La stratégie anti-manif de la police britannique

La stratégie anti-manif de la police britannique

Selon le Guardian, la police procède à des arrestations et mise en liberté sous caution sans charge retenue, contre des personnes ayant seulement l’intention de participer à des manifestations.

http://juralib.noblogs.org/files/2014/12/0116.jpg

An anti-fracking campaigner, dressed as a riot policeman, takes part in a protest march near to the Barton Moss fracking exploration rig in January 2014.

« La mise en liberté sous caution est devenue un instrument utilisé (…) pour punir les manifestants et nier leur droit à manifester. La police mène sa propre justice extra-judiciaire sans aller devant aucun tribunal ». Interrogée par le Guardian, Rachel Harger, du cabinet d’avocats des droits de l’homme Bindmans, ne mâche pas ses mots alors que le quotidien britannique révèle des chiffres alarmants concernant la « tentative de la police de museler les mouvements de protestation » dans le pays.

Le Guardian publie jeudi 25 décembre les documents appuyant cette accusation. Depuis 2008, au moins 732 personnes ont été arrêtées en Angleterre et Pays de Galles sans jamais avoir été poursuivies ensuite pour aucune accusation, alors que ces derniers se rendaient à des manifestations autorisées.

Selon le Guardian, « les données montrent que près de 85% des personnes interdites de manifester de la sorte, n’ont pas été par la suite mises en accusation ». Les groupes de défense des libertés civiles accusent la police de recourir à leur propre justice et réclament un changement de la loi en matière d’arrestation et de mise en liberté sous caution.

Pour une réforme

Pour le « Network for Police Monitoring » (Réseau pour la surveillance de la police), un groupe d’activistes et de juristes qui accumulent les preuves de la stratégie policière : « La caution policière est utilisée comme un moyen de perturber l’activité de protestation sans faire face aux inconvénients de devoir passer par un processus juridique formel. En raison de la longue expérience de la police d’avoir abusé des modalités de conditions préalables à l’inculpation contre les manifestants de manière irresponsable, nous croyons que la seule solution est le retrait complet de ce pouvoir pour toutes les infractions liées aux manifestations », indique l’organisation au Guardian.

Le quotidien souligne qu’il n’y a « aucune limite de temps lorsqu’une personne est soumise à une caution sans charge et un sergent de garde n’a pas besoin de la permission d’un tribunal pour remettre une interdiction de manifester. Or, si elle est bafouée, le manifestant est passible d’arrestation pour violation de liberté sous caution ». Une stratégie qui permet ainsi, non seulement d’empêcher quelqu’un de rejoindre une manifestation, mais aussi de lui passer l’envie de retenter un autre jour.

Leur presse (Céline Lussato, tempsreel.nouvelobs.com, 26 décembre 2014)

Ce contenu a été publié dans La police travaille, Violences policières et idéologie sécuritaire, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.