[18 septembre 2012]
Ghetto république
Ghetto, cité, quartier, banlieue, voilà des mots qui nous collent à la peau, comme une greffe indésirable. « Ghetto république », deux mots incompatibles à mon goût, une république dans laquelle existe un ghetto, n’a pas le droit d’exister, si la république applique ses valeurs avec toute sa splendeur, un ghetto n’y naîtrait pas, tu peux devenir français en 90 minutes, rappelle-toi de la Coupe du monde 98.
Crise identitaire, carte de séjour, ce n’est plus le cul entre deux chaises, mais c’est carrément la chaise dans le cul, tu as la carte nationale, un simple leurre, un trompe-l’œil, car tu es vu comme un indigène dans cette république, ton ghetto, tu le portes sur ton dos comme un fardeau, elle te colle à la peau, injustice de la justice, délit de faciès, ton adresse devient nocive, explosive, un handicap, un membre de trop que tu souhaiterais que l’on t’ampute, oublie pas de falsifier ton domicile dans ton CV anonyme.
Pour une fois, la raison du plus faible est la meilleure, terre promise, chose promise chose due, mais ils nous ont menti, je viens réclamer notre dû, on m’a emprisonné pour avoir contesté orchestré des vols à main armée, une peine à deux chiffres j’ai écopé, j’étais prévenu qu’ils condamnaient plus sévèrement les hommes issus du macadam, damnés de la république, le savoir est une arme, nous pensant illettrés, ils risquent d’être surpris de notre pertinence.
Bon débarras, mon passé, je m’en débarrasse à chaque texte posé, chaque syllabe m’éloigne du fusil-mitrailleur et me réconcilie avec mes valeurs.
J’ai du mal à faire confiance, Superman était habillé en bleu comme ces gardiens de la paix.
Faire respecter l’ordre avec un P38 à la ceinture, compose le 17, mon ghetto subit une bavure républicaine, crime légalisé, nos cités sont des centres de rétention pour longues peines, je ne te tends pas l’autre joue, car j’ai la bouche pleine de cailloux pour lapider Marianne, elle qui m’a tant déçu.
Je n’ai pas choisi d’être là, mais j’assume le choix de mes parents, ils ont battu des millions de spermatozoïdes pour arriver jusqu’ici.
Un ghetto au sein de la république donnera toujours naissance à une frustration du peuple en marge.
[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]