Les manifestants arrivent petit à petit au RDV donné à 16 heures sur la Porte d’Aix. C’est l’occasion d’occuper la pelouse interdite depuis l’été dernier (suite à son occupation par les haragas puis par les Roms), de boire un thé ensemble, de poser une table de presse et de distribuer des tracts aux alentours : le texte d’appel à la manif ‘ (en français et en arabe), un texte écrit pour la manif’, « et BIM! » (en français et en arabe aussi).
À Marseille (et pas que…), ça fait un moment qu’on s’en prend plein la gueule : occupation policière et militaire massive, expropriations et expulsions en pagaille, restructurations en tout genre, Marseille 2013 et autres joyeusetés. Au lieu de riposter contre un ennemi commun, on s’enfonce dans une guerre des pauvres contre les pauvres : organisation de groupes « d’auto-défense » de citoyens contre les Roms, les voleurs, les mendiants etc., expulsions de camps de Roms par leurs voisins armés… Cette manif’ contre la traque aux pauvres était une réponse à ce contexte.
Vers 17 heures nous sommes environ un peu plus que 200. Nous nous mettons en route en direction du Centre de rétention du Canet, avec une banderole de tête sur laquelle est écrit : « contre la misère et l’exploitation, on s’en fout du droit, on n’aura que ce qu’on prendra ». Deux autres banderoles, sur lesquelles on peut lire : « sans-papiers ni frontières » et « on veut pas de vos miettes, étouffez-vous avec », encadrent la manif’.
Aux cris de « contre la misère et l’exploitation, à bas l’État, les flics et les patrons », « ni flics, ni fric, ni expulsions », nous empruntons la rue d’Aix en bloquant la circulation. Les premiers fumigènes sont allumés et les premiers pétards éclatent. À noter qu’aucun parti ou orga n’ont de place.
Tout au long du parcours, les tracts sont largement distribués et partout nous rencontrons un accueil chaleureux et enthousiaste ! Véridique, on avait jamais vu ça à Marseille. Même les automobilistes et les bus klaxonnaient pour nous soutenir (alors que d’habitude, quand ils klaxonnent, c’est avant de nous foncer dessus). Les critiques abordées dans les tracts et à travers les slogans et les banderoles (précarité, frontières, exploitation…), font écho au vécu de chacun. Des personnes rejoignent la manif. Spéciale dédicace aux ado-e-s qui ont pris le micro boulevard national.
Nous arrivons devant le centre, l’accès est bloqué par les gendarmes mobiles. Nous restons là un moment à faire le plus de bruit possible et à jeter des pétards. Nous décidons de partir.
On remonte Plombière et nous nous arrêtons un moment devant la gendarmerie squattée par des Roms. Ensuite, nous nous dispersons tranquillement. Certains d’entre nous rentrent en bus gratuit. Le chauffeur a vu passer la manif, il les accueille à bras ouverts.
On est content, c’était une chouette manif, vivement la prochaine.
Lutte de CRAs, 21 décembre 2012