[Déguerpissement à Missabougou (Bamako)] « Ce régime n’a que des larmes, des incendies et des gaz lacrymogènes à nous offrir »

Litige foncier à Missabougou : Le marché et le terrain de foot, mis à prix

Depuis mardi dernier, le quartier de Missabougou, en commune VI du District de Bamako, est sous tension. Des affrontements sanglants ont opposés les forces de l’Ordre aux paisibles populations qui se sont révoltées contre une éventuelle décision de morcellement de leur seul unique terrain de foot et marché public, situés juste à la montée du 3e pont de Yirimadio.

 La matinée du mardi 25 mars, a été particulièrement agitée entre les manifestants qui ont été chassés du marché qu’ils occupaient jusque- là. Les forces de l’Ordre, composées des éléments de la police du 13e arrondissement, appuyés par la Garde nationale et le GMS, ont utilisé des moyens rigoureux pour disperser la grande foule qui s’était emparée des lieux pour procéder à des marches avec barricades.

Des dégâts matériels ont été enregistrés au cours de l’émeute. Deux femmes ont été grièvement battues à sang. Plusieurs arrestations et interpellations ont, aussi, été menées. De quoi s’agit-il ?

Arrivé sur les lieux du Drame, votre reporter, après avoir été violenté et agressé par les forces de l’Ordre, bien qu’il se soit poliment présenté à eux, n’a pu avoir accès aux autorités communales présentes sur les lieux. Nous vous informons que ces dernières (autorités municipales) n’ont pas voulu se prononcer. Pourquoi ? De quoi se reprochent t-elle ? Est-ce la preuve que les actions qu’elles veulent entreprendre sont contraires aux normes légales ? Nous sommes tentés de le croire.

Selon des témoignages, il ressort que les autorités communales de la commune VI, en rapport avec celles du Centre secondaire d’État civil de Yirimadio chargée de la gestion de Missabougou, ont décidé de morceler et de vendre aux grands commerçants, le terrain de foot appartenant à la jeunesse et le marché, sans pour autant prendre des mesures d’accompagnement. Aucune  procédure de dédommagement n’a été  prévue. Ces terrains supposés être morcelés et destinés à abriter des magasins, couteraient plus de 4 millions de FCFA chacun. D’où la colère et l’indignation des habitants de Missabougou qui pointent du doigt le chef du quartier ainsi que les autorités communales. Par la suite, le domicile du chef  de quartier a été saccagé. Pour en savoir plus, nous avons saisi la mairie centrale qui déclare ne pas être ordonnateur de cette action. On comprend donc que le problème reste celui de la mairie de la commune VI qui a, de tout temps, été confronté à ce genre de situation. Jusqu’où cette affaire dégénéra ? Pour le moment, c’est la désolation et l’indignation chez les populations de Missabougou, très décidées à tout pour défendre leur intérêt. Affaire à suivre.

Jean Goïta, Le Pouce via MaliActu.net, 28 mars 2014

 

Suite aux travaux de réhabilitation du marche de Missabougou : Les jeunes s’en prennent violemment aux forces de l’ordre causant des blessés et des dégâts matériels importants

La journée du mardi 25 Mars 2014 a été très chaude pour certains éléments du Groupement mobile de sécurité (GMS) et des membres de la commission domaniale de la mairie de la Commune VI. En effet, arrivés sur place pour sécuriser les travaux de réhabilitation du marché de Missabougou, les jeunes dudit quartier ont agressé les éléments du GMS, mis à sac les domiciles du chef de quartier, Seydou Sangaré, et du responsable de la commission domaniale de la mairie de la Commune VI, Issa Traoré, avant de saccager le véhicule d’une douanière ayant secouru les policiers en danger de mort. Au moment où nous mettions sous presse, le Commissariat de police du 13e arrondissement était pris d’assaut par les populations qui exigeaient la libération des 41 meneurs de la fronde interpellés.

D’après les informations obtenues de sources policières, il y a environ un mois, la commission domaniale de la mairie de la Commune VI, dont dépend Missabougou, a voulu réhabiliter le marché du quartier que les jeunes considèrent, à tort, comme un espace public. Ils sont seraient aidés en cela par une frange de la population. Ce jour, les trois policiers réquisitionnés au niveau du poste de police de Missabougou, débordés, ont vite décampé.

L’opération a été reportée afin de pouvoir sécuriser au mieux les membres de la commission. C’est ainsi que le mardi 25 mars, 25 éléments du GMS, appuyés par certains de leurs collègues du poste de Missabougou, ont été mis à contribution pour la même opération. Très vite, ils seront envahis par les jeunes du quartier qui ne veulent pas entendre parler de la réhabilitation du marché au motif que l’espace est public et ne doit servir à autre chose. C’est ainsi qu’ils s’attaquent ouvertement aux policiers dont beaucoup ont été grièvement blessés, caillassent leurs véhicules de mission qui ont été sérieusement endommagés.

