Nouvelle nuit de violences à La Réunion
Après une journée calme mardi, où seul un petit barrage filtrant avait été installé à la Rivière des Galets à la périphérie du Port, par des jeunes réclamant 200 contrats aidés, la mairie annexe du quartier a été partiellement détruite par un incendie en début de nuit. L’intervention rapide des pompiers, sous la protection des forces de l’ordre, a permis de sauver la moitié du bâtiment en bois sous tôle.
Des affrontements ont ensuite opposé pendant une bonne partie de la nuit policiers et gendarmes à des groupes de jeunes qui ont répliqué aux tirs de grenades lacrymogènes par des jets de pierre, de fumigènes et de cocktails molotov, dans plusieurs rues de la ville. Un automobiliste qui a tenté forcer un barrage a été sorti de son véhicule et sa voiture incendiée, une station-service vandalisée et en partie pillée.
9000 CONTRATS AIDÉS ET 7000 CONTRATS D’AVENIR
Plusieurs barrages constitués de branchages et de poubelles enflammées ont été installés à plusieurs carrefours de la ville. Des voitures ont été la cible de jets de pierre dont celle d’une chaîne de télévision. Au moins trois jeunes ont été interpellés. En milieu de nuit un imposant dispositif de policiers de la Compagnie départementale d’intervention (CDI) et de gendarmes mobiles était déployé sur les lieux avec une douzaine de fourgons, installé à un rond-point.
Les violences du Port ont fait suite à une série de petits barrages routiers, installés dans plusieurs communes de l’île, par des jeunes réclamant des contrats aidés. Le ministre de l’outre-mer, Victorin Lurel, a indiqué que l’État a débloqué 9000 contrats aidés et 7000 contrats d’avenir en faveur de la Réunion. Interrogé par la chaîne de télévision Réunion 1re depuis Paris, il a invité les collectivités à « se mobiliser pour apporter leur concours au dispositif », tout en appelant la population à être « raisonnable ». « L’État a fait son travail », a-t-il dit.
Le député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert (MoDem) a reproché l’allongement de la durée des nouveaux contrats de six à dix mois, ce qui a réduit de « 6000 le nombre de bénéficiaires », a-t-il dit. Des habitants de l’île n’ont pas manqué de faire le rapprochement entre ces violences et le début des émeutes de février 2013 [sic – NdJL] qui avaient également commencé par un barrage routier au Port contre la vie chère. Les violences avaient ensuite gagné toute l’île et duré une semaine.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 20 février 2013)
Le quartier de la Rivière-des-Galets se réveille endolori
Très tôt ce matin, Jean-Yves Langenier et la Chantal Ambroise, la sous-préfète de Saint-Paul, ont effectué un repérage des dégâts qu’a subi le quartier de la Rivière-des-Galets. Contrairement à ce qui avait été annoncé par les pompiers hier soir, la mairie annexe a été totalement ravagée par les flammes, qui ont également réduit en cendres la salle de boxe attenante aux locaux administratifs. C’est tout un patrimoine qui est parti en fumée, comme les documents d’état civil et toutes les archives du bâtiment.
Sur place, Paulette Lapactia est défaite. « C’est très dur de voir ça. C’est la première qu’un bâtiment public est attaqué comme cela au Port. Personne ne s’y attendait, c’est vraiment décourageant. Il faut absolument que les parents interviennent pour que les enfants reviennent à la raison », indique l’ancienne adjointe de Jean-Yves Langenier. Son sentiment est partagé par la plupart des habitants du quartier qui désapprouvent l’attitude des jeunes.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Clicanoo.re, 20 février 2013)
Saint-Louis : « On ne veut pas de petits contrats à la mairie, on veut bosser dans la ZI »
Une trentaine de jeunes originaires du quartier de l’Étang-du-Gol ont pris en otage hier pendant quelques heures la zone industrielle et commerciale de Bel Air qui jouxte leurs maisons. Leur revendication ? Obtenir un travail dans l’une de ces entreprises.
