SYRIE – LA RÉBELLION FRAPPE UN GRAND COUP À DARAA / UNE SITUATION QUI CHANGE SUR TOUT LE PAYS – INFORMATION et ANALYSE CHRONIQUE – Ce 28 juin, les derniers loyalistes ont fui le sud de Daraa al-Balad après la chute de leur complexe, dont la majeure partie était allée à la rébellion dès hier 27 juin. Les loyalistes se servaient de cette zone pour pilonner et frapper tout le sud de la capitale du gouvernorat. La coalition rebelle ASL-FILS-FIS et al-Nusra (dont on voit un homme ici) aura finalement pris le plus terrible des bastions loyalistes au sud de Daraa. Plus important, il s’agissait de la dernière position loyaliste défendant le poste-frontière avec Daraa. Si celui-ci est pris, la porte sera grande ouverte entre la Jordanie et la Syrie, à l’instar de la Turquie au nord.
ANALYSE – L’important, c’est que c’est un changement général qui s’opère en Syrie. Jusqu’à il y a trois mois, la rébellion combattait pour prendre des villages, des campagnes et des banlieues. Et le régime défendait des villes stratégiques. C’est tout l’inverse désormais : le régime, avec l’apport de massifs renforts étrangers confessionnels s’acharne à reprendre des villages et campagnes (principalement à Homs [campagnes occidentales] et Damas [Ghouta orientale] tandis que la rébellion veut avancer dans Damas, clôturer sa prise d’Alep, prendre Daraa et Idlib. C’est un tout autre changement de scénario qui a lieu. Beaucoup ont cru que la rébellion était affaiblie (au point que certains pensaient qu’Alep être prise en deux jours : le régime y est même désormais lui même assiégé et en recul malgré l’arrivée d’éléments de la 4e division et de mercenaires iraniens, irakiens et libanais) car elle perdait des villages. C’était sans savoir que la rébellion a compris que trois villages, ça ne sert, autant être franc, à rien… Ça coute en hommes et munitions, en carburant et en temps : tout ce dont une armée a besoin ! Alors qu’une grande ville, une fois prise, le régime ne peut plus la reprendre sauf à grands renforts de matériels et d’hommes, ce que le clan Assad ne peut se permettre : il a abandonné l’idée de reprendre Raqqa (annulation de la grande offensive annoncée en mai 2013) et Deir ez zur finira par aller au Jabhat al-Nusra / État Islamique d’Irak au final. Enfin, à Alep, le régime s’est pris une énorme claque de réalisme, sa Tempête du Nord étant déjà un lointain souvenir…
Pour la rébellion, l’impératif est désormais clairement de prendre des villes majeures et des capitales de gouvernorat. Elle contrôle la majeure partie d’Alep, presque totalement Deir ez zur, l’ensemble de Raqqa (même si reste le point terrible de la base 17), la moitié de Daraa, une partie du cœur et du nord de Homs, et contrôle plusieurs quartiers de Damas (avec des reculs à Jobar). Elle veut désormais prendre Idlib (ce qui n’a rien d’exceptionnel, les loyalistes y étant très affaiblis et ayant perdu toutes leurs défenses pour la ville sauf à Mastoumah) et Daraa. En prenant contrôle de ces deux capitales de gouvernorat, son poids sera encore plus lourd en Syrie, loin des villages et de la ville de Qusayr repris par les troupes étrangères du régime.
La bataille pour les capitales de gouvernorats a débuté…
Chronique du printemps arabe sur Facebook par Cédric Labrousse, 28 juin 2013