Les fascistes ont tué Clément, mais pas ses idées !
Il n’y a pas de mot pour dire notre horreur, notre tristesse et notre rage face à l’ignoble meurtre politique de Clément Méric, par les nervis fascistes des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires.
Un coup de tonnerre, dans un orage qui gronde depuis bien trop longtemps… Cinq ans de Sarkozysme, où au plus haut sommet de l’État, la haine de l’étranger a été attisée comme jamais, où la volonté de briser les derniers acquis sociaux a été systématique, où le culte du tout sécuritaire a battu des records. Tout cela avec une gauche républicaine dans une opposition bien timorée, quand elle ne défendait pas également ce fonds de commerce hideux de l’identité nationale ou de l’islamophobie avec la question du voile. Aujourd’hui, au pouvoir, elle perpétue le sale boulot de casse sociale et continue de montrer du doigt les ennemis intérieurs que seraient les sans papiers ou les Rroms…
Comment s’étonner alors du succès des manifestations réactionnaires contre le mariage pour toutes et tous, qui ont légitimé les pratiques et l’idéologie des groupuscules fascistes, sous l’œil bienveillant de l’État socialiste ! L’assassinat politique de Clément, en plein Paris et à une heure d’affluence, n’est, hélas, que la conséquence logique de tout cet engrenage malsain. Aujourd’hui et plus que jamais, chaque jour, la lutte antifasciste et antiraciste doit être menée, systématiquement, sans relâche. Nous laisserons bien volontiers leurs illusions, à celles et ceux qui croient encore à l’action de l’État et à ses institutions, pour faire barrage au fascisme rampant. Nous ne pouvons nous contenter d’une simple condamnation des groupes d’extrême droite, sans dénoncer les fondements politiques et économiques qui entretiennent et légitiment le fascisme.
Ainsi, notre riposte doit se décliner de plusieurs façons :
• Dénoncer et contrer les renoncements des socialistes au pouvoir sur la question sociale ou sur le racisme. Car cela entraîne, à chaque fois, un peu plus de désespérance, de passivité dans le camp social et ce qui fait par conséquence, un peu plus le lit de l’extrême droite qui marque alors des points.
• Développer partout où cela est possible des fronts sociaux, rassembleurs et pluralistes, anticapitalistes, antiracistes, antisexistes afin d’enclencher la dynamique d’un mouvement social fort, autonome sur son organisation, ses revendications, et loin des enjeux électoralistes des politiciens de quelque bord qu’ils soient.
• Faire l’unité des organisations libertaires, voire au-delà avec les sympathisantEs, afin que sur nos quartiers, nos lieux de travail, s’effectue un réel travail antifasciste permanent, anticapitaliste et anti étatique afin d’enrayer la montée de la bête immonde. Nous devons opposer à celle-ci des valeurs fondamentalement contraires : solidarité de classe, égalité des droits, égalité sociale.
FASCISTES, HORS DE NOS VIES !
Collectif Alternative libertaire Lyon
Rebellyon, 13 juin 2013
Récapitulatif des violences de l’extrême droite à Lyon depuis 2010
Depuis 2010, à Lyon, nous recensons plus d’une quarantaine d’agressions racistes et/ou de militantEs politiques et syndicaux, dont certaines sont extrêmement graves, et environ 500 jours d’ITT et de séquelles à vie. Qui plus est, ce nombre doit être majoré puisque bon nombre d’agressions n’ont sans doute pas fait l’objet de plaintes donc d’enquêtes.
24 mai 2013 : Soirée « Printemps français » à la Traboule des Identitaires.
17 mai 2013 : Deux couples qui rentraient à vélo se sont fait aborder par plusieurs jeunes, insultes racistes puis pluie de coups sur les 4 personnes. 15 jours d’ITT.
Mars 2013 :
• La vitrine d’un bar du 3e arrondissement de Lyon a été détruite et un consommateur agressé.
• Agression d’une personne sur les pentes de la Croix Rousse.
• Agression d’un groupe de personnes à Saint-Jean dont 3 blessés graves.
Décembre 2012 : Trois jeunes marocains agressés dans le quartier Saint-Jean dont un hospitalisé.
16 décembre 2012 : Un militant habitant les pentes de la Croix Rousse se fait agresser : les premiers coups ont été portés au crâne provoquant un traumatisme crânien avec perte de connaissance. La victime a décrit les agresseurs comme portants des symboles d’extrême droite.
