Cet après-midi [23 juillet], des militants No Borders ont mis en place une zone symbolique de contrôles de « l’Europe forteresse » à l’extérieur de la Cité Europe. Le principe de l’action consistait à filtrer les entrées du très populaire centre commercial. Les clients qui souhaitaient entrer ont été contrôlés selon des règles totalement arbitraires comme sur une frontière réelle. Ceux qui ne répondaient pas à ces critères furent bloqués et furent redirigés vers le centre de rétention de Coquelle dans la rue opposée.
Cette factice zone de sécurité parodie la farce des contrôles d’identités et des frontières qui séparent et persécutent les gens selon leurs races, leurs nationalités ou encore leurs provenances.
Durant l’été de nombreux vacanciers profitent de leurs congés annuels et s’échappent hors d’Europe pour se détendrent, mais pour beaucoup d’autres, qui sont bloqués par la frontière franco-britannique, Calais est tout sauf un lieu de détente.
La gestion de la frontière et le système capitaliste infligent à ces indésirables un régime quotidien de misères, violences, arrestations arbitraires, gazages et ajouté à cela, la destruction des derniers biens qu’ils possèdent.
De nombreux hommes, femmes et enfants sont contraints à la vie dans l’ombre des rues calaisiennes. Eux qui viennent de pays comme le Soudan, l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran, la Somalie, la Palestine, la Syrie et la Libye, pays ravagés par la guerre, la pauvreté ou la famine.
Ils sont assujettis à des politiques visant à les rabaisser continuellement ainsi qu’à les rendre invisibles. Les gouvernements britannique et français sont en première ligne et tentent de normaliser cette violence d’État !
La triste réalité pour eux n’est donc pas seulement liée au fait d’avoir été déplacés mais aussi au fait de ne pas savoir de quoi sera fait leur avenir.
Cette attitude fait partie d’une vaste politique européenne de fermeture et contrôle des frontières qui empêche ainsi les gens de fuir les guerres et la misère. Au cours des mois passés, environs 2000 réfugiés sont morts en mer Mediterranée en tentant de fuir la guerre en Libye. Les responsables de Frontex (l’agence Européenne de sécurisation des frontières extérieures) ont préféré envoyer leurs puissant navires afin de repousser les petites embarcations des migrants vers leurs pays d’origine plutôt que de venir en aide aux nombreux naufragés.
À Calais, lors des dernières semaines, la répression envers les migrants a repris de plus belle en commençant par l’éviction du plus grand squat. Ce lieu surnommé « Africa House » était le lieu de vie de plus de 100 personnes avec et sans papiers. Cette expulsion de masse fut suivie d’actions similaires contre les autres logements de fortune de la ville, le tout ponctué par les arrestations et les destructions d’affaires personnelles.
Il est temps aujourd’hui d’abolir ces nombreuses et immondes lois visant à contrôler et réprimer les populations. Nous militons donc pour l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation ainsi que la fin de la rétention administrative par l’intermédiaire de la fermeture de tout les centres de rétention (camps de concentrations modernes de l’Europe Forteresse).
No Border dénonce aujourd’hui par la même occasion la complaisance des services policiers et des services municipaux face aux ordres immondes qui leurs sont données, ainsi que la complicité aveugle des témoins qui préfèrent rester silencieux plutôt que s’opposer à cette répression généralisée. Nous sommes tous humains et ensemble nous pourront lutter contre l’hypocrisie des contrôles frontaliers.
Pas de frontières, pas de nations, pas de déportations
No Border Calais, 23 juillet 2011.