[13 septembre 2012]
Je te parle que de ce que je connais !
Ne compte pas sur moi pour te parler d’autre chose que ce que je suis, ce que je vis, ce putain d’univers carcéral du ghetto, des braquages de la violence, une plume trempée dans le passé d’un banlieusard enragé par sa condition sociale.
J’aurais aimé être Victor Hugo, Corneille ou Descartes vous écrire sur autre chose que la rage d’un peuple ce serait mentir, falsifier, tricher mon inspiration est née d’un combat dans la souffrance comme une femme qui accouche avec une césarienne.
Dans la douleur peut naître le tournant d’une vie après avoir touché le fond on ne peut que remonter je m’étais perdu en chemin dès le départ j’avais pris une mauvaise carte. Ma boussole m’a indiqué la route, un raccourci pour la prison un mode d’emploi pour le grand banditisme. Les valeurs d’une famille pieuse j’ai troqué contre la cagoule et les gants. J’ai retrouvé ma route éclairé par la nuit noire d’un mitard, remise en question existentielle à qui profite le crime ? Pas aux miens ça c’était certain.
Coucher sur la feuille blanche trente ans d’une vie de survie, encore emmuré vivant à l’heure où j’écris ce texte, je m’évade à chaque phrase mon avenir ne dépend plus que de moi. La prison n’était qu’une escale, un chemin boueux.
Mes valeurs ont refait surface j’ai jeté ma boussole et la carte que le ghetto m’avait offerte dès mon adolescence. J’ai pas changé juste repris la route que j’aurais dû prendre dès le départ.
J’assume ma vie comme le jour où je mettrai ma femme en cloque.
[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]