Casseurs de Nantes : l’étau se resserre
Quelque trois cents « activistes professionnels » proches de l’ultragauche sont dans le collimateur de la police.
L’étau se resserre sur les casseurs qui ont mis à sac une partie du centre-ville de Nantes samedi dernier, en marge de la manifestation hostile au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le jour des incidents, les forces de l’ordre avaient évoqué la présence d’environ 800 « militants radicaux ». Selon nos informations, les services chargés de décrypter en détail les scènes de guérilla urbaine ont recentré leur attention sur une nébuleuse d’environ 300 fauteurs de troubles, animés par un « noyau dur » d’« activistes professionnels » inspirés des redoutables « Black Blocs » ou gravitant dans la mouvance de l’ultragauche. Parfaitement rodés, ces techniciens du chaos jaillissent puis se replient dans les défilés grâce à la complaisance d’une partie des manifestants. Et ils entraînent dans leur sillage une cohorte de desperados massés en fin de cortège et rêvant du grand soir. « A priori, l’ampleur de la contestation a été sous-estimée », concède une source informée confiant que « la préfecture s’attendait à une mobilisation de 10.000 à 11.000 manifestants » quand, le jour J, s’en est présenté près du double. Un poste de police et le tribunal administratif barbouillés de rouge, des bâtiments publics maculés de tags, des caténaires des voies TGV caillassés et endommagés, des engins de chantiers enflammés et des vitrines de commerces brisées… CRS et gendarmes mobiles ont dû tirer quelque 1760 grenades lacrymogène avant de ramener la situation au calme.
Piqué au vif par ces « débordements inacceptables », Manuel Valls a repris dès mardi dernier à l’Assemblée nationale sa posture favorite, celle de l’intransigeance et de l’ordre républicain. Sans détour, il a pointé du doigt « les groupes violents de l’ultragauche et les anarcho-autonomes qui ne défendent aucune cause démocratique, qui sont là pour casser et s’en prendre aux forces de l’ordre ». Pris sous une pluie de projectiles divers, dont des plaques d’égout et des billes d’acier tirées par lance-pierres, 129 policiers et gendarmes avaient été blessés ou contusionnés. Huit d’entre eux avaient été évacués aux urgences. Martelant qu’« il ne pourrait y avoir de complaisance », quitte à déplaire à sa collègue du gouvernement Cécile Duflot, le ministre de l’Intérieur a prévenu qu’« un groupe d’enquête spécialisé, placé sous l’autorité judiciaire, exploite l’ensemble des images prises tout au long du parcours ».
La palme du désordre
Depuis lundi, dix policiers de la sûreté départementale de Loire-Atlantique se livrent à plein-temps à ce méticuleux travail d’identification. « Nous allons prendre tout le temps nécessaire et ceux qui seront reconnus répondront de leurs actes, quitte à ce que des mesures de dissolution soient prises si un groupuscule est identifié », confie-t-on au cabinet du ministre.
À Nantes, le dispositif, pourtant composé de 1300 membres des forces de l’ordre, dont 300 de la Sécurité publique, s’est soldé pour l’heure par un maigre bilan en terme d’interpellations : seuls 16 individus ont été appréhendés pour « violences à policiers », « attroupement armé », « recel de vol » et « dégradations ». « Très mouvants et extrêmement toniques lors de leurs opérations coups de poing, ces émeutiers professant l’idéologie autonome sont quasi insaisissables », grince un officier expert en maintien de l’ordre qui décerne la « palme du désordre » aux Black Blocs.
« Les Black Blocs constituent des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable. » — Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur
Nés en Allemagne dans les années 1980 avant de monter en puissance lors d’émeutes en marge du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999, ces anarchistes portant volontiers le masque blanc du film V pour Vendetta, des gilets pare-balles et boucliers de fortune, ont depuis lors appris à métamorphoser avec méthode les rassemblements altermondialistes en champ de bataille.
