GARDIEN DE LA PAIX, MON ŒIL
Montreuil, 8 juillet 2009, place du marché : alors qu’elles protestent contre l’expulsion d’un immeuble squatté, cinq personnes sont touchées par des tirs de flashball, à l’épaule, à la clavicule, à la nuque, au front ; Joachim perd un œil.
Montreuil, 14 octobre 2010, devant le lycée Jean Jaurès : un large mouvement contre la réforme des retraites secoue le pays, Geoffrey reçoit un tir de flashball dans l’œil alors qu’il bloque le lycée avec ses camarades.
À Noisy-le-Sec en 2012, Amine est tué d’une balle dans le dos par un policier. À Villemomble en 2013, Fatouma perd un œil suite à un tir de grenade de désencerclement. En 2014, la BAC tire au flashball dans un square du quartier de la Noue à Montreuil. Des histoires comme celles-ci il en existe tant, et nous sommes loin de toutes les connaître.
Le collectif huit juillet et les proches de Geoffrey appellent à une marche à Montreuil contre le flashball, contre les violences et l’impunité policières. Elle partira du lycée Jean Jaurès pour se rendre à la place du marché. D’une blessure à l’autre, d’une violence à l’autre, c’est le même combat qu’il nous faut mener.
Chaque fois que la police blesse ou tue, politiques et médias reprennent le même scénario. Ils transforment les victimes en coupables a priori : casseur, délinquant, hooligan, clandestin… Ces catégories cibles, sur lesquelles la police peut tirer sans craindre d’être inquiétée, visent à empêcher de se sentir concerné par ces histoires et de se solidariser.
Ces derniers mois, la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade militaire, a résonné avec les mobilisations aux États-Unis suite à l’assassinat de jeunes noirs par la police et à plusieurs acquittements de policiers tueurs. Pendant quelques temps la violence de la police et de l’État était sur le devant de la scène publique.
Les attentats de ce début d’année, ou plutôt l’usage qui est fait de ce drame pour mieux nous gouverner par la peur, risquent de balayer une légitime défiance envers des institutions de plus en plus violentes, et de transformer les victimes de la police en dommages collatéraux de la guerre au terrorisme.
La guerre contre le terrorisme est le récit dans lequel ceux qui nous gouvernent voudraient nous entraîner, dans lequel nous devrions faire corps avec eux, acceptant inconditionnellement leur gouvernement. Ce récit vient recouvrir une politique qui se fait contre la population, et contre tout ce qui y résiste. Il s’ajoute à la petite musique quotidienne jouée par les médias pour nous faire accepter ce monde – sa police, sa violence économique, ses réformes destructrices, ses grands projets absurdes, ses plans de rigueurs, ses inégalités naturelles, ses sacrifices obligés, sa concurrence de tous contre tous.
Ne nous laissons pas diviser. Nous avons d’autres histoires à raconter. À nous de les dire et de les rendre visibles.
MARCHE CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES
SAMEDI 14 FÉVRIER à 14h30
départ du lycée Jean Jaurès,
au début de la rue Dombasle à Montreuil
M° Mairie de Montreuil
En novembre 2014 se sont rencontrés une quinzaine de blessés par flashball et leurs proches, venus de toute la France. De cette rencontre est née l’Assemblée des blessés, des familles, et des collectifs contre les violences policières.
Le 21 février 2015 — un an après la manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où la police avait éborgné trois personnes en une journée — le collectif huit juillet et les proches de Geoffrey se rendront à Nantes avec l’Assemblée des blessés pour participer à la manifestation de solidarité avec les ZAD (zone à défendre) et contre les violences d’État qu’elles soient économiques, sociales ou policières.
Le 21 février une manifestation en soutien aux ZAD et contre le monde des bétonneurs aura également lieu à Toulouse.
Collectif huit juillet – mailing, 5 février 2015