JOURNÉE DE MOBILISATION INTERNATIONALE CONTRE FRONTEX ET SON MONDE
Le week end du 10 et 11 mai, se tenait dans un des principal cinéma de Varsovie un festival appelé Bordereview organisé par FRONTEX en partenariat avec les Gardes Frontières de Pologne. Au cours de ce festival l’agence projettait plusieurs films, sur les souffrances que les migrant-es endurent au cours de leurs voyages vers l’Europe, puis se terminait par un débat.
Bodereview ou la nouvelle politique de FRONTEX…
Pour rappel, FRONTEX c’est cette fameuse agence créé en 2004 (dont le siège est situé dans la capitale polonaise), pour protéger les frontières extérieures de l’Europe. Elle gère également d’autres aspects de la répression à l’égard des migrants, tel que leur refoulement vers les pays tiers, soit des contrôles au sein même de l’espace Schengen et organise les retours en charters. Son fonctionnement était jusque là très controversé, pour son aspect militaire et ses nombreuses victimes. (pour plus d’info)
Pour calmer les dénonciations et se refaire une image FRONTEX, a revu ses priorités budgétaires et dépense son argent (dont la plupart est gracieusement offert par l’UE) dans le domaine des Relations Publiques. Pour se faire, elle organise des événements tels que Bodereview « gratuit et ouvert à tous ». À l’affiche de ce festival des films comme Welcome de Philippe Lioret, racontant l’histoire d’un Calaisien qui décide d’aider un sans-papier kurde à rejoindre l’Angleterre. La plupart des films projetés au cours de ces deux jours, n’avaient pas du tout pour vocation d’appuyer la politique de répression de FRONTEX et de l’Europe concernant les migrations, au contraire. Les réalisateurs n’ont pas été concertés quant à l’usage de ces films dans le cadre du festival, comme peut le démontrer une lettre écrite par le réalisateur italien Andres Segre à propos de la diffusion de Io Sono Li.
Lutter contre le commerce illégal d’être humains par la technologie et la mort…
Et si malgré tout, FRONTEX a choisi de diffuser ces films à son solde, c’est que le discours qui accompagne ce procédé est des plus hypocrite. L’agence prétend venir en aide aux migrant-es en luttant activement ‘contre le mauvais trafic d’êtres humains’. Lutter contre le trafic humain, c’est empêcher de laisser passer les personnes à tout prix, alors que l’on compte 18’000 morts aux frontières de l’Europe en 20 ans, FRONTEX ne lésigne pas sur les moyens pour faire appliquer sa politique.
L’agence est effectivement réputée pour le développement de nouvelles technologies de surveillance, partie principale de son budget. L’exploitation de ces pratiques de ‘robotiques et systèmes de contrôles à distance’ rentre dans un principe de laboratoire de marchants d’armes pour tester des nouvelles techniques tel que les caméras de vidéosurveillance thermiques, détecteurs de chaleurs et de mouvement, systèmes de drones. Le projet TALOS est le plus connu, et est développé avec l’Université Polytechnique de Varsovie.
En pretextant diminuer ainsi les trafics (sous entendu le business des passeurs et autres organisations ‘criminelles’), elle ne fait que les accentuer en obligeant les personnes à prendre des routes plus dangereuses, qui a pour conséquence soit de les tuer, soit de les remettre aux mains de groupe de passeurs, ces hommes d’affaires de ce business nécrophile, qui n’hésitent pas à augmenter les tarifs en vue de ces nouvelles difficultés.
La violente politique militariste de FRONTEX n’est pas soutenue par tout le monde, même chez ses alliés. Lors d’une opération sur la frontière de la Turquie, l’agence a ordonné aux gardes frontières allemands présents sur le site, de tirer sur des migrant-es fuyant à travers un champs de mines. Les gardes frontières ont refusé d’obéir et ont rédigé une lettre expliquant les faits.
Des relations publiques pour des journées pathétiques…
Au début du festival, une vingtaine de personnes allongées dans des sacs poubelles sur le trottoir acceuillaient les participants. À côté de chacun d’entre eux, une histoire d’un-e migrant-e tué-e par Frontex. Des flyers ont été distribués pour expliquer aux très nombreux-ses passant-es la raison de cet événement. Le nombre de personnes ayant rejoint la salle de cinéma était très faible, pour ne pas dire quasi-nul. Prévenue par les organisateurs de l’évévenement et ses partenaires, la police ne tarda pas à arriver sur les lieux. Pourvus d’un grand humour, les officiers de police demandaient à chaque personne si elle était vraiment morte (leur sens de l’observation développé leur affirmant le contraire), pour procéder à un contrôle d’identité afin d’être sûrs qu’ils ne se retrouvaient pas confrontés à de vrais sans papiers. Ils ont fini par encercler le groupe, empêchant les gens d’en sortir durant dix minutes, pour finalement partir. La journée du 11, n’était pas autant animée, le débat portait sur des questions vraiment essentielles comme sur la nécessité de dire Monsieur et Madame à la frontière, avec la participation exclusive d’un migrant… venu d’Allemagne.
Journée des Gardes Frontières ou chasse aux migrant-es dans Varsovie…
Le prochain événement de l’agence, est le 23 mai, pour la Journée Européenne de Gardes Frontières qui se déroulera à Varsovie. Cette rencontre a lieu chaque année, et propose un programme sordide de concours photos, de films encore certainement projettés sans autorisation, d’expositions des nouvelles technologies et de débats. Les participant-es de ces journées viennent de plusieurs horizons, des professeurs de l’Université d’Oxford aux ministres de l’immigration de différents pays, en passant par des inspecteurs de police, ou des étudiants du collège de l’Europe, cette fameuse institution vouée à former les futurs intellectuels défenseurs de l’UE.
Durant cette même journée, en 2010, la police de la capitale polonaise a décidé d’illustrer le European Day for Borders Guards en prenant pour cible des migrants vendant des contre-façon de vêtements et lutter ainsi contre le marché noir dans Varsovie. S’en est suivi une confrontration entre les migrants et la police. Lors de cette opération, la police arrêta 32 migrants et lors des interpellations elle tira mortellement sur Maxwell Itoya, un père de famille de trois enfants vivant en Pologne depuis plus de 8 ans. Il est évident qu’aucun officier n’a été condamné pour ce meurtre s’agissant simplement ‘d’une erreur’.
Frontex met en place une véritable stratégie militaire pour mener une guerre contre des individus, aidé par les forces de police des différents pays d’Europe et assassinent sans honte pour protéger l’UE.
APPEL À L’ACTION DÉCENTRALISÉE CONTRE FRONTEX, LES FRONTIÈRES ET LEUR MONDE LE 23 MAI ET AU QUOTIDIEN
EN LA MÉMOIRE DE MAXWELL ITOYA ET DES NOMBREUSES VICTIMES DE CES POLITIQUES DE PROTECTIONNISME CAPITALISTE
FEU AUX CENTRES DE RÉTENTION, FEU AUX POSTES FRONTIÈRES, FEU AUX ENTREPRISES CAPITALISTES NÉCROPHILES