« Les Black Blocs constituent des groupes éphémères, dont l’objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable, confirme Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur. C’est la raison pour laquelle ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d’identification et d’interpellation. Ils s’habillent ainsi au dernier moment, et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées. » Compliqués à infiltrer, ces nihilistes refusent par définition toute hiérarchie, n’appartiennent à aucune structure et répondent à des mots d’ordre spontanés diffusés sur les réseaux sociaux. Certains slogans, comme « une balle = un flic », sont ensuite retrouvés peints sur les façades, comme à Nantes. Tandis que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et le Renseignement territorial (RT) patrouillent sur le Web, les stratèges du maintien de l’ordre réfléchissent à hisser le niveau de la riposte. Tout en sachant que le moindre dérapage, susceptible d’être filmé sur le vif et diffusé sur la Toile, aura des effets calamiteux.
Publié par des « journalistes professionnels » (Christophe Cornevin, LeFigaro.fr, 27 février 2014)
(…) « Leurs camarades allemands leur ont inspiré tout un savoir-faire, grimace un haut fonctionnaire. Aguerris et parfaitement organisés, ils échangent sur Internet des modes d’emplois sur la conduite à tenir en cas de garde à vue ou de perquisition… », poursuit-il.
« Ces ultraradicaux de gauche sont de tous les combats altermondialistes violents, explique pour sa part Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Ils ont une haine des forces de l’ordre. Hier, sur certaines façades à Nantes, on pouvait lire “une balle = un flic”. »
450 à 500 individus
Selon les services de renseignements, ces casseurs s’organisent autour d’un noyau dur de 450 à 500 individus très déterminés. « La plupart d’entre eux sont identifiés par nos services, confie un responsable du renseignement. Le gros de ces troupes, composé de nihilistes gravitant pour la plupart dans la mouvance autonome parisienne, est complété par des activistes issus de sections grenobloises ou toulousaines menant croisade contre les nanotechnologies, des militants situationnistes [LOL – NdJL] ou encore des radicaux venant de Rouen, un des berceaux des contestataires du mouvement Sud. »
Hostiles à « l’appareil répressif », au « fichage systématique », pourfendeurs des lois pénales et du système pénitentiaire, vomissant le capitalisme et la mondialisation, ces irréductibles se sont greffés au mouvement de contestation contre l’aéroport.
Sur le millier de fauteurs de troubles à Nantes, seuls 14 individus ont été placés en garde à vue pour violences à agents de la force publique, attroupement armé, recel de vol et actes de vandalisme. « Très mobiles, ils sont passés maîtres dans l’art de changer de physionomie et de vêtements en cours de manifestation », avoue un policier. Une façon de répondre à la polémique naissante sur l’arrivée à Nantes de centaines de radicaux censés être identifiés et surveillés. Par la voix du député Éric Ciotti, l’UMP a par ailleurs regretté dimanche le faible nombre d’interpellations et demandé « la dissolution des groupes d’extrême gauche violents ».
Publié par le savoir-faire français (Caroline Beyer, LeFigaro.fr, 23 février 2014)
(…) Manuel Valls a mis en cause le groupuscule d’extrême gauche « Black Bloc ». Faut-il le dissoudre et plus généralement renforcer la surveillance de l’ultragauche ?
C’est une bonne question, mais la réponse n’est malheureusement pas satisfaisante : on ne peut dissoudre ce qui n’existe pas, du moins officiellement. Ce que l’on appelle les Black Bloc ne sont pas des associations en bonne et due forme. Pas de listing d’adhérents, pas de déclaration en préfecture ! Ce sont des petites unités autonomes, sans hiérarchie ni réelle organisation. Ces groupuscules sont gérés de façon à faire échec aux poursuites classiques. On ne peut pas dissoudre un mouvement qui n’existe pas. Il faut adopter une démarche davantage calquée sur la lutte contre la criminalité.
Presse anti-émeute (Hugues Moutouh, conseiller spécial du ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire Merah, puis préfet, désormais avocat ; propos recueillis par Alexandre Devecchio, LeFigaro.fr, 24 février 2014)
Ping : Un panel des analyses politico-journalistiques après la manif de Nantes » Sous La Cendre
….des militants situationnistes…
Un spectre hante la Zad…
Debord, roi de France!