[18 juin 2012]
Dans la peau d’un maton
En moyenne tu as 30 piges après avoir loupé ton entrée chez la police pourtant dévoué pour la patrie chômeur de longue durée tu postules pour la trentième fois à un concours bingo tu es pris enfin à ta plus grande surprise trois semaines de stage et te voilà surveillant trois semaines pour confirmer ton intégration à la pénitentiaire on t’a appris comment régler les problèmes que la société n’a pu régler, trousseau de clés à la ceinture te voilà plongé dans l’univers carcéral, tu ne peux plus reculer, tu voulais servir la société te voilà servi, chaque cellule que tu ouvres te confronte à un drame un écorché vif une personne pas un numéro d’écrou pourtant on t’avait dit de laisser tes convictions de côté pour exercer un boulot formaté comme un robot sans âme.
Brisé ta femme ne peut comprendre ton désarroi donc le fossé se creuse certains de tes collègues prennent plaisir à humilier déshumaniser parlent des détenus comme du bétail des microbes le cul entre deux chaises entre ta morale et ton boulot.
7 heures du matin à l’ouverture d’une cellule tu trouves un détenu pendu à sa fenêtre un choc tu réalises que tout ce qu’on t’avait appris était faux que les numéros d’écrou sont des êtres humains bel et bien vivants à partir de ce jour tu te fais la promesse de faire ton taf avec considération envers ceux que tu gardes.
Deuxième cas de figure plus contestable :
La cinquantaine, vie de famille pitoyable inexistante femme et enfants t’ont quitté trouve refuge dans l’alcool le FN tu es adhérent le travail de surveillant pénitentiaire est le boulot idéal pour exercer et déverser ta haine sur les autres cinquième tentative de suicide tu excelles dans les fouilles qui te procurent jubilation souiller détruire le bien de ceux qui ont déjà plus rien, mais pour toi c’est déjà trop, tu organises des passages à tabac impunité totale couvert par tes supérieurs qui ne veulent pas que tout ça s’ébruite je compte plus les décès causés direct ou indirectement par des agents.
Troisième cas :
Parents étrangers mais tu es né ici donc Français chômeur chômeuse depuis toujours discrimination à l’embauche tu es victime, tu vois une annonce à la TV pour devenir surveillant pénitentiaire tu postules pour devenir fonctionnaire du système qui te discriminait jadis, mais tu crois dur comme fer que en les intégrant tu vas faire évoluer changer les mentalités qui existent depuis toujours.
Tu portes l’uniforme comme on porte un treillis.
Tes premiers pas de maton sont mal vus mal vécus par tes proches et ta famille, tu es vu comme un traître un vendu tu es accusé de pactiser avec le diable, tu te fais insulter par les détenus de porte-clés, ton intention en entrant dans la pénitentiaire était bonne mais tu as sous-estimé l’ampleur des dégâts.
Incompris sous tension tu rends les coups que l’on te donne.
Une fois de plus tes origines te ramènent à ce que tu es vraiment un fils d’immigrés quel que soit ton déguisement LOL.
Impro : Mardi gras n’a lieu que une fois par an, fonctionnaire quelle que soit ta fonction parle-nous sur un autre ton y a pas de sous-métier OK OK donc pas de sous-homme menotté ou pas respecte-moi.
Texte volontairement à charge caricature de ma réalité… Vis nos vies et tu changeras vite d’avis.
[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]