FIN DE PRINTEMPS À KIEV (3-11 juin 2014)
Kiev, début juin 2014, un peu plus de trois mois après la fuite en catastrophe du tyran mafieux, la révolution dite « Euromaidan » se poursuit. Maïdan c’est d’abord l’occupation de la place de l’Indépendance, qui durera jusqu’à début août. Les checkpoints aux entrées contrôlent les voitures mais les piétons, Kiévois et touristes, circulent librement. La place, organisée sur le modèle des campements de la cavalerie cosaque, est encore remplie de tentes militaires mais les barricades, fleuries en hommage aux martyrs de la « Centurie céleste », commencent à être grignotées petit à petit, jour après jour.
Ce n’est plus le fer de lance de l’autodéfense contre la police anti-émeute qui est sur place, la plupart d’entre eux étant déjà partis former les premiers bataillons de volontaires pour combattre sur le front de l’Est. Demeurent les vieux, les trop jeunes, les blessés, les mal foutus et les excentriques. Mais au sein de ce dernier carré des occupants persiste une solide volonté : maintenir la pression sur le centre de Kiev, sur les bourgeois à grosses cylindrées et sur les nouveaux gouvernants fraîchement élus, maintenir l’esprit révolutionnaire de Maïdan contre tout le tragique des événements. La place reste un lieu d’expérimentation pour les utopistes, les rêveuses, les artistes et les guerriers cabossés.
Moins spectaculaire, Maïdan est aussi une gigantesque mobilisation de la « société civile » : par exemple, la poursuite et le développement des missions d’aide aux réfugiés (No Border Kiev), les exigences de justice et de « lustration » (coup de balai anticorruption)… La lutte continue en prenant soi-même en mains les affaires importantes, aussi bien humanitaires que militaires, où les volontaires s’avèrent bien plus efficaces que les instances gouvernementales officielles. Ce sont ces activistes de la société civile qui avaient appelé les « journalistes, commentateurs et analystes » étrangers à cesser de répéter n’importe quoi pour venir voir de leurs propres yeux ce qui se passait en Ukraine (« Kyiv’s Euromaidan is a Liberation and not Extremist Mass Action of Civil Disobedience », 4 février 2014). C’est cet appel qui m’avait décidée à passer outre mes réticences pour aller découvrir ce grand pays en révolution, au-delà de toutes ces effrayantes histoires de fascistes et de nazis.
Voilà, en 65 photos, un aperçu du Maïdan à cette époque, et de quelques-unes et quelques-uns des acteurs qui le faisaient vivre au quotidien.
Les héros ne meurent pas !
Barbara Serré-Becherini
Radio.Graphie