Soirée d’information et de soutien à la création d’un centre documentaire antiautoritaire en milieu paysan
Jeudi 30 octobre à 20 heures au CICP 21 ter rue Voltaire 75011 PARIS
Ciné Pelloche, Étais d’Émancipation et Germinal organisent une soirée d’information et de soutien à la création d’un centre documentaire antiautoritaire en milieu paysan. Probable projection, selon les désirs de l’assistance, d’un film en 16 mm. Quelques jolis morceaux de cinéma burlesque.
Ignorance programmée et culture du secret sont des éléments capitaux de toutes les stratégies de détention du pouvoir. Interdiction était faite aux esclaves d’apprendre à lire mais ils savaient chanter. Le cante hondo du flamenco, le blues et d’autres formes, ailleurs et à différentes époques, avaient pu émerger et se répandre pour exprimer la culture vivante du peuple avec ses joies, ses peines et ses douleurs. Personne ne chante plus aujourd’hui sur les chantiers, usines, champs et ateliers. La marchandisation du monde est parvenue à liquider la culture autonome du peuple, subversive par nature, pour lui substituer une culture de masse prétendument populaire et « démocratisée ». Propagande masquée et publicité mercantile organisent avec une terrible efficacité le brouillage des lectures du monde et de son histoire.
Assis en bonne part sur l’organisation d’une amnésie collective, le monopole culturel exercé par la domination est une arme d’asservissement massif. Langage et mémoire sont au centre de la lutte pour ou contre le contrôle de la pensée publique, pour ou contre le contrôle des populations. Négliger l’action sur ce terrain n’est pas de nature à embellir la perspective d’un renversement de l’ordre oppressif et répressif du vieux monde.
Il ne manque pourtant pas de voix qui encore s’élèvent, mais en maints endroits sont dressés des murs dont le plus répandu, et non le moins redoutable, est celui du silence. Ou presque. Il est aussi d’autres voix plus anciennes, braises toujours incandescentes de la mémoire des « vaincus », qui demeurent conservées sous des formes diverses : livres, brochures, documents d’archives, tracts, films etc. qui ne sont pas non plus d’accès très facile. Et quand bien même le seraient-ils, ce ne sera jamais trop. De tels trésors existent. S’ils demeuraient en usage restreint, confidentiel et réservé aux intellectuels de profession, il y a fort à parier qu’ils perdraient de leur potentiel subversif et émancipateur.
Une accumulation de plus de 3000 livres, au moins autant de DVD, des centaines de brochures, des documents d’archives anarchosyndicalistes, des films sur support argentique et le matériel de projection adéquat en super 8, 16 et 35mm, attendent la construction du local de stockage et consultation qui permettra qu’en nombre on puisse en venir tirer tout le jus, toute la « substantifique moelle ».
Ce centre documentaire, avec les aménagements permettant des séjours de toutes durées, devait à l’origine être installé dans la « Ferme agropoétique de Malescalier » acquise, à cette fin, près de La Salvetat sur Agoût, dans l’Hérault. Il a fallu déchanter hélas et se rendre à l’évidence que les conditions géophysiques du lieu sont assez peu compatibles avec l’intégralité du projet. Il a donc été décidé de le déplacer de quelques kilomètres, toujours dans l’Hérault, du côté de Minerve, pour rejoindre la Ferme du Maquis et son collectif paysan de Cravirola.
Il reste un obstacle à franchir : le financement du local. Unies dans le projet, les associations Étais d’émancipation, Cinépelloche et Germinal œuvrent ensemble à la création d’un réseau de soutien, composé de petits groupes formés d’une dizaine d’individus chacun et dont chaque membre s’engagerait à cotiser de 1 à 5 € par mois sur une durée de 1 à 5 ans par exemple.
Pour obtenir des renseignements supplémentaires ou pour participer à une réunion d’information plus précise sur le projet et la mise en place du réseau de souscription, il suffit de le demander.
Paris Luttes Info, 27 octobre 2014