Une « bavure » policière tourne à l’affrontement : cinq morts au Caire
Cinq personnes au total ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche dans un quartier du nord du Caire en raison d’une « bavure » policière meurtrière et d’affrontements avec la population qui ont suivi, a-t-on appris de sources officielles.
Les heurts ont éclaté à la suite de la mort d’une personne, tuée par accident par un policier qui était à la poursuite d’un trafiquant de drogue, a indiqué un membre des services de sécurité.
Des proches et des voisins se sont alors rassemblés devant un commissariat du quartier de Choubra el-Kheima, qu’ils ont attaqué avec des armes à feu et des cocktail molotov, selon cette source.
Quatre attaquants ont été tués dans les affrontements, soit cinq morts au total avec la première victime, selon un bilan actualisé publié par le ministère de la Santé, qui avait fait initialement état de quatre morts. Douze autres personnes ont été blessées, dont deux policiers et un soldat.
Les incidents pour diverses raisons, politiques ou non [sic – NdJL], entre la police et la population se sont multipliés en Égypte depuis la révolte qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak début 2011, et la perte d’autorité de l’appareil policier autrefois tout-puissant.
L’armée est depuis fréquemment appelée en renfort de la police largement discréditée pour des opérations d’ordre public.
Des accrochages ont également eu lieu dimanche pour la deuxième journée consécutive devant un tribunal d’Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, entre des manifestants et les forces de l’ordre, ont rapporté les médias égyptiens.
Les manifestants demandent un verdict exemplaire pour des responsables de la sécurité de la ville, en cours de jugement pour des violences policières ayant fait des morts et des blessés durant le soulèvement d’il y a deux ans.
Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer, 20 janvier 2013)
Égypte : nouvel affrontement entre policiers et manifestants
La confrontation est survenue une semaine avant que le pays ne marque le deuxième anniversaire du soulèvement qui a chassé du pouvoir son dirigeant autocrate de longue date, Hosni Moubarak.
La police antiémeute égyptienne a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des dizaines de manifestants qui lançaient des roches samedi à l’extérieur d’un tribunal d’Alexandrie où l’ancien directeur de la sécurité de la ville et d’autres responsables sont actuellement jugés en lien avec les décès de plusieurs protestataires lors du soulèvement de 2011 en Égypte.
La confrontation est survenue une semaine avant que le pays ne marque le deuxième anniversaire du soulèvement qui a chassé du pouvoir son dirigeant autocrate de longue date, Hosni Moubarak. Un tel événement souligne la frustration sur la vitesse des réformes exprimée par plusieurs dans le pays le plus populeux du monde arabe.
Mohammed Ibrahim, l’ancien directeur de la sécurité d’Alexandrie, et cinq policiers sont accusés d’avoir fait preuve de violence excessive pour mettre fin à la révolte de 18 jours. À Alexandrie, tout comme ailleurs en Égypte, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues au cours des deux dernières années exigeant « qisas », revanche en arabe, pour ceux tués lors d’affrontements avec les forces de sécurité.
Les proches des défunts disent avoir peu confiance envers le système judiciaire ou les enquêtes policières.
Selon Ramadan Ahmed, dont le fils Mohammed, âgé de 16 ans, a été tué par balle lors d’affrontements à l’extérieur d’un poste de police d’Alexandrie, « c’est une longue chaîne de corruption ».
Près de 100 policiers ont été traduits en justice jusqu’à maintenant pour avoir tué ou blessé des contestataires depuis la destitution de Moubarak, le 11 février 2011. Tous les cas se sont soldés par un acquittement ou une sentence avec sursis.
Les affrontements de samedi ont commencé alors que des militants de défense des droits de l’homme et les proches de ceux tués à Alexandrie manifestaient au tribunal. La plupart de leurs slogans ciblaient la police, mais on ne sait pas ce qui a déclenché la violence. Au moins trois manifestants et trois policiers antiémeutes ont nécessité des soins médicaux pour inhalation de gaz et des blessures causées par des roches, selon des témoins et les médias d’État.
Plus tard dans la journée, de nouveaux affrontements se sont déclenchés lorsque le juge Mohammed Hammad Abdel-Hadi a empêché les procureurs d’appeler des témoins à la barre.
Environ 300 Égyptiens ont perdu la vie à Alexandrie durant le soulèvement de 18 jours sur un total de plus de 900 pour l’ensemble de l’Égypte.
Hosni Moubarak et l’ancien ministre de l’Intérieur ont été condamnés à la prison à vie pour ne pas avoir essayé de mettre un terme au massacre et ont obtenu cette semaine un nouveau procès.
Dans un autre cas impliquant des manifestants, une cour criminelle égyptienne a évoqué samedi une amnistie présidentielle pour annuler les accusations qui pesaient contre 379 personnes soupçonnées d’avoir participé à des affrontements avec la police ayant fait 42 morts au Caire en novembre 2011.
Les protestataires avaient manifesté près du ministère de l’Intérieur et de la place Tahrir pendant près de deux semaines afin de demander la tenue d’élections présidentielles et dénoncer la violence policière contre les grèves d’occupation.
Depuis la révolte en Égypte, des failles dans la sécurité et l’affaiblissement des forces policières en ont laissé plusieurs avec un sentiment accru de vulnérabilité, particulièrement dans la minorité chrétienne copte.
Samedi, la police a annoncé l’arrestation de sept suspects soupçonnés d’avoir attaqué des magasins propriété de chrétiens dans le village de Marashda, dans la province de Qena. Plusieurs commerces ont été incendiés tôt vendredi après des rumeurs qu’un villageois chrétien eut agressé sexuellement une fillette âgée de 6 ans.
Leur presse (Aya Batrawy, Associated Press, 19 janvier 2013)