[Ni héros ni martyr] « Un sourire, ma tête d’innocent » (Lionel Reinaudo)

Toulouse. Procès de Lionel Reinaudo, un braqueur hors-normes

Lionel Reinaudo, 28 ans, sera jugé à partir de mercredi à Toulouse pour avoir braqué et dévalisé plusieurs banques et bijouteries entre 2005 et 2007… durant ses deux années de cavale, après s’être évadé de la prison de Carcassonne. Ce malfrat aux pratiques particulières agissait toujours à visage découvert et muni d’armes hors d’usage.

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Condamné pour un rôle secondaire dans des braquages à 9 ans de réclusion, Reinaudo s’évade de la prison de Carcassonne en 2007 après seulement un an de détention. S’ensuit une longue série d’attaques de banques et bijouteries, de Toulouse à Monaco. Le 12 octobre 2006, il attaque deux établissements bancaires à Agde en l’espace d’une heure. Il enchaîne à Revel où il s’en prend à deux reprises à la même agence de la Société Générale. La seconde fois, il attendra une heure devant la salle des coffres, retenant en otage des employés, que l’un des responsables aille chercher les bonnes clés. Quelques semaines plus tard, Reinaudo aura l’audace de payer sa note d’hôtel avec des pièces de 2 euros provenant de l’un de ses méfaits.

600’000 euros de marchandises à Monaco

En avril 2007, il braque deux bijouteries toulousaines, dont la maison Bernadou, l’une des plus réputées de la ville. Il entre dans le magasin prétextant vouloir offrir un bijou et, une fois la vitrine déverrouillée, s’attaque au vendeur en l’attachant avec des menottes achetées la veille… dans un sex-shop !

C’est à Monaco que Lionel Reinaudo réalise son dernier vol, peut-être le plus marquant, le 30 mai 2007. Il entre dans la bijouterie Jasré, un bouquet de roses à la main, puis menace le gérant avec son arme, le ligote et dérobe pour 600’000 euros de marchandises. Mais avant de quitter les lieux, il prend le temps de fumer tranquillement deux cigarettes et de laisser sur le comptoir son fusil à pompe à canon scié… sans munition à l’intérieur.

Surnommé « Chance » dans son enfance

Ce jeune braqueur hors-normes a toujours agi avec une incroyable assurance et sans violence physique. Ses victimes sont d’ailleurs surprises par son calme et sa désinvolture : il se moque d’être filmé et agit toujours sans gants ni cagoule. Cette propension au vol s’est manifestée très tôt chez Lionel Reinaudo. Celui que l’on surnommait « Chance » dans son enfance car il avait le don de ne jamais des faire prendre, commence à voler dès l’âge de 12 ans. L’enfant préfère dérober chez les autres que demander un peu d’argent à une mère qui parvient difficilement à joindre les deux bouts. Le patron d’un magasin va d’ailleurs le coincer mais lui propose de ne pas appeler la police si Lionel lui ramène des cartes bancaires volées.

Une première plongée dans la délinquance qui ne va plus le quitter. Mais son avocat Maître Emmanuel Tricoire ne voit pas son client comme un grand malfrat dangereux : « Nous ne sommes pas dans le grand banditisme. Il agit à la fois par nécessité, sans doute par jeu et tout ça dans une course folle dont il est persuadé qu’elle va mal finir. Il a une forme d’honneur, un rejet absolu de la violence, à aucun moment il n’a été physiquement violent », même si Emmanuel Tricoire admet que ses victimes aient pu souffrir d’une « violence psychologique ».

« Nous ne sommes pas dans le grand banditisme »

Concernant le butin engrangé par Lionel Reinado durant sa cavale, son avocat assure que les bijoux de Monaco n’ont été revendus que pour 15’000 euros et que l’accusé ne possède pas de trésor caché. Mais pour le défenseur de la bijouterie Bernadou à Toulouse, maître Xavier Ribaute, il est surprenant qu’aucun butin n’ait été retrouvé et il juge également les sommes tirées de la revente des bijoux « complètement irréalistes ».

Déjà condamné pour un rôle secondaire dans des braquages (9 ans), son évasion de la prison de Carcassonne fin 2005 (2 ans), pour des cambriolages sur la côte méditerranéenne (2 ans) et l’attaque de deux banques et une bijouterie (13 ans), Lionel Reinaudo encourt cette fois la réclusion criminelle à perpétuité devant les assises de la Haute-Garonne. Il devra y répondre d’une douzaine de braquages commis pendant sa cavale.

Presse multirécidiviste (LaDepeche.fr avec agences, 12 juin 2012)


Toulouse. Lionel Reinaudo, petit bonhomme sacré braqueur

Lionel Reinaudo, 27 ans, comparaît aujourd’hui devant la cour d’assises de la Haute-Garonne. Il s’expliquera sur treize braquages dont deux bijouteries, à Toulouse et Monaco. Portrait d’un petit bonhomme devenu un sacré braqueur.