7 décembre 2012 : À la sortie du lycée 3 jeunes ont été blessés par des membres de l’ULN (branche lycéenne du GUD). Une plainte a été déposée.
17 novembre 2012 : Marche organisée à Lyon par l’extrême droite. En plus des intégristes religieux, des Identitaires et des Frontistes, la présence des membres du feu Bunker Korps Lyon (néo-nazi), de Nationalistes autonomes, de l’Œuvre française et des Jeunesses nationalistes ont donné lieu à des scènes inqualifiables :
‐ Menaces verbales et physiques de la part de l’élu Front national Yvan Benedetti, président de l’Œuvre française
‐ Cris de singes et saluts nazis
‐ Agression de passants dont un évacué par les pompiers
‐ Propos homophobes et lesbophobes
Septembre 2012 : Un commando d’extrême droite radical composé de membres du GUD, des Jeunesses nationalistes et de l’Œuvre française s’en est pris au local de la Fédération du Rhône du PCF : menaces de mort à l’encontre des personnes présentes, menaces de brûler le local… Plainte déposée.
8 juin 2012 : Une vingtaine de jeunes cagoulés font irruption dans un restaurant de Lyon 5e, Chez Louise : 3 victimes, le restaurateur et deux de ses collègues. Deux des agresseurs ont été retrouvés et condamnés un mois et demi après les faits.
7 janvier 2012 : Happening des Jeunesses identitaires lors d’un concert RESF.
13 août 2011 : Saccage d’un bar rue Lanterne.
Juillet 2011 : Saccage d’un bar oriental.
2 juillet 2011 : Une jeune femme violemment agressée en rentrant à son domicile par 3 hommes appartenant aux mouvances d’extrême droite.
14 mai 2011 : Saccage de deux restaurants kebab.
9 avril 2011 : Agression place du Change de plusieurs personnes par une quinzaine d’individus armés de barres de fer sortant du local la Traboule.
6 mars 2010 : Agression de 3 syndicalistes de la CNT.
Solidaires 69, 7 juin 2013
[Contre les charognards] Encaisser le choc, Rendre les coups
Encaisser le choc, Rendre les coups
“« il faut en finir ! », encore une phrase qui fut lancée jadis, aux
heures tragiques, une parole ramassée dans le lointain de l’histoire, qui
sort du cimetière des insurgés d’autrefois, pour devenir la devise des
insurgés de demain.”
L’assassinat de Clément M. par une bande de fascistes nous a tous touchés
ces derniers jours, il a provoqué des réactions un peu partout. Trop peu,
ce n’est pas quinze mille personnes qu’on aurait voulu voir dans la rue
jeudi soir mais quinze millions.
Mais disons le crûment : on ne construit rien sur des cadavres, le culte
de la charogne n’a toujours conduit qu’à édifier de nouvelles cathédrales.
Nos luttes n’ont besoin ni de saints ni de martyrs laissons cela aux
cul-bénits. Cela n’enlève rien à la douleur.
Après la mort d’un individu, il reste un tas de chairs et d’os voués à
disparaître. Pour autant il ne reste pas rien, les sentiments et les
passions suscitées par cet assassinat chez de nombreuses personnes sont
bien réels. La façon dont cette mort résonne chez tout-es cell-eux qui
subissent la pression et les agressions des groupes d’extrême-droite à une
saveur acre. Il reste à tout ceux qui l’on côtoyé leurs souvenirs de ces
instants, et ça personne ne le leur enlèvera.
La façon dont chacun alimente sa rage et sa révolte avec ses souvenirs et
ses sentiments, et celle dont il souhaite les partager ne regarde que soi.
Chaque mort est par essence sans lendemain, mais il reste tout ce qui nous
entoure. La réalité des luttes qu’on mène et des coups qu’on se mange dans
les manifestations quotidiennes de la guerre sociale. On a vu beaucoup de
gens descendre dans la rue, se rassembler sous le coup de l’émotion, et
c’est très sain. Il y avait plus de monde que d’habitude et c’est bien là
le problème, on se retrouve à dix quand il s’agit de lutter aux cotés de
sans-papiers ou de défendre un squat. On ne suscite plus que des regards
apitoyés ou amusés quand on parle d’essayer une société sans état, ou de
partager les richesses et le travail.
