Turquie : 1er mai marqué par des heurts à Istanbul, 30 blessés et 72 arrestations
Près de 30 personnes, dont une majorité de policiers, ont été blessées et 72 autres arrêtées par la police mercredi dans les incidents et violents heurts qui ont marqué la célébration du 1er mai à Istanbul, a annoncé le gouverneur.
Istanbul était déclarée « ville fermée » et tout rassemblement était interdit à cause de travaux en cours sur l’emblématique place Taksim.
« 22 agents de police ont été blessés dans les incidents », a indiqué le gouverneur, Avni Mutlu, devant les journalistes au terme des heurts, précisant que l’un d’eux avait été opéré pour un traumatisme crânien. La blessure a été provoquée par des billes d’acier projetées par des lance-pierres, a-t-il souligné.
Trois civils, des manifestants, ont en outre été blessés, a-t-il ajouté, attribuant la responsabilité des incidents à des « groupes marginaux ».
Des journalistes de l’AFP sur place ont fait état auparavant d’une dizaine de blessés parmi les manifestants, dont la plupart ont subi des malaises cardiaques en raison du gaz lacrymogène utilisé en abondance par la police anti-émeutes.
Dès le petit matin, par petits groupes de quelques centaines, plusieurs milliers de manifestants ont tenté d’accéder à l’esplanade Taksim par les rues adjacentes, mais se sont heurtés à une force colossale de 22.000 policiers mobilisés pour leur barrer la route.
Un photographe de l’AFP a été pris à partie et blessé par des manifestants anarchistes cagoulés qui ont brisé son matériel.
Les heurts ont cessé avec la dispersion de l’emsemble des manifestants de gauche.
Les unités anti-émeutes de la police ont été très strictes pour empêcher les regroupements dans le quartier de Besiktas, à 2 kilomètres de Taksim, sur la rive européenne de la ville.
Quelques centaines de manifestants réunis à l’appel de partis de gauche et de syndicats ont riposté par des jets de pierres.
« Mort au fascisme », « Longue vie au 1er mai », ont scandé les manifestants.
Des échauffourées ont continué pendant plusieurs heures dans au moins trois quartiers menant à Taksim vers lesquels les routes ont été fermées et barricadées pour empêcher les manifestants d’y accéder.
Le transport routier, ferroviaire et maritime vers Taksim a également été suspendu, empêchant de nombreux stambouliotes et les touristes de circuler.
De nombreux riverains et passants ont été incommodés par les gaz.
Un groupe d’une trentaine de féministes, agitant leurs drapeaux violets, a été repoussé par la police à coups de grenades lacrymogènes.
« Assassins, sans honneur », hurlait un vieillard à la barbe blanche, alors que la police continuait de jeter des grenades en dépit des appels à l’aide pour soigner les victimes de malaise.
En revanche, la Fête du travail a été célébrée sans incidents sur au moins deux autres places de la mégapole turque et dans d’autres villes de Turquie, ont rapporté les chaînes de télévision.
Le gouvernement turc avait décidé d’interdire le rendez-vous du 1er mai sur la célèbre place Taksim, jugeant que le chantier engagé en novembre dernier pour en détourner la circulation automobile empêchait d’assurer la sécurité des dizaines de milliers de manifestants attendus.
La centrale syndicale des ouvriers Disk (gauche) avait toutefois décidé de passer outre.
La police est aussi intervenue mercredi près du siège de ce syndicat situé aux abords de Taksim contre les manifestants, utilisant encore une fois des grenades lacrymogènes.
Des députés du principal parti d’opposition (CHP, social-démocrate) qui étaient sur les lieux ont dû s’abriter dans des immeubles avoisinants.
« C’est une répression inacceptable contre les travailleurs », a déclaré aux journalistes le vice-président de cette formation, Gürsel Tekin.
Le 1er mai 1977, des inconnus [Plutôt des paramilitaires proches du Gladio, mélangés à des militants d’extrême-droite de l’organisation fasciste Loups gris – Note du Laboratoire] avaient ouvert le feu lors du rassemblement du 1er mai, provoquant la panique parmi la foule et la mort de 34 personnes.
Le Parlement turc a rétabli le 1er mai comme jour férié en 2009 et le gouvernement a autorisé les rassemblements l’année suivante à Taksim.
Le gouvernement a toutefois autorisé pour mercredi le dépôt d’une gerbe à la mémoire des victimes de 1977
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 1er mai 2013) via Le Chat Noir Émeutier