[P comme pourri, S comme salaud] Comment accommoder le socialo

Le PS voit rouge contre la CGT au Havre

Politique. Au Havre, la section du Parti socialiste a décidé de porter plainte contre l’union locale du syndicat, dénonçant une radicalisation des méthodes employées par certains militants.

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La permanence du PS au Havre, recouverte d’affiches de la CGT

« Oui aux débats, non aux agressions. » La section havraise du Parti socialiste a annoncé par communiqué, hier, son intention de porter plainte contre l’union locale CGT, « au vu de la gravité des faits et de la récurrence des actions de nuisance ». Si, depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes, la CGT havraise a prit en effet l’habitude d’interpeller à sa manière leurs relais locaux, les limites du tolérable ont été franchies le 11 avril dernier, selon le jeune secrétaire de la section PS havraise, Matthieu Brasse.

« Une menace de mort publique »

Ce jour-là, il accompagnait le membre du bureau national du Parti socialiste Gérard Filoche, invité par la CGT à une réunion publique en tant que contradicteur de l’ANI (l’Accord national interprofessionnel, dit de sécurisation de l’emploi). À la sortie, un militant syndical l’aurait interpellé « sur un ton haineux », écartant son pouce et son index devant ses yeux : « Tu vois ça ? C’est une balle de 9 millimètres ! C’est ce que je vais te mettre dans la tête ! »

« Une menace de mort publique, c’est un acte que l’on ne peut pas laisser passer », confie Matthieu Brasse. Mais le plus grave, à ses yeux, « c’est que certaines personnalités politiques et syndicales ne sont non seulement pas intervenues, mais ont ri en cautionnant de facto ce comportement ». Ainsi, la section havraise du Parti socialiste demande « vivement » aux responsables CGT de se désolidariser publiquement des propos ainsi rapportés par son secrétaire. « S’ils ont été réellement tenus, nous les condamnons fermement, c’est évident, et je passerai le message dans nos réunions ! », s’exclame Reynald Kubecki, l’un des deux secrétaires de l’union locale.

Mais la requête (et la plainte) du PS vaut également pour l’affichage sauvage qui a recouvert la façade de son local de section, samedi dernier, prenant toujours pour thème le refus de l’ANI et signé de la CGT. Ces murs abritent également la permanence parlementaire de Catherine Troallic, députée socialiste de la 8e circonscription ayant voté en faveur de l’ANI à l’Assemblée (cette dernière s’est associée à la plainte de son parti).

Si ce type de démonstration s’est déjà produit à plusieurs reprises par le passé, « c’était toujours dans le cadre de manifestations », note Matthieu Brasse. « Samedi dernier, c’était un acte purement gratuit. » [‘Manquerait plus que ça soit payant ! – NdJL] Mais cette fois, la CGT assume totalement. « La loi sur l’ANI n’est toujours pas votée, nous avons toujours dit que nous la contesterons par tous les moyens, confirme Reynald Kubecki. Que le PS dénonce comme une radicalisation un simple collage d’affiches, c’est lamentable. Ils n’ont pas fini… »

« Pire que Sarkozy ! »

Dans un climat social explosif, cet épisode illustre à nouveau le fossé qui se creuse entre les socialistes et une partie de leur gauche radicale. L’annulation de dernière minute des vœux de Didier Marie au Havre, en début d’année, en fut un autre exemple mémorable : le président PS du conseil général avait préféré faire marche arrière face à un cortège de manifestants rangés sous les drapeaux de la CGT, qu’il jugeait hostiles. Depuis, l’élu a menacé d’annuler la subvention départementale annuelle versée au syndicat. [‘Manquerait plus que ça soit payant ! – NdJL]

« Ce n’est pas une question de personnes, mais les militants sont exaspérés, justifie pour sa part Reynald Kubecki. Aujourd’hui, cette loi de sécurisation de l’emploi, c’est encore pire que la réforme des retraites de Sarkozy ! » Au siège du Parti communiste havrais, où les liens restent étroits avec la CGT, on ne commente pas la plainte du PS, tout en invitant à « ne pas faire dériver le débat, au moment du vote de l’ANI et du drame Petroplus ».

Leur presse (Thomas Dubois, Paris-Normandie.com, 17 avril 2013)

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