Clément est mort on accuse le choc, mais on luttait déjà avant et on
continuera de lutter contre toutes les formes de domination y compris le
fascisme. Il ne faut pas se voiler la face, des coups on continuera à en
manger et des morts sous les coups des fascistes ou de l’état on en verra
d’autres. Manque de peau. La cicatrice de chaque coup qu’ils nous
infligent, le souvenir de chaque compagnon dont le cadavre jonche
maintenant le bas-coté du chemin vers notre liberté ne font que renforcer
notre rage et notre détermination quand à la destruction de l’ordre social
en place et de toutes hiérarchies.
Ce qu’il y à combattre ce n’est pas seulement le fascisme et les
groupuscules d’extrême-droite au nom de la sauvegarde de la démocratie.
Mais bien le capitalisme et l’état, les politiques sécuritaires et racistes
qui sont nécessaires à la perpétuation de la domination et de
l’exploitation. Il n’est nulle répression qui puisse réparer ce qui a été
commis, aucune peine même la peine de mort n’a jamais réparé un meurtre par
une quelconque équivalence métaphysique ou alchimique.
La vengeance quand à elle, reste à l’appréciation de ceux qui ont un
affront à venger. Elle est une solution parmi tant d’autres ni bonne ni
mauvaise, à chacun de juger de sa légitimité et d’en apprécier les
conséquences.
Pendant ce temps là ceux qui nous gouvernent, l’état, vont y trouver
prétexte à renforcer leurs dispositifs de contrôle au nom de la lutte
contre les « violences extrémistes ». Ils laisseront les violences entre
groupes « extrémistes » se développer, et en profiteront pour enfermer et
réprimer tout ce qui dérape. Ils se poseront en chevaliers blancs de la
lutte antifasciste en faisant condamner lourdement les agresseurs ou en
dissolvant deux ou trois groupuscules ; eux, qui raflaient pour expulser
des sans-papiers le jour même à Barbès, rasent les camps de roms,
quadrillent villes et banlieues avec leurs flics ne font que véhiculer les
représentations qui font aujourd’hui le lit de l’extrême-droite. Si
aujourd’hui le fascismes est dans toutes les têtes, c’est aussi de leur
faute.
On verra toute une bande journalistes charognards, de politichiens en mal
d’audience et de récupérateurs divers se disputer le cadavre de Clément,
pour en tirer quelques bénéfices.
On les verra appeler à l’unité derrière la bannière d’un front
antifasciste, et appeler les gens à accepter le dialogue social pour ne pas
faire le jeu du fascisme et du populisme. La pacification sociale ne cesse
doeuvrer. Dans le capitalisme vert, tout est recyclable…
Il y a un antagonisme irréconciliable entre dominants et dominés qui
traverse la société. Et lutter contre le fascisme sans remettre en cause le
capitalisme et l’existence de l’état est aussi inutile qu’un peigne pour un
skinhead.
Quand on lutte aux cotés de sans-papiers, pour les squats, contre le
sexisme et le patriarcat, pour la défense de la terre ou contre la
marchandise. On attaque ce qui fait le c�ur du fascisme comme de la
démocratie : la domination et l’autorité.
Non seulement on ne laisse pas prise aux préjugés et à l’atomisation
sociale qui enferment beaucoup trop d’individus dans la résignation. Mais
en plus on expérimente et essaie de vivre au quotidien dans nos luttes et
dans nos cercles, des rapports sociaux horizontaux à mille lieux des de la
misère de l’aliénation. De cette manière on crée à travers notre présence,
nos liens et nos affinités, dans les lieux qu’on fait vivre, des espaces où
la haine des dominés ne se tourne plus vers leur semblables, mais vers ceux
qui les dominent ou qui contribuent à perpétuer l’ordre social.
C’est dans la solidarité, le sabotage et la lutte contre toute autorité
que nous lutterons efficacement contre le fascisme. La mort de Clément a
été l’occasion de nous retrouver dans la rue, elle nous a rappelé ce
pourquoi nous luttons. Ne laissons pas ce choc sans lendemain. Car rester
bras ballants comme un spectateur, c’est laisser aux politichiens et aux
récupérateurs le soin de régler le problème de l’extrême droite ; et dire
que le problème se limite à l’extrême droite c’est accepter le système qui
crée les conditions objectives favorisant ces assassinats.
Il faut redouter plus le silence des pantoufles que le bruit des bottes.
Devenons incontrôlables, nous ferons la révolution dans un charivari de
claquettes.
Pour l’anarchie…