« On a apporté des CV dans ces boîtes qui nous entourent pour leur proposer nos services mais aucune ne nous a répondu favorablement. Ce n’est pas normal que des magasins et des artisans situés au cœur de notre quartier préfèrent embaucher des gens extérieurs plutôt que de donner du boulot à ceux qui habitent ici et qui en ont besoin ». C’est en ces termes que les manifestants qui bloquaient hier les voies de circulation situées dans la zone de Bel Air présentaient les causes de leur mouvement. Et un autre jeune d’ajouter, à rebours des demandes formulées par les jeunes des autres quartiers de la commune : « Nous, ce n’est pas un petit contrat de 6 mois à la mairie que l’on veut. On veut un vrai travail, dans une entreprise. On veut pouvoir nourrir nos familles décemment avec un salaire de 1000 euros ».
Il était très tôt hier matin quand les premiers barrages ont été érigés dans ce quartier de Saint-Louis qui avait, pour le moment, été épargné par les manifestations et les violences liées à la colère des jeunes sans emploi. Peu avant 7 heures déjà, aucun véhicule ne pouvait circuler entre Mr. Bricolage et Hyper U. « On n’est pas des méchants. On veut juste se faire entendre. La société ne veut pas de nous. On est pourtant plein de bonne volonté et d’envie de travailler. On ne demande qu’à être inséré », confie l’un des leaders du mouvement des jeunes de l’Étang. Des jeunes âgés de 18 à 35 ans, presque tous pères de famille. Certains sont diplômés de BEP ou de CAP. Ils galèrent tous pour trouver un emploi et rêvent d’un CDI comme d’autres de gagner au Loto.
BARRAGES LEVÉS CONTRE RENDEZ-VOUS AVEC LE MAIRE
La manifestation n’aura pas duré hier matin dans la ZI de Bel Air. Avant 11 heures, il ne restait plus rien des barrages et barricades. C’est la promesse d’une rencontre ce matin à 9 heures avec le maire de leur commune qui a décidé les jeunes à quitter le milieu de la chaussée. « On aimerait qu’il agisse en notre faveur pour que les entreprises présentes dans cette zone reconsidèrent notre candidature. Ça me semblerait normal que des gars et des filles d’ici puissent travailler au Score, à l’Hyper U, à Monsieur Bricolage… », espère un jeune papa âgé de 21 ans et déjà en charge de 5 enfants.
Un autre renchérit : « Ce n’est quand même pas normal lorsque mon marmaille me demande d’aller manger chez Quick, juste à côté de chez nous, je suis obligé de lui refuser. Pas normal non plus qu’il reçoive l’exemple d’un papa qui passe son temps à zoner dans le quartier parce qu’il ne trouve aucun débouché ».
Les jeunes, qui ont accepté de lever le camp hier en l’échange d’un rendez-vous avec la municipalité, disent qu’ils accepteraient un contrat aidé si on n’avait rien d’autre à leur offrir. « Mais, pour nous, un ti contrat de 6 mois, c’est vraiment pas ce qu’on recherche en tant que papa. On a besoin de plus de stabilité et de lisibilité quant à l’avenir ».
Les jeunes de l’Étang, qui s’estiment oubliés par la commune au profit d’autres quartiers ou bien d’autres individus plus proches du maire et de son directeur de cabinet, préviennent : « Si nos responsables font la sourde oreille et qu’ils refusent de nous entendre, on va les déboucher ! » « On est prêt à faire ce qu’il faut, même si on doit casser, pour avoir du boulot », achève un autre jeune de l’Étang.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Clicanoo.re, 20 février 2013)
Pierrefonds : après la révolte, le calme reste précaire
Fin novembre, une cinquantaine d’habitants de Pierrefonds envahissent les locaux de la Civis après avoir occupé, la veille, le centre administratif du quartier. En colère, ils réclament des contrats aidés pour leurs jeunes. Ils sont particulièrement irrités par l’embauche d’une personne, issue d’un autre quartier de Saint-Pierre, au sein de leur centre administratif. Ils dénoncent également les promesses électorales jamais tenues. Pour ramener le calme, David Lorion, adjoint municipal, propose 12 contrats aidés et promet que le maire, hors département ce jour-là, recevra la population. Trois mois plus tard, le calme est revenu dans le quartier. Le maire a reçu quelques habitants et cinq à six contrats ont déjà été distribués. Cinq autres doivent suivre afin de renforcer l’association « Marmaille l’usine ». « La mairie nous dit toujours que ces contrats seront bientôt créés. Mais on ne voit rien venir », peste l’un des leaders de la contestation du mois de novembre.
