« Monsieur a le crachat facile »
Tribunal correctionnel de Châteauroux. Sept mois ferme et 200 € d’amende pour avoir craché et traité de noms d’oiseaux un surveillant pénitentiaire à la maison d’arrêt.
Petit préambule avant d’entrer dans le box des accusés. Le prévenu encadré par les forces de police interpelle un homme dans la salle d’audience. « Qu’est ce que fait votre frère ici ? », interroge, d’emblée, la présidente, Anne-Françoise Bregaud. « Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, c’était l’occasion », répond le prévenu qui doit répondre d’outrage à personne ayant autorité.
Détenu à la maison d’arrêt de Châteauroux pour des faits similaires, et donc en état de récidive légale, le prévenu, un trentenaire, est accusé d’avoir par deux fois, le 30 mai 2012 et le 4 juin, traité de « bâtard » et d’autres noms d’oiseaux, un surveillant qui lui avait apporté un papier à signer. En plus des insultes, il aurait craché à deux reprises : une fois sur le bras et une fois au visage du même surveillant. « Il tentait de m’intimider et voulait me faire signer un papier sans que je l’aie lu. Je ne suis pas là pour me plaindre. Tout ce que je voulais, c’est ne plus avoir à faire à lui. » « Vous avez demandé par téléphone à votre frère de “filocher” ce surveillant, ça veut dire quoi ? », questionne la présidente Bregaud, rapportant des échanges téléphoniques sibyllins du prévenu avec son frère (d’où l’inquiétude du début d’audience).
La défense, Me Aurélie Carré, avancera « l’impulsivité de son client ». Me Philippe Talbot, avocat de la partie civile, lancera : « Monsieur a le crachat facile ». Une assertion que ne contestera pas le prévenu, admettant juste que la cible n’a jamais été le surveillant pénitentiaire. Néanmoins, son attitude peu amène avec les surveillants en général lui vaudra trente jours de quartier disciplinaire. Ce sera l’argument majeur de Me Carré s’interrogeant sur « ce que vaut la parole d’un détenu ? » et ajoutant « que le tempérament de mon client lui coûte cher ».
Le procureur, Alice Leclerc, dans sa réquisition, réclamera dans le cadre de la récidive légale, dix mois ferme. Le tribunal après en avoir délibéré a condamné l’homme à 7 mois ferme et 200 € de dommages et intérêts pour les 400 € réclamés par l’avocat de la partie civile.
Presse carcérale (Patricia Lange, lanouvellerepublique.fr, 18 septembre 2012)