Un péage gratuit a eu lieu ce matin du 15 août au péage de St Jean de Védas, près de Montpellier, dans le cadre de la campagne lancée contre la multinationale Vinci.
Une cinquantaine de personnes ont permis à de nombreux vacanciers sur le retour (ou le départ) de ne pas enrichir ces méchants, durant une petite demi-heure, tandis que des affiches étaient collées un peu partout et que le tract suivant était distribué :
(précisons que les quelques tunes récoltées sont allées vers des caisses de solidarité pour aider ceux qui sont confronté à la répression.)
Péage gratuit !
Départ en vacances ? Retour au turbin ?
Vinci, premier opérateur autoroutier en Europe, s’assure que vous ne soyez pas trop dépaysés: le décor restera aussi insipide à l’arrivée qu’au départ. Partout, les mêmes aires de rpos, les mêmes parkings, les mêmes péages, les mêmes boutiques terroir… un univers où rien n’échappe aux caméras et à la logique économique.
Comme ses semblable (Eiffage, Bouygues, Bolloré et nombre d’autres entreprises…), Vinci modèle le monde selon ses intérêts, masqué derrière l’image du développement durable et du respect de l’environnement.
Chaque espace doit avoir son orientation économique, de la zone industrielle à la plaine céréalière, en passant par la région montagneuse, sa détente pour riches, son énergie bois et son gaz de schiste. Quand chacune des régions devient spécialisée, un schéma global de transport à grande vitesse s’impose et quadrille l’ensemble : lignes Très Haute Tension, Lignes à Grande Vitesse, lignes ADSL, fibre optique, autoroutes, ceintures périphériques, métros, tramways, ports maritimes, aéroports… que permettent et qui alimentent, d’autres grands projets tels que complexes nucléaires, barrages hydrauliques, terminaux pétroliers, mines, parcs éoliens, zones commerciales, grands stades, lotissements, zones touristiques…
Mais leur main-mise ne s’arrête pas à ces infrastructures qui avancent à grands coups de bulldozers. Derrière ces moult activités, des milliers de personnes sont exploitées : maçons sans-papier arrêté sur le chantier d’un centre de rétention, travailleur des mines d’uranium qui ramène la radioactivité dans son foyer, intérimaire enfermé dans une cabine de péage et qui n’a guère les moyens de partir en vacances…
Les réaménagements se font aussi au détriment de populations qui se retrouvent à devoir céder leur place : les pauvres sont chassés des centre-ville et cloisonnés dans les périphéries ; les territoires, urbains ou ruraux, où ils subsistent, sont accaparés et bétonnés pour plus de profit.
Pour de telles réalisations, la recette est toute trouvée : les partenariats publics-privés (PPP). Ils permettent d’allier la légitimité démocratique, la maîtrise de l’ensemble géographique, les financements publics et les forces de l’ordre de l’État aux savoir-faire, réseaux et réalisme commercial des grands groupes privés. Ceux-ci prennent en charge l’ensemble des projets, de la construction à la gestion.
En 2009, le groupe Vinci participe à lui seul à 240’000 chantiers dans plus d’une centaine de pays. Ces projets, et ceux de ses concurrents, suscitent parfois des résistances locales…
À Cadarache (PACA), construction d’un réacteur expérimental de fusion nucléaire (ITER), en partenariat avec Areva.
À Notre-Dame-des-Landes (Pays de Loire), le projet d’un nouvel aéroport international « éco-labellisé » suscite de nombreuses protestations : terres occupées, actions de sabotage…
En Val Susa (Alpes italiennes), plusieurs tunnels doivent être creusés pour laisser passer le TAV (TGC Lyon-Turin). À l’heure actuelle, policiers et militaires tentent de défendre le chantier contre des centaines de personnes déterminées à stopper le projet.
À Khimki (Russie), les opposants à la construction de l’autoroute entre Moscou et Saint-Pétersbourg sont victimes d’une répression féroce (tortures, menaces, assassinats, attaques des forces de l’ordre et de milices fascistes…).
Vinci n’est qu’une des nombreuses pierres du système capitaliste. La cadence à laquelle leurs projets et leur fonctionnement quotidien écrase nos existences n’a d’autres freins que ceux que nous leurs imposerons.
Nous ouvrons ce jour les barrières d’un péage pour mettre un grain de sable, certes modeste, dans les rouages du monde qu’ils aménagent. Nous invitons ceux qui ne se résignent pas à agir de toutes les façons contre cette machine à broyer.
Puisque, ce coup-ci, vos euros ne tomberont pas dans les poches des actionnaires de Vinci, ils peuvent, si vous le souhaitez, servir à alimenter une caisse de solidarité avec les personnes qui se retrouvent dans les griffes de la répression.
Vinci Concessions : parkings, autoroutes, tunnels, ponts, métros, trains, aéroports, équipements publics (campus, stades, hôpitaux…)
Vinci constructions : centrales nucléaires (80 % du parc français), infrastructures hydrauliques (canaux, barrages…) ; traitement des déchets (incinérateurs, stations d’épuration, canalisations…), oléoducs, gazoducs, stockage de combustibles, prisons, bureaux, logements de standing…
Vinci Énergies : parcs éoliens et photovoltaïques, transport de l’énergie produite, technologies de communication, gestion urbaine (vidéo-surveillance, éclairage, public…)
Eurovia : infrastructures routières et ferroviaires, carrières.
Cofiroute, Sogea, Escota, Cegelec, Axians, Actemium, Autochim, Dumez, Viafrance, Saintrapt et Brice, Tunzini, Dodin Camenon Bernard, Thinet, GTIE, Adim, Fabre, GTM, Lola piscines, Hydroplus, Cofframat, Faceo, Géolis, Sol Environnement, Autoroutes du Sud de la France…
15 août 2011.