[20 octobre 2012]
Les révolutionnaires fashion
Les « zoulous » sont devenus des zoulettes. Tu as pris du galon, les petites mettent des talons tellement hauts que les jupes se sont rétrécies. De plus en plus haut mais de moins en moins de valeurs. Tee-shirt cintré, pectoraux tellement gonflés que ça te fait un décolleté, crête sur la tête. Au quartier du Marais tu passerais inaperçu, pourtant tu viens de la rue. Mi-gay, mi-« kaïra », à force de te chercher tu t’es perdu. C’est devenu mardi gras depuis quelques années dans nos rues, ça met des jeans slim normal, « kaïra » efféminée. T’as perdu ta fierté, tu enfiles des jeans serrés pour entrer en boîte. Tu as berné le videur mais c’est de ton estime que tu t’es vidé. Le rap a laissé place à la house sans complexe, tu te déhanches sur la piste de danse. T’as troqué le shit pour la coke, ça fait plus « fashion ».
Le temps est révolu des soldats qui étaient fiers de leur cage d’escalier. Y a plus de gardien de mon frère depuis que les frères sont devenus des sœurs. Les imitations « fashion » touchent le RSA et font les soldes à Clignancourt. Et la nuit comme tous les chats sont gris ils se transforment en « Zaza » de la night. Ça jumpe dans la foule au milieu de la jeunesse branchée parisienne. À une différence près c’est que toi à 5 heures du mat’, tu vas retrouver ta cité ghetto, isolée, délaissée en zone périphérique. Si toi t’as changé, ton adresse est restée la même. Tu peux mentir aux gens mais pas à toi-même. Ton prénom, c’est Radouane mais dans ta matrix tu te fais appeler Antoine. Incompréhensible, avant les pires d’entre nous, retournaient leur veste, maintenant, ça brade ses valeurs et se travestit sans pudeur. Ça oublie d’où ça vient et de quoi ça a été nourri. Pour ne plus souffrir, certains ont préféré plier, se métamorphoser, pour ne plus être assimilés. Ça a mis de l’encens à son accent à en devenir des escroqueries sur pattes. Ils ont oublié qu’en France, les immigrés ne descendaient pas du singe mais des charters.
Si toi tu oublies d’où tu viens, eux ne l’oublieront jamais.
[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]
Bien dit; serait-ce possible d’avoir son adresse ou son contact?