Oï, on est les nouveaux parasites de bonnefoï !
On a pris place dans un énorme et magnifique bâtiment 187 et 189 rue du faubourg Bonnefoy à Toulouse, qu’on a rebaptisé la Caillasserie. On s’est installé.e.s voilà un mois dans ces anciens locaux du trésor public. Cet énorme bâtiment était laissé à l’abandon par son propriétaire.
On squatte, on occupe illégalement, parce qu’on a pas le choix, pas les sous, pas de boulot, et parce que quand on est pauvre on a pas les moyens d’accéder à tout ça. Et même si, par le plus grand des hasards, on en avait la possibilité, on continuerait de squatter. Parce que tant qu’il y aura des loyers à payer, il y aura des exclu.e.s, des gens qui ne peuvent pas payer, qui galèrent à joindre les deux bouts, d’autres qui n’ont pas les bons papiers, ou la bonne nationalité…
On y a trouvé 1700 m² de possibilités : sérigraphie, informatique, boxe, autodéfense féministe, concerts, bar, projections, infokiosk, permanences juridiques, cantine populaire, soirées jeux, salle non mixte meufs et non-blanc.he.s, frippe, salle de repet’, ateliers… et ça c’est juste ce qu’il nous est venu en tête. On souhaite que ce lieu soit réapproprié par toutes et tous. Des réunions d’activités ont lieu les mercredis à 17h pour décider des trucs chouettes qui se passent ici. L’orga et le déroulement des activités tentent d’être sur des bases d’auto-organisation. À nos yeux ça passe par la prise d’initiatives, le partage de savoirs et d’outils. Nous voulons contribuer à la destruction de ce monde et nous pensons que des discussions et des actes qui permettent l’émancipation de chacun.e aident à le grignoter. C’est pourquoi les rapports entre les gens ne se feront pas à travers l’argent et l’échange de services contre salaire. Y a pas de professionnel.le.s, pas de spécialistes, pas d’égoïstes ni d’égocentriques. En gros on est pas une MJC alternobobanarchochépakoi.
Notre situation ressemble à bien d’autres squats, le procès est déjà passé, on a le rendu le 5 avril 2013. Pas de faux espoirs, on sait bien que « l’équité » de la justice penche toujours du coté des propriétaires. Juges et avocats trouvent leurs comptes à maintenir les pauvres bien à leurs places, et nous nous écorchons la bouche à essayer de les attendrir avec nos situations misérables. On vous tiendra au courant du rendu, même si nous savons que l’expulsion immédiate nous pend au nez.
Mais pour autant tout n’est pas figé, le soutien, quel qu’il soit, peut peser dans la balance. Ce n’est pas juste notre situation qui est en jeu ici, mais plus largement, l’avenir de tout le quartier. Bonnefoy, Marengo et Belfort vont être transformés à grands coups de pelleteuses et de marteaux piqueurs. Le quartier doit se préparer à l’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse et à son florilège de costards cravates et de boutiques de luxe. Expropriations, rachats, chantiers ont déjà commencé. Les plus pauvres et les indésirables vont une fois de plus être éloigné.e.s du centre ville. Ce centre qui devient encore plus aseptisé et fliqué, lisse et bourgeois, contrôlé et payant. On voudrait que Bonnefoy reste ce petit village dans la ville, où les gens se croisent et se (re) connaissent, où on se parle de la pluie et du beau temps, de la situation politique et des galères du quotidien, sans se considérer comme des étranger.e.s les un.e.s les autres…
Nous vous invitons à venir discuter de tout ça, et de bien d’autres choses, se rencontrer, autour d’un café, d’une bière, d’une clé à molette ou d’un gant de boxe.
Les caillasseurs.euses
187-189 rue du faubourg bonnefoï
31500 toulouse
La discrimination positive est un concept éculé, j’entends bien qu’il n’ai rien de nouveau. Mais est-ce que ça suffit à lui acheter une pertinence et une efficacité?
Ces histoires de « salles non-mixtes » et d’actitivités/d’organisation non-mixtes, ça n’a rien de nouveau ni de scandaleux, y’en a eu dans des squats autonomes à Paris, Lyon, Grenoble et ailleurs dans les années 1990-2000 et c’est une très bonne chose.
Pourquoi ? parce qu’une des particularités importantes et intéressantes de l’autonomie est que les opprimé-e-s s’organisent entre eux/elles, à partir de leurs vécus communs, élaborent des stratégies de lutte, s’approprient des savoir-faire par eux/elles-mêmes, etc.
Cela n’a rien de choquant et devrait même être une base de lutte acceptée par toutes et tous.
Ce qui n’empêche en rien, par ailleurs, de lutter et de s’organiser de manière mixte. Il y a plusieurs possibilités, plusieurs moyens, et encore une fois ça n’a rien de nouveau et ça s’inspire entre autres des luttes autonomes féministes et noires depuis le 19e siècle par exemple aux Etats-Unis mais aussi plus récemment en France et ailleurs dans les années 1970.
Sur les luttes autonomes des Noir-e-s aux USA, lisez par exemple Malcolm X, Stokely Carmichael, Angela Davis, Audre Lorde, etc.
Et Franz Fanon aussi, tiens.
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« salle non mixte meufs et non-blanc.he.s »
Quid des roux, handicapés, dyslexiques, et autres opprimés? Pas de salle non mixte? On met pas non plus les homosexuels à part pour bien leur montrer qu’ils ont pas besoin des autres pour s’émanciper?