[Samazan / Agen] « Pas de fumées dans nos récrés, pas de pétrole dans nos écoles ! »

Guerre de tranchée pour une histoire de bitume

Soixante-dix manifestants se sont retrouvés devant la préfecture hier pour protester contre la poursuite de l’activité d’une usine à enrobé située à Samazan, près de Marmande.

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L’ouverture subite des grilles de la préfecture a conduit à un moment de confusion.

« Pas de fumées dans nos récrés, pas de pétrole dans nos écoles ! Usine polluante, les pieds dans l’Avance. » Les slogans sont scandés bruyamment devant la préfecture d’Agen par un peu plus de 70 manifestants, qui brandissent leurs banderoles derrière les grilles de l’honorable bâtiment.

Hier, l’association Halte à la pollution s’est rassemblée pour protester contre la poursuite de l’activité d’une centrale à enrobé basée à Samazan, près de l’embranchement autoroutier de Marmande, sur une petite route menant à Sainte-Marthe.

En 2008, un arrêté préfectoral autorise une centrale d’enrobé à se fixer dans la ZAC de Samazan. Rapidement, les riverains s’insurgent et créent l’association Halte à la pollution (HAP). Les incidences nocives des fumées sur les riverains mais aussi les répercutions sur la faune et la flore de la petite rivière Avance les inquiètent.

Baptisée Lot-et-Garonne Enrobés (LGE, dans le giron du groupe Eurovia), la centrale est située sur une zone inondable. « Cela a déjà été le cas quatre fois depuis qu’elle existe », fait remarquer Richard Dupiol, président de la HAP. En effet, le 20 janvier dernier, la centrale se retrouvait dans l’eau, tout comme la route qui y mène.

Un recours en annulation de l’arrêté préfectoral de 2008 est déposé devant le tribunal administratif de Bordeaux en 2010. En juillet dernier, il rendait son avis, annulant ledit arrêté.

La société sollicite alors le préfet qui prend un arrêté provisoire autorisant le fonctionnement de l’usine pour cinq mois de plus. Pour Richard Dupiol, « cela a été un coup terrible. J’ai cru que nous avions perdu la bataille. »

En septembre, Eurovia fait appel de la décision du tribunal administratif. En décembre, alors que l’arrêté préfectoral provisoire ne joue plus, l’usine continue de fonctionner. « C’est toujours le cas depuis. Elle tourne peut-être au ralenti, mais elle tourne. » Le 12 avril dernier, la préfecture prend donc un nouvel arrêté pour permettre la poursuite de l’activité.

De plus, une nouvelle enquête publique doit être réalisée dans les communes concernées : Samazan, Sainte-Marthe, Fourques-sur-Garonne, Caumont-sur-Garonne et Bouglon.

Hier, les manifestants faisaient entendre leur colère dans une joyeuse ambiance, ciblant le préfet dans leurs slogans : « Il terminera enrobé de goudron et de plumes. »

Mais, alors que Richard Dupiol scandait dans son porte-voix, les grilles de la préfecture se sont ouvertes, prenant au dépourvu les quelques policiers qui observaient placidement. Les manifestants en ont alors profité pour s’engouffrer dans la cour intérieure.

Échauffé par la scène, un des policiers a menacé : « Si je trouve celui qui a ouvert les grilles, ça va barder pour lui. » Un de ses collègues lui a alors murmuré : « Ça ne peut pas être eux, cela a dû être actionné de l’intérieur ». « C’est ce qu’on va voir », a écumé le premier, brandissant son téléphone. Revenant l’air bredouille de son coup de fil, il a laissé les manifestants poursuivre leur petit tour qui s’est terminé dans les rues d’Agen.

Richard Dupiol résume cette action : « Le préfet n’aura d’autre choix que celui de se soumettre à cette enquête et à l’avis des élus. » Pour l’instant, les dates des enquêtes publiques ne sont pas connues.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Grégoire Morizet, SudOuest.fr, 28 avril 2013)

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