Nous, féministes, sommes antifascistes : nous luttons contre les discours et les actes de haine, qui stigmatisent, excluent, frappent, parfois jusqu’à la mort, toutes les personnes considérées comme « dérangeantes ». Le 5 juin dernier, le fascisme a tué. Il a tué Clément, militant syndicaliste, antifasciste, antiraciste, anticapitaliste, antispéciste, féministe et engagé dans les luttes contre l’hétérosexisme et les LGBTphobies.
Non, le meurtre de Clément n’est pas un acte isolé ; pas plus qu’il n’est déconnecté des combats que nous menons au sein de Garçes. Au cours des derniers mois, le « débat » autour de la loi dite du « mariage pour tou.te.s » ainsi que la complaisance politique et médiatique vis-à-vis de ce “débat” ont fait le lit d’une parole homophobe décomplexée et le jeu des droites extrêmes. À la faveur de ce climat, les discours et les actes de violences LGBTphobes, mais aussi les agressions racistes et islamophobes, se sont multipliées en France.
Quelques exemples récents d’agressions fascistes LGBTphobes et islamophobes :
• Le 20 mai, à Argenteuil, deux hommes identifiés comme des skinheads d’extrême droite ont agressé une femme qui portait le foulard islamique.
• Le 13 juin, dans la même ville, une femme a été victime d’une agression similaire. Ses agresseurs l’ont roué de coups et lui ont découpé une mèche de cheveux et sa tenue.
• Le 4 juin, à Lille, un couple de lesbiennes a été violemment agressé suite à un rassemblement de « veilleurs » anti-mariage pour tou.te.s.
Le projet des fascistes ne se résume pas à « se bagarrer » contre des « gauchistes », tel que le véhiculent des médias qui renvoient dos à dos extrême droite et gauche radicale. Contre cette voix médiatique dominante, nous affirmons haut et fort que pour nous féministes, ces “extrêmes” n’ont pas le même sens. Les fascistes s’inscrivent dans une logique intrinsèquement raciste, islamophobe, antisémite, hétérosexiste, LGBTphobe. Leur violence exprime une volonté profonde de détruire celles et ceux qu’ils/elles désignent comme ennemi.e.s : celles et ceux pas assez blanc.he.s, pas assez hétéros, pas assez féminines ou masculines, ainsi que celles et ceux qui les combattent.
L’antifascisme ne combat pas des individus : il combat des idées. D’une part, les antifascistes proposent une analyse politique des discours et des violences fascistes ; d’autre part, ils et elles luttent pour que chacun-e puisse avoir une place dans la société et l’espace public.
Pour nous, la dissolution des groupes d’extrême droite est loin d’être suffisante et n’est pas une solution en soi. Nous savons que la disparition officielle d’un mouvement ne suffit pas à l’éradiquer ni à faire disparaître les autres, et les réduire à la clandestinité ne fait que les cacher et ne détruit pas leur haine. Par ailleurs, la dissolution ne remet pas en cause la légitimité du FN et des autres formations d’extrême-droite avec lesquels les fascistes sont idéologiquement et personnellement liés.
Pour nous, c’est aux racines de l’extrême droite qu’il s’agit de s’attaquer. L’urgence est à la résistance contre tous les discours et les actes stigmatisants, discriminants et violents qui se sont banalisés et ont désormais libre cours sur l’ensemble de l’échiquier politique. Cela passe notamment par :
• la lutte contre la chasse aux sans-papièr.e.s (rappelons-nous du 6 juin dernier où, alors que nous étions regroupés à Saint-Lazare et à Saint-Michel en la mémoire de Clément, le gouvernement a arrêté des dizaines de sans-papièr.e.s à Barbès).
• l’amnistie sociale pour les militant.e.s antifascistes,
• la pleine égalité des droits pour les personnes LGBT (droit à la PMA pour les couples de lesbiennes, droit au changement d’état civil pour les trans libre et sans parcours pathologisant),
• le refus des politiques libérales qui ne font qu’aggraver la crise, constituant un terreau fertile pour l’extrême droite et entretenant les rouages d’un système excluant et précarisant.
Aux discours et actes de haine, nous répondons par notre combat solidaire.
Ils tabassent les lesbiennes, les gays, les bi.e.s, les trans, nous réagissons !
Ils agressent des femmes voilées, nous ripostons !
Ils tuent un camarade, nous nous organisons !
Face au réveil des fascistes et à la montée des droites extrêmes, l’heure est plus que jamais à la convergence de nos luttes et à l’organisation collective.
Dans la rue le 23 juin 2013,
RDV GARçES à 14H30 au métro Chaussée d’Antin
pour marcher dans le cortège féministe
No pasarán !
Entre les lignes entre les mots, 21 juin 2013
Attention : féministes anti-fascistes et solidaires … sauf avec les putains.
Collectif anti-putains, FUCK OFF !