La manif devant la MAF de Seysses est annulée suite au transfert de la camarade basque à Fresnes.
Feu à toutes les prisons
CAJ, 6 juin 2013 – 18h59
Plusieurs prisonnières du quartier femmes de la maison d’arrêt de Seysses (à proximité de Toulouse) ont adressé des courriers aux émissions de radio anticarcérales de Toulouse [Les collectifs L’Envolée, Bruits de tôle et YO-YO, animent une émission de messages en direct les 1er et 3e jeudis du mois de 19h à 20h. Et une émission sur la prison tous les jeudis de 19h à 20h sur Radio Canal sud (92,2 FM) et sur internet canalsud.net (prisons couvertes MA de Seysses, CD de Muret, MA de Montauban) Vous pouvez passer des messages au 0561533695. Vous pouvez écrire à ces collectifs à l’adresse de la radio : 40 rue Alfred-Duméril, 31400 Toulouse.] pour dénoncer le « climat exécrable » qui y règne, les brimades des matons et le silence de la direction. Certaines d’entre elles ont été jusqu’à la tentative de suicide pour se faire entendre de la direction, certaines sont en grève de la faim au mitard, en vain.
Une manifestation est donc prévue ce samedi 8 juin à 11h30 devant cette prison. Venez manifester votre solidarité !
Vous pouvez aussi écrire à la direction de la prison :
Maison d’arrêt de Seysses, à l’attention de la directrice, rue Danièle Casanova – BP 85 – 31603 Muret Cedex. Tél. 05 61 56 68 68
… ainsi qu’au directeur interrégional des services pénitentiaires :
Direction interrégionale des services pénitentiaires, à l’attention du directeur M. Georges Vin, Cité administrative Bât G – 2, boulevard Armand-Duportal – BP 81501, 31015 Toulouse Cedex 6. Tél. 05 62 30 58 09
… pour appuyer ces prisonnières et bien signifier à l’administration pénitentiaire qu’elle ne peut pas agir en toute impunité. L’AP et ses agents doivent se savoir regardés. N’hésitez pas à écrire et/où à témoigner votre solidarité de quelque manière que ce soit.
Voici les deux lettres écrites par des prisonnières :
« Seysses, le 10 mai 2013,
Incarcérée à la prison de Seysses, quartier femmes, je souhaiterais alerter l’opinion publique sur les conditions de détention qui nous sont infligées. Des exemples concrets de propos diffamatoires, méprisants, condescendants tenus par les surveillantes sont légion. Nous avons alors tenté de prévenir la direction mais il semble que nos courriers n’arrivent jamais dans le bureau, nos lettres étant interceptées par les surveillantes. À bout de nerfs, épuisées par ces conditions de détention rythmées par la répression, les brimades et les pressions, nous avons entrepris aujourd’hui unE action afin de tenter de faire bouger les choses.
En effet, depuis 10 jours, il y a eu 5 tentatives de suicide au quartier femmes et aujourd’hui, alors que nous avons voulu avoir un entretien avec la directrice, celui-ci nous a été refusé. Après maintes menaces de la part du personnel pénitentiaire, trois d’entre nous, poussées dans leur dernier retranchement ont avalé des cachets, moi-même je me suis auto-mutilée. Ces gestes de désespoir ne traduisent que le climat exécrable qui règne ici. Par ce courrier, nous souhaiterions dénoncer le harcèlement et les pressions psychologiques que nous subissons de façon répétée. Pourriez-vous S.V.P. lire notre courrier à l’antenne d’une part et alerter les médias pour nous. Nous craignons que l’une d’entre nous ne se fasse plus de mal que de raison. Nous vous en remercions.
Détenues de Seysses, Quartier femmes »
« MAF de Seysses, le jeudi 30 mai 2013,
Madame, Monsieur de la radio
Je viens à vous pour dénoncer les maltraitances que l’on subit à la MAF de Seysses, que ce soit en tant que spectatrice qu’en tant que persécutée.
Tout d’abord, il y a 4-5 jours, une détenue basque espagnole que les surveillantes provoquent très souvent verbalement ! Donc notre collègue détenue Iti a demandé gentiment aux surveillantes de ne pas la tutoyer, que le respect doit être dans les deux sens, enfin voila le ton est monté et Iti a été passée à tabac, coups de pieds dans le ventre, etc. De là il l’ont jetée comme un chien au mitard (cellule disciplinaire). Il y fait très froid dans cette cellule, elle a réclamé une couverture et ils ne lui ont pas donné. Aussi, le lendemain Iti a été vue par le médecin à qui elle a fait part qu’elle était indisposée et qu’elle n’a rien, ni serviette ni papier toilette. Le médecin lui a donné de l’essuie-tout, ne serait-ce que pour l’hygiène, et en la remontant au mitard les surveillantes lui ont confisqué l’essuie tout. Iti a fait part de son mécontentement et, hélas, les surveillantes l’ont repassée à tabac. Résultat ils lui ont mis 25 jours de mitard dans des conditions inhumaines, sans hygiène, elle a froid, et pour faire valoir ses droits la pauvre Iti fait la grève de la faim avec une amie qui elle aussi fait une grève de la faim.
Et pour les détenues qui ont tout entendu ou qui ne sont tout simplement pas d’accord avec leur façon tortionnaire, les détenues qui font un refus de plateau (de prendre le manger aux heures de repas), les surveillantes nous font comprendre qu’on a pas intérêt, elle nous dissuadent en nous faisant comprendre qu’il vaut mieux pas s’en mêler.
Madame, monsieur de la radio il faut faire quelque chose et vous aussi chers auditeurs, auditrices, aidez-nous à ce que les choses changent. Les surveillantes se comportent pire que les détenues, elles nous mettent la pression, l’humiliation, elles jouent avec nous.
Par exemple, hier, une maman était venue voir sa fille, et parce que cette vieille dame sonnait au portique à cause de son soutien-gorge — cette dame a même proposé d’enlever son soutien-gorge — malgré ça ils lui ont fait faire demi-tour et rentrer chez elle. Cette dame n’a pas de voiture, elle prend le bus, et la prison est à plus d’1h30 de la ville.
Il y a aussi une jeune yougoslave qui a fait une fausse couche et qui n’a pas eu les soins adéquats, il y a aussi une détenue qui a été fouillée abusivement, elle l’a ressenti comme un viol et cela trois fois dans une pièce différente en interrompant son parloir. Je peux citer beaucoup d’autres abus. Nous sommes des détenues, pas animaux !
Il faut sincèrement que l’on nous aide. Nous, on ne peut rien faire du fond de notre cellule. Voilà pourquoi je vous demande de nous aider pour que nos conditions de détentions soient justes. Merci de m’avoir écouté, j’espère que ma lettre va pouvoir nous aider grâce à vous. Merci. »
Transmis par le collectif Papillon, 6 juin 2013