre 1.000 et 2.000 personnes, en majorité des jeunes, sous le mot d’ordre Assiège le Congrès, des manifestants se sont mis à lancer des bouteilles, des pétards et des feux de bengale contre les policiers anti-émeutes qui barraient l’accès au Congrès des députés.
Ceux-ci, équipés de casques et de boucliers, ont riposté à coups de matraque.
Les manifestants, portant foulards et capuches, se sont alors dispersés, des groupes de jeunes continuant ensuite à affronter la police, certains jetant des pierres, dans le centre de la capitale.
D’autres, poursuivis par les policiers le long de l’avenue du Paseo del Prado, se sont rassemblés à quelques centaines de mètres de là, envahissant une grande place face à la gare d’Atocha, où les forces de l’ordre ont de nouveau chargé, répondant à des jets de pierres et de bouteilles.
Un imposant dispositif de 1.400 policiers avait été déployé pour cette manifestation, convoquée par une coordination appelant à la rébellion populaire et à l’occupation des abords du Congrès à la démission du gouvernement espagnol.
Les principales organisations de la mouvance des indignés se sont désolidarisées de ce mot d’ordre.
Quinze personnes ont été interpellées. Selon les services d’urgence, 29 personnes ont été légèrement blessées, dont 13 policiers.
L’une des personnes interpellées, un mineur, portait un sac à dos renfermant des passe-montagnes, un rouleau de papier d’aluminium, un pétard de 15 centimètres, un drapeau anarchiste avec une barre de fer, une bouteille d’acide, un sac contenant des pierres, a indiqué un porte-parole.
Il avait dans son téléphone portable des instructions pour la guérilla urbaine et la fabrication d’une sorte de cocktail Molotov, a-t-il ajouté.
Rassemblés en trois points du centre de Madrid, les manifestants, criant À bas l’État policier, certains portant le drapeau républicain rouge, jaune et violet, ont convergé vers la place faisant face au Congrès, la chambre basse du Parlement, protégée comme les rues avoisinantes par d’épais cordons de policiers, certains casqués.
Je ne suis pas d’accord avec la politique que mène le gouvernement, il est soumis aux politiques de la Banque centrale européenne que nous n’avons pas élue, lançait Lorena Perez, une chômeuse de 29 ans du secteur de la communication. Ils ne défendent pas nos intérêts, mais ceux des banques et de l’Allemagne.
Je suis venu pour défendre nos droits, affirmait Jesus Seguera, un employé du bâtiment au chômage, âgé de 34 ans.
C’est une combinaison de plusieurs choses. Ils ne tiennent pas leurs promesses électorales. Et mon foyer est frappé par le chômage et les coupes budgétaires dans la santé, ajoutait ce manifestant venu de Séville, en Andalousie.
D’autres portaient de petites pancartes avec les mots 6,2 millions de raisons, rappelant le nombre record de chômeurs (27,2% des actifs) dans le pays annoncé jeudi.
À quelques heures de la manifestation, la police avait déjà interpellé 15 personnes à Madrid.
Quatre jeunes qualifiés de membres de groupes anarchistes avaient été interpellés jeudi matin alors qu’ils s’apprêtaient à allumer des incendies à Madrid, selon le ministère de l’Intérieur. La police avait aussi interpellé onze personnes qui s’étaient enfermées dans un bâtiment de l’université Complutense de Madrid.
Presse matraqueuse (Agence Faut Payer, 25 avril 2013)
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