Comme si cela ne suffisait pas, ils s’en prennent également aux agents de la circulation routière postés juste à l’entrée du 3e pont. Très alertes, ceux-ci réussissent à prendre la clé des champs mais leur guérite est saccagée. De passage, une douanière ayant constaté que ses camarades d’armes sont en difficulté, a voulu les secourir.

Erreur, elle sera la cible des jeunes qui caillassent et détruisent sa voiture. Comme lors d’une révolution, ils se dirigent vers la maison du chef du quartier qu’ils saccagent, puis se dirigent vers celle du responsable de la commission domaniale qu’ils mettent à sac. Selon plusieurs témoins oculaires, les dégâts matériels y ont été très importants.

Afin de contenir ce qu’il convient d’appeler les émeutiers, un impressionnant renfort,  constitué de gardes républicains et de gendarmes, a été envoyé sur place.

Ces éléments ont procédé à l’interpellation de 41 personnes parmi les meneurs. Une source policière indique que les instigateurs de cette révolte qui ont été identifiés ont pris la fuite. Informés, le directeur régional de la police et plusieurs autres responsables politiques, administratifs et sécuritaires se sont rendus sur place pour témoigner leur solidarité avec les agents blessés au cours de leur mission commandée.

Nous y reviendrons !

Diakaridia Yossi, L’Indépendant via MaliActu.net, 27 mars 2014

 

Affrontement entre forces de sécurité et populations de Missabougou : Les autorités communales mises en cause

Décidément ! un oiseau de malheur s’est abattu sur la ville de Bamako. Après les incendies à répétition que les croyants attribuent à la volonté divine, c’est au tour des forces de sécurité de semer la terreur. Le mardi dernier, ils ont effectué une descente musclée au marché de Missabougou, balayant tout sur leur passage.

Cette rixe entre forces de sécurité et population est liée à une histoire de déguerpissement.

Avec la politique des nouvelles autorités de rendre la ville plus aérée et la circulation plus  fluide, des mesures parfois impopulaires ont été prises au grand dam des populations. Dans le cas de Missabougou, les occupants du marché principal ont été priés de vider les lieux, en échange, ils ont été autorisés à occuper un terrain vide.

Devant le refus du propriétaire de ce terrain, ils décident de retourner à leur lieu d’origine. Mal les en a pris. Le mardi matin, le maire Souleymane Dagnon lance à leurs trousses  les éléments de la police et  de la gendarmerie. On dénombre plusieurs blessés et des actes de pillages perpétrés par des policiers.

Ce comportement des flics a surpris plus d’un. Broulaye Konaté, boutiquier au marché, ne cache pas sa colère et sa tristesse : « les policiers m’ont contraint à fermer boutique, ensuite ils ont ouvert mon congélateur et ont pris des bouteilles de boisson et des sachets d’eau avant de m’insulter père et mère » a-t-il déploré, la mine serrée.

Le voisin de Konaté, Souleymane Coulibaly, un  chauffeur  qui  a eu le bras fracturé, n’a pas été épargné : ses huit enfants ont été gazés et ont même failli mourir d’asphyxie.

Mme Keita Naré Diakité, une septuagénaire, a été blessée au niveau du sein ; pour elle, cette situation est inacceptable : « ceux qui ont fait cet acte ne sont pas des policiers, c’est des délinquants, un bon policier ne se comporte pas de cette manière ».

Founeké Sissoko, un natif du quartier, était dans tous ses états lorsqu’on l’a rencontré, il était même en possession des douilles de gaz qui ont été lancées contre sa concession.

À l’origine de cette altercation, le déguerpissement du marché qui doit subir des aménagements. Cet argument ne convainc pas Founeké Sissoko qui pense que c’est un coup fourré que le maire prépare pour donner le lieu à des commerçants nantis.

Broulaye Konaté, lui non plus n’est pas convaincu par cet argument. Pire, il estime que la construction d’immeubles pour caser les commerçants est une histoire à dormir debout.

En tout cas, ce comportement des forces de l’ordre n’augure pas des lendemains meilleurs pour le nouveau pouvoir. Pour cet octogénaire : « à présent ce régime n’a que des larmes, des incendies et des gaz lacrymogènes à nous offrir ».

Interrogé, le maire délégué de Missabougou, M. Coulibaly, et le chef de village affirment que les ordres viennent du maire Souleymane Dagnon. Ce qui est sûr et certain, c’est que le climat social est loin d’être apaisé.

Badou S. Koba, Le Prétoire via MaliJet.com, 27 mars 2014

Ce contenu a été publié dans Aménagement du territoire - Urbanisme, Luttes pour la terre, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.