À quoi tient une vie d’homme ? Lionel Reinaudo, du haut de son mètre 67 aurait pu devenir une star du ballon rond, façon Alain Giresse. Il en avait le talent, paraît-il. Seulement à 12 -13 ans, à force de piquer dans les rayons des magasins du Cap d’Agde, ce Sétois a énervé un commerçant. Il aurait dû ramener ce fils de carreleur et de secrétaire, solidement tenu par l’oreille. L’homme a préféré un autre marché : « Ramène-moi des cartes bancaires étrangères ! On peut tirer jusqu’à 3500 €… »

Un premier pas du mauvais côté, d’autres vont suivre. À 18 ans Lionel Reinaudo tente l’infanterie de marine mais il est réformé. Alors « par amitié », à 19 ans en décembre 2002, il franchit pour la première fois le sas d’une banque l’arme à la main. Puis une autre agence en janvier 2003. L’addition se solde devant la cour d’assises de l’Aude en octobre 2005. Lionel Reinaudo, libre et confiant, est condamné à 9 ans de prison. « Avec cette condamnation, ils m’ont tué », admet-il après coup. Deux mois plus tard il s’évade ! Son frère est venu le chercher. La cavale va durer deux ans.

« Les rêves brisés transforment les songeurs en braqueurs ! »

Avec des hauts, des bas, des braquages minables et un coup de Prince, à Monaco. Tabac, station-essence, supérette, banques, il attaque semaine après semaine. Six hold-up en deux mois. « Pour survivre… », s’excuse-t-il. Des armes, jamais chargées. « Il y a deux choses graves à ne jamais faire : vendre de la drogue et tuer quelqu’un », affirme Reinaudo à un juge d’instruction de Béziers. Gueule de premier communiant, il passe partout. « Un sourire, ma tête d’innocent… Combien de fois je me suis faufilé ainsi à travers les contrôles », confie-t-il après son arrestation. Il pousse même le défi jusqu’à accompagner un copain signer son contrôle judiciaire au commissariat central de Toulouse. Pourtant, il vient de dévaliser une bijouterie dans la Ville rose.

« J’en avais assez des petits braquages. Un copain m’a dit de monter sur des bijouteries », raconte le braqueur qui, le 12 octobre 2006, a attaqué deux banques en 30 minutes à Agde. « Dans la première je n’avais pris que 74 €, je suis allé à la Poste… » Il dévalise une première bijouterie à Castelsarrasin en mars 2007 avec un complice. Un mois plus tard, il entre peu avant midi chez Bernardou, à deux pas des Carmes à Toulouse. Personne ne se méfie de ce client qui vient verser des arrhes pour « un cadeau ». Il sort une arme et des menottes achetées la veille dans un sex-shop. Il repart avec 130’000 € de bijoux. À Monaco, un mois plus tard, il change de catégorie : 630’000 €, valeur d’achat ! Là aussi il a joué les faux clients. « J’allais braquer mais une femme et sa fille sont entrées. Jamais de braquage avec des enfants ou des personnes âgées ! » Une heure plus tard, il prend tout, ou presque. Il a oublié les montres. « Les sacs étaient tellement lourds je n’arrivais pas à conduire ma moto ! » Janvier 2008, les gendarmes mettent fin à sa cavale. En prison, il attend ses rendez-vous judiciaires. Il assure qu’il ne lui reste plus un euro de son errance de voyou. « J’ai voulu la vie d’artiste, je le regrette ». Les experts ne semblent pas trop croire à cette résilience. Lionel Reinaudo demeure philosophe : « Les rêves brisés transforment les songeurs en braqueurs ! »

Traqué jusque dans un club libertin !

La police judiciaire de Montpellier, leurs collègues de Toulouse, les gendarmes des sections recherches de Toulouse, de Marseille… Lionel Reinaudo était traqué par tous les services entre décembre 2005 et janvier 2008. Finalement, ce sont les gendarmes de Toulouse qui ont mis fin à sa cavale le 12 janvier 2012 à Villeneuve-Loubet, près de Cannes. Mais pour attraper ce « loup solitaire », la traque a été longue, compliquée. Les gendarmes ont même monté une souricière dans un club libertin du Cap d’Agde, Le Glamour. « C’était son anniversaire, le 20 octobre 2007. Son frère organisait une soirée… » Les enquêteurs de la SR de Toulouse et une équipe du GIGN se sont glissés au milieu des couples libertins, prêts à bondir. Mais Lionel Reinaudo n’a jamais passé la porte…

Presse multirécidiviste (Jean Cohadon, LaDepeche.fr, 13 juin 2012)

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