GARE AUX DÉSILLUSIONS
Si la révolte est passée, l’ambiance générale « reste toujours tendue », reconnaît celui-ci. Car le sentiment d’abandon est vivace. Déplacés en urgence de « Ti Paris » suite au cyclone Firinga, aux débuts des années 90, ils ont vu leur maison se dégrader au fil des années au point souvent d’en devenir insalubre. Les voiries sont également en piteux état. Et le seul parc pour enfant du quartier n’est même pas entièrement clôturé. Propriétaires de leur maison, ils n’ont pas les moyens de les remettre en état. Une opération de résorption de l’habitat insalubre est en cours et les travaux devraient commencer dans les prochains mois. Conscient de la baisse du nombre de contrats, les riverains ne sont pas fatalistes. « À l’avenir, on aura peut-être plus besoin de la mairie, affirme l’un d’eux. La création de la zone d’activité de Pierrefonds va nous aider, à condition que les entreprises embauchent des gens du quartier. Deux habitants ont travaillé sur les travaux du pont de la rivière Saint-Étienne et la nouvelle clinique a déjà permis d’embaucher 4 ou 5 personnes. C’est déjà ça, même si elle avait promis de prendre 10 à 12 gens du quartier ». Autant de perspectives qui permettent de maintenir le calme. Mais gare aux désillusions.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Clicanoo.re, 20 février 2013)
Saint-Paul : Ils bloquent la route et finissent en garde à vue
Ils réclamaient la venue de la députée-maire Huguette Bello mais ce sont les gendarmes du secteur qui ont débarqué. Hier matin, vers 7h30, cinq habitants du quartier de Fleurimont avaient décidé de monter un barrage sur la route près de la mairie annexe, avec les mêmes revendications que les manifestants de la Rivière-des-Galets. Ils ont eux été rapidement interpellés et placés en garde à vue. Trois d’entre eux sont convoqués devant le tribunal pour le délit d’entrave à la circulation. Les deux autres ont fait l’objet d’un rappel à la loi.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Clicanoo.re, 20 février 2013)
Heurts à La Réunion
Des heurts entre jeunes et forces de l’ordre se sont produits dans la nuit de lundi à mardi 19 février à La Réunion, au Port, après un jour de blocage routier dû à des barrages installés par des manifestants réclamant du travail.
Les affrontements ont duré une bonne partie de la nuit dans plusieurs quartiers de cette commune, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Denis, selon des témoins. Aux grenades lacrymogènes tirées par les gendarmes mobiles, les manifestants ont répliqué par des jets de pierre et de cocktail Molotov dans le secteur de la Rivière de galets et la cité Rico Carpaye. Des poubelles ont été incendiées un peu partout dans la ville, où le calme est revenu à 1 heure du matin.
DEMANDES DE CONTRATS AIDÉS
Les affrontements ont démarré après la levée d’un barrage routier installé par des jeunes qui réclamaient des contrats aidés de la mairie, barrage qui a provoqué des embouteillages monstres sur une artère clé. Une réunion entre le maire du Port, Jean-Yves Langenier (PCR), et une délégation de jeunes dans l’après-midi n’a pas abouti. « La commune n’a pas les moyens de régler seule les problèmes du chômage », a dit le maire.
Dans le sud de l’île, des jeunes ont aussi bloqué un carrefour à Saint-Pierre et brûlé des poubelles, avant d’être rapidement délogés par les forces de l’ordre. Depuis quelques jours, des barrages routiers ont été installés dans plusieurs communes par de petits groupes de jeunes réclamant des emplois.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 19